L’Union européenne pour la santé est en train de surgir des cartons
L’actuelle
crise sanitaire représente non seulement un défi, mais aussi une nouvelle occasion
d’avancer et d’évoluer, nous assure Bruxelles, par la voix de sa commissaire à
la Santé et à la sécurité alimentaire, Stella Kyriakides:
Corina Cristea, 04.12.2020, 12:55
L’actuelle
crise sanitaire représente non seulement un défi, mais aussi une nouvelle occasion
d’avancer et d’évoluer, nous assure Bruxelles, par la voix de sa commissaire à
la Santé et à la sécurité alimentaire, Stella Kyriakides:
« Cette dernière année nous a montré combien
la santé compte pour nous tous et pour chacun d’entre nous. L’on a découvert la
fragilité et la vulnérabilité de nos sociétés, l’on a découvert combien tout
peut être bouleversé par une chose invisible et insaisissable. Nous avons
appris combien la santé est un préalable pour que nos sociétés et nos économies
puissent fonctionner. Et cette année nous a aussi appris les valeurs de la
solidarité et de la coopération, combien il était important d’être unis dans la
diversité pour pouvoir surpasser la plus grande crise sanitaire des temps modernes.
Cette année nous a surtout montré ceci : que l’absence de solidarité nous
rend tous, chaque Etat membre, encore plus vulnérables. »
La
pandémiede
Covid-19 a montré combien la réponse solidaire était essentielle en temps de
crise. La Commission européenne avait ainsi proposé la création d’une Union
européenne de la santé et, surtout, d’une agence spéciale qui s’assure que l’UE
dispose de moyens suffisants pour mieux affronter dorénavant une crise
sanitaire de cette ampleur. Dans son plaidoyer pour cette Union européenne de la santé, la
présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, appréciait dans
son allocution sur l’état de l’Union, tenue à mi-septembre, que, s’agissant
d’une crise mondiale, la réponse à apporter devrait avoir la même envergure.
Qu’il faut donc faire en sorte que le nouveau programme de l’UE pour la santé
puisse résister à l’épreuve du temps. Aussi, l’UE accueillera l’année prochaine,
en Italie, un Sommet mondial de la santé, afin de pouvoir mieux s’organiser
face à une telle crise à l’avenir. A cette même occasion, Mme von der Leyen
avait encore parlé de son intention de mieux armer l’Agence européenne des
médicaments ainsi que le Centre européen de prévention et de contrôle des
maladies, voire de fonder une agence européenne de recherche dans le domaine
biomédical, à l’instar de ce que font les Etats-Unis. L’ensemble des
propositions avancées par la Commission européenne vise à consolider le cadre
de la sécurité sanitaire de l’UE, pour mieux se prémunir face l’éventualité
d’une crise, mais également pour mieux armer les agences européennes qui œuvrent
dans le domaine de la santé. La commissaire européenne à la Santé et à la
sécurité alimentaire, Stella Kyriakides :
« Cela représentera une augmentation
significative de la capacité collective de l’UE à pouvoir répondre de façon
adéquate et coordonnée à ce genre de crise. Avec cela, notre réponse sera plus
forte et, ce qui est le plus important, plus cohérente à l’avenir. Plus forte,
car nous allons pouvoir adopter, ensemble avec le Centre européen de prévention
et de contrôle des maladies, des recommandations officielles sur les réponses à
apporter. Plus cohérente aussi, parce que les mesures que nous allons prendre auront
une base scientifique. Et cet élément évitera la cacophonie, que nos concitoyens
peuvent ressentir lorsqu’ils se voient confrontés à des mesures parfois
contradictoires. Nous allons par ailleurs être en mesure de déclencher l’état
d’urgence sanitaire au niveau de l’UE, et d’activer de façon rapide les mécanismes
de réponse, visant, par exemple, à acquérir et à stocker le matériel nécessaire. »
En vertu d’un nouveau règlement censé prévenir les
menaces transfrontalières graves contre la sécurité sanitaire, des plans et des
recommandations appropriées, censés entrer en vigueur sur l’ensemble de l’Union,
seront élaborés pour faire face au mieux à une situation de crise sanitaire.
Qui plus est, en cas de pandémie, la surveillance serait renforcée grâce à un
système de suivi unique. Aussi, les Etats membres devront mieux rendre compte des
indicateurs qui mesurent la capacité de leur système médical, tels, par
exemple, la disponibilité des lits d’hôpital, les places disponibles en soins
intensifs, ou encore le nombre de personnels spécialisés. Enfin, l’UE sera
habilitée à coordonner de manière adéquate la réponse en cas d’urgence,
constituer les réserves de matériel et acquérir les produits nécessaires. La
Commission a annoncé vouloir proposer avant la fin de l’année prochaine la mise
en place d’une Autorité européenne chargée d’agir en cas de situations
d’urgence sanitaire. La commissaire européenne Stella Kyriakides, à nouveau :
« Il faut que l’on puisse mettre
rapidement en œuvre en cas d’urgence médicale les mesures les plus avancées,
qu’il s’agisse des mesures de nature médicale ou autres. Il faut que l’on
connaisse les innovations en matière biomédicale applicables en cas de crise
sanitaire, et que l’on dispose de la capacité de développer, d’acquérir et de
stocker le matériel nécessaire. C’est pour ces raisons que nous allons avancer
l’année prochaine la proposition de fonder une autorité censée pouvoir agir en
cas d’urgence sanitaire au niveau de l’UE. Cette initiative va augmenter de
manière conséquente notre capacité stratégique, notre capacité de pouvoir
anticiper les menaces éventuelles, et d’y répondre de façon coordonnée. L’acronyme
de cette autorité serait probablement, en anglais, HERA, soit Health Emergency
Response Authority, ou, en français, l’Autorité pour la réponse sanitaire
d’urgence. »
Le
Parlement européen avait pour sa part adopté à une large majorité les
propositions avancées par la Commission, offrant ainsi à cette dernière
l’assise et la légitimité nécessaires pour négocier avec le Conseil la forme
finale du programme Santé de l’UE. Le programme EU4Health devrait ainsi
recevoir une manne de 5,1 milliards d’euros, et démarrer ses actions dès
janvier 2021. Grâce au programme, l’Union pourra ainsi assurer des stocks de
médicaments, de vaccins et de dispositifs médicaux en suffisance, pour faire
face à d’éventuelles crises médicales, et cela au bénéfice de tous les citoyens
européens. Mais le programme s’érigera également en un instrument puissant de
lutte contre le cancer et les maladies cardiovasculaires, contre les maladies
rares, assurant du coup un meilleur traitement pour toutes les personnes
atteintes de diabète et de maladies neurologiques. Le programme déroulera en
outre des sous-programmes qui soutiennent la prévention, le screening, la
vaccination, voire la recherche, l’innovation et le processus de numérisation
du système médical. (Trad. Ionuţ Jugureanu)