L’UE se forge-t-elle un bras armé?
Les leaders européens ont déjà adopté 40 propositions concrètes, qui vont de la cybersécurité à la défense maritime. Les ministres européens des Affaires étrangères et de la Défense ont récemment annoncé l’appui de tous les Etats membres au renforcement du volet relatif à la sécurité et à la défense de l’Union. Cela devrait se réaliser y compris par la biais d’une coopération plus étroite dans le domaine de la planification de la défense, comme convenu au sommet de septembre 2016, tenu à Bratislava. Les nouveaux efforts ont abouti à la décision de créer un centre de commandement pour ses missions militaires à mandat non-exécutif. A présent, l’UE mène trois missions de ce type en Somalie, en Afrique centrale et au Mali. Elles visent principalement à accroître la capacité de réaction en coopération avec l’OTAN.
Corina Cristea, 07.04.2017, 14:38
La conférence de sécurité qui s’est tenue à Munich, en Allemagne, a renforcé la conviction des Etats membres de l’Union de la nécessité de se doter d’une armée commune, qui soit un pilier de l’Alliance transatlantique, un fondement de la structure de l’OTAN, a précisé l’analyste militaire Alexandru Grumaz, lors d’une interview à la Radio publique roumaine : « L’Europe se doit de créer une armée pilote, autour de cet élément de cohésion qu’est l’OTAN. Il faut se rendre à l’évidence: dans l’Europe d’aujourd’hui, les crises et les conflits qui s’enchaînent dans son voisinage le plus proche, dont la migration, la situation en Ukraine, constituent désormais une nouvelle normalité. En outre, la motivation de certains pays du voisinage oriental, comme la République de Moldova ou l’Ukraine, s’est petit à petit effritée, puisque les bénéfices promis ne se sont pas concrétisés. »
Le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg, a salué les efforts déployés par l’Europe dans le domaine de la Défense et surtout du fait qu’au bout de plusieurs années de coupes budgétaires, les Etats membres ont finalement saisi la nécessité d’accroître les investissements destinés à ce secteur. Membre de l’OTAN depuis 2004, la Roumanie compte parmi les pays qui, en 2017, ont porté le montant du budget de la Défense à 2% du PIB. Plusieurs polygones de tir de Roumanie ont été modernisés et les zones d’instruction accueillent des exercices militaires d’envergure. Par ailleurs, les militaires roumains participent aux missions organisées sur les différents théâtres d’opérations à l’étranger. Ces deux dernières années ont eu lieu, tant au niveau national qu’à celui de l’Alliance, les manœuvres militaires les plus amples depuis la fin de la guerre froide. L’armée roumaine a participé avec des troupes à la plupart des exercices menés par l’OTAN ou par les Etats-Unis.
Liviu Mureşan, président exécutif de la Fondation Eurisc, analyse la problématique de la sécurité d’un point de vue interne et externe : « La nouvelle approche de la problématique sécuritaire et de défense de la Roumanie est très complexe. Elle devrait faire l’objet d’un débat au niveau des autorités, mais aussi d’un dialogue plus ample avec le secteur privé. Et là je me réfère au dialogue entre l’industrie de défense et les unités de production performantes, donc compatibles avec les programmes d’équipement de l’armée. D’autre part, il faudrait mener un dialogue international aussi. Plusieurs choses se sont passées récemment et on en attend d’autres dans les semaines à venir. Elles sont liées à la clarification des rapports entre les grands acteurs, plus précisément entre la nouvelle administration Trump et la Russie. Selon les résultats de ce processus d’éclaircissement, les relations y compris au sein de l’OTAN seront repensées. En plus, dans le contexte de la sortie du Royaume Uni de l’UE, il faudra réfléchir à d’autres nouveaux types de collaboration et à de nouvelles responsabilités. A noter cependant que les positions nouvellement définies ne sont pas définitives. Autant dire que même les grandes puissances repensent leur positionnement sur l’échiquier, suivant les différentes vulnérabilités ou faiblesses de l’autre. »
Bref, conclut l’analyste Liviu Mureşan, il faudra regarder de près aussi bien la Roumanie que l’OTAN et l’UE ou encore la Russie. (Corina Cristea)