L’UE en perpétuelle adaptation
Confirmant qu’une politique d’élargissement crédible constitue un investissement géostratégique dans la paix, la stabilité, la sécurité et la croissance économique de toute l’Europe, la Commission européenne a adopté fin mai son évaluation annuelle de la mise en œuvre des réformes dans les pays partenaires des Balkans occidentaux et en Turquie. Elle y a attaché des recommandations pour les prochaines étapes que doivent franchir ces pays.
Corina Cristea, 21.06.2019, 18:59
Confirmant qu’une politique d’élargissement crédible constitue un investissement géostratégique dans la paix, la stabilité, la sécurité et la croissance économique de toute l’Europe, la Commission européenne a adopté fin mai son évaluation annuelle de la mise en œuvre des réformes dans les pays partenaires des Balkans occidentaux et en Turquie. Elle y a attaché des recommandations pour les prochaines étapes que doivent franchir ces pays.
Selon Bruxelles, une perspective européenne ferme et crédible pour les Balkans occidentaux reste essentielle pour favoriser le changement, encourager la réconciliation, exporter la stabilité dans la région et promouvoir les valeurs, les règles et les normes de l’Union européenne (UE). Adoptée en février 2018, la stratégie de la Commission européenne pour les Balkans occidentaux a donné naissance à un engagement renouvelé de l’UE et de ses États membres. Une année plus tard, on constate des progrès réels dans les Balkans de l’Ouest, même si l’acceptation globale des réformes varie. L’Albanie et la Macédoine du Nord ont mis en place le plus grand nombre de réformes et, du coup, la Commission a recommandé que le Conseil ouvre les négociations d’adhésion avec ces deux pays.
Federica Mogherini, la haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a précisé: « L’Albanie et la Macédoine du Nord ont fait leur part du travail, maintenant c’est à l’UE d’accomplir son rôle. La balle se trouve dans le terrain du Conseil. Par ailleurs, on avance au Conseil la demande d’adhésion formulée par la Bosnie-Herzégovine. Dans ce contexte, la Commission trace une série de priorités en matière de démocratie, Etat de droit, droits fondamentaux et de réforme de l’administration publique, des priorités nécessaires à propulser un pays au statut de candidat avant d’entamer les négociations. »
Les Balkans de l’Ouest sont partie intégrante de l’Europe et feront partie de l’avenir de l’Union, d’une Union encore plus forte, plus stable et plus unie, a affirmé Federica Mogherini. En revanche, l’incertitude plane au-dessus de la Turquie.
Federica Mogherini: « Même si le gouvernement turc affirme son engagement pour l’adhésion d’Ankara à l’UE, on remarque un éloignement de plus en plus accentué de la Turquie des valeurs européennes. Je pense qu’il serait bénéfique pour tout le monde – pour nous, les Européens, et pour les Turcs aussi, si on met un terme à cet éloignement. Par ailleurs, on insiste sur l’importance des relations de bon voisinage et sur l’apaisement des tensions dans l’est de la Méditerranée. »
Prévu dans un premier temps pour mars dernier, le Brexit a été reporté au moins, jusqu’au 31 octobre, dans le contexte où le gouvernement de Londres a approuvé l’accord avec Bruxelles, que le Parlement a rejeté par la suite, à trois reprises. Suite à cet échec, Theresa May a démissionné le 7 juin. Elle a vu sa position se fragiliser à cause du compromis stipulé dans l’accord et censé éviter le contrôles des marchandises en Irlande. Un compromis rejeté aussi bien par la plupart des collègues conservateurs de Mme May que par les partenaires nord-irlandais.
Suite aux élections européennes de mai dernier, les partis pro-européens ont occupé le plus grand nombre de sièges à l’Assemblée législative européenne et, du coup, ont averti Londres ne pas renégocier l’accord. La position de Bruxelles a été très claire là-dessus – plus de négociations sur le Brexit. En cas de sortie sans accord, le Royaume Uni deviendra un pays tiers qui ne bénéficiera d’aucune des mesures de transition stipulées par l’accord de retrait. Pire, après le Brexit, le pays ne se conduira plus selon les normes européennes, qui ne s’appliqueront plus. Selon un tel scénario, les rapports entre Londres et l’UE se dérouleront selon les normes du droit international public général et selon celles de l’OMS. Parmi ses normes, une oblige l’UE à mettre en place ses tarifs douaniers aux frontières britanniques.
Pour l’instant, la situation demeure incertaine et l’idée d’un nouveau référendum est véhiculée dernièrement, en espérant qu’une nouvelle consultation populaire puisse trouver une réponse à cette équation à plusieurs inconnues. (trad. Ioana Stăncescu)