L’OTAN – retour à la première mission
Une fois la seconde guerre mondiale terminée, l’Armée Rouge de la Russie soviétique a pris la place des troupes nazies en Europe Centrale et de l’Est. Depuis la Mer Baltique, en Pologne et en Allemagne de l’est, jusqu’à la Mer Noire, en Roumanie et en Bulgarie, les nations devenues captives de Staline ont été transformées en colonies et satellites de Moscou. L’Occident a décidé de réagir, en craignant que le Goulag, ce terrible système concentrationnaire soviétique, n’arrive jusqu’à la Méditerranée et à l’Atlantique, grâce aux troupes de Staline et à de l’influence des partis communistes des pays non occupés. C’est ainsi que l’OTAN vit le jour, en 1949. Son but initial était de garder les Russes à l’extérieur de l’Europe et les Américains à l’intérieur.
Bogdan Matei, 22.08.2014, 13:00
Une fois la seconde guerre mondiale terminée, l’Armée Rouge de la Russie soviétique a pris la place des troupes nazies en Europe Centrale et de l’Est. Depuis la Mer Baltique, en Pologne et en Allemagne de l’est, jusqu’à la Mer Noire, en Roumanie et en Bulgarie, les nations devenues captives de Staline ont été transformées en colonies et satellites de Moscou. L’Occident a décidé de réagir, en craignant que le Goulag, ce terrible système concentrationnaire soviétique, n’arrive jusqu’à la Méditerranée et à l’Atlantique, grâce aux troupes de Staline et à de l’influence des partis communistes des pays non occupés. C’est ainsi que l’OTAN vit le jour, en 1949. Son but initial était de garder les Russes à l’extérieur de l’Europe et les Américains à l’intérieur.
Près d’un demi-siècle, l’Alliance a fonctionné comme une force infaillible utilisée pour décourager l’expansionnisme de Moscou. Gagnants de la Guerre Froide, les Occidentaux ont élargi l’espace de la liberté au-delà de l’ancien Rideau de Fer. De nos jours, entre la Mer Baltique et la Mer Noire, la plupart des pays ex-communistes sont membres de l’OTAN et de l’UE. Dès la fin du siècle dernier, les missions de l’Alliance ont visé à pacifier les Balkans Occidentaux et l’Afghanistan. Entre temps, les Russes ont appliqué des corrections militaires aux anciennes républiques soviétiques, à savoir à la République de Moldova, en 1992, et à la Géorgie en 2008. En même temps, Moscou a aidé les régions séparatistes pro-russes de Transnistrie, Abkhazie et Ossétie du Sud à sortir du contrôle des autorités locales. Ce n’est qu’après l’annexion de la Crimée, péninsule du sud de l’Ukraine, et l’alimentation de la rébellion séparatiste du Donbas, dans l’est du même pays, que l’OTAN s’est vu obligée de revenir à sa mission initiale, celle de calmer l’appétit territorial de la Russie– constatent les experts du centre d’analyse Early Warning de Bucarest.
Dans une interview pour Radio Roumanie, le secrétaire général de l’Alliance, le Danois Anders Fogh Rasmussen, déclarait: « Nous devons nous adapter à ce type de guerre — nouveau et plus sophistiqué, je dirais. Au lieu d’une agression militaire proprement-dite, nous assistons à des mouvements plus discrets, censés déstabiliser la situation dans certains pays. On l’a vu très clairement en Ukraine, d’abord en Crimée, annexée de manière illégale par la Russie, et on le voit à l’heure actuelle dans l’est de l’Ukraine aussi. Sans aucun doute, la Russie est responsable de la déstabilisation de l’est de l’Ukraine. De même, nous remarquons les tentatives de la Russie d’acheter de l’influence auprès des médias, par exemple, pour influencer l’opinion publique et les processus politiques. Nous ne devons pas être naïfs, nous devons nous adapter à cette situation».
Premiers entres les égaux, les Etats-Unis assurent près de deux tiers du budget total de l’OTAN. En visite récemment à Varsovie, le président américain, Barack Obama, a réaffirmé l’engagement de son pays envers la sécurité des alliés est-européens. Pour les Etats-Unis, celle-ci représente la pierre angulaire de leur propre sécurité et un devoir sacro-saint, a renchéri le leader de la Maison Blanche. Obama a également annoncé l’octroi d’un milliard de dollars au déploiement de nouvelles forces américaines — terrestres, navales et aériennes — dans cette région du monde. Le président américain n’a oublié ni les anciennes républiques soviétiques ayant opté pour les valeurs occidentales et qui, malgré les obstacles, essaient de sortir de l’orbite de Moscou.: « Nous renforcerons nos partenariats avec des amis, tels l’Ukraine, la République de Moldova, la Géorgie, au fur et à mesure qu’elles renforcent leur défense. De nouveaux défis lancés par la Russie attireront, si nécessaire, de nouvelles sanctions.”
Toutefois, à quelques exceptions près, les 27 autres membres de l’OTAN ont sévèrement coupé les dépenses militaires, notamment après le déclenchement de la crise économique. Le secrétaire général Anders Fogh Rasmussen avertit:
Track « Il est clair que l’on ne peut pas continuer de cette façon. Ces 5 dernières années, la Russie a augmenté de 50% ses dépenses militaires, alors que les Etats de l’OTAN les ont diminuées de 20%. C’est non productif et ce qui se passe en Ukraine représente en fait un signal d’alarme, suite auquel les leaders politiques européens doivent reconsidérer leur position sur les dépenses militaires. »
Par ailleurs, affirme Rasmussen, l’existence de l’OTAN a, elle-même, un effet dissuasif, de sorte que les agresseurs potentiels n’envisagerait même pas d’attaquer un Etat membre: «Je vous assure que tous les alliés sont profondément engagés dans le respect de l’Article 5 et de la politique de défense commune. En témoignent les pas que nous avons déjà faits pour renforcer la défense commune par plusieurs opérations aériennes de la police au-dessus des Pays Baltes. Les avions AWACS font des missions de surveillance au-dessus de la Pologne et de la Roumanie, vous pouvez également constater le renforcement de la présence des forces navales de l’OTAN dans la Mer Noire et dans la Mer Baltique, doublée de plusieurs exercices militaires terrestre qui ont été effectués. Par conséquent, nous avons déjà prouvé que l’Alliance était unie pour ce qui est de l’Article 5 et de la défense commune».
Professeur de relations internationales à American University, Benjamin Jensen salue les mesures à travers lesquelles les Etats-Unis souhaitent maintenir leurs engagements et garder leur position de leader global. D’autant plus que les alliés se trouvant à la frontière avec la Russie ne se contentent pas de discours et souhaitent des garanties supplémentaires de défense anti-missile, ainsi qu’un nombre accru de militaires de l’OTAN dans la région, a encore déclaré le professeur Jansen au correspondant de Radio Roumanie à Washington. (Trad. : Alexandra Pop, Valentina Beleavski)