L’intelligence artificielle et le commerce d’avenir
Vlad Dulea, co-fondateur de la société Kooperativa 2.0, détaille les bénéfices supposés par l'emploi de l'IA dans un domaine bien précis, qui est celui du commerce en ligne
Corina Cristea, 05.01.2024, 14:07
Les programmes d’intelligence artificielle générative,
tels ChatGPT (produit par la société californienne OpenAI, détenue à 49% par Microsoft)
ou encore l’assistant virtuel Gemini, lancé le mois dernier par Google, qui
s’avère capable de traiter les formes les plus variées d’information
(numérique, texte et audiovisuelle) s’avèrent de plus en plus aptes à s’ériger
en plateformes autonomes capables de gérer la communication entre une société
commerciale donnée et sa clientèle. Mais si les bénéficies de l’utilisation de
l’IA, capable de concevoir des productions inédites, de créer sons et images,
de réaliser des traductions instantanées, ne sont que trop évidents, qu’en
est-il des dangers de l’usage malintentionné de cet outil ? Les images
confectionnées de toutes pièces, et dont l’apparence plus vrai que nature
s’avère capable de tromper n’importe qui, montrent à profusion le potentiel
nuisible des capacités de l’IA employée cette fois à des fins de manipulation.
Une inquiétude que les instances européennes tentent d’enrayer, en élevant des
garde-barrières suffisamment solides face à l’usage potentiellement indélicat
de cette nouvelle technologie. Aussi, le Parlement européen a pris à
bras-le-corps le sujet, exigeant davantage de transparence et une meilleure
surveillance notamment des algorithmes créés et des immenses bases de données
utilisées par le système. L’accord final conclu par les instances européennes
veut ainsi concilier à la fois la nécessité d’encourager l’innovation
technologique en Europe et la protection du public face aux excès, voire à
l’usage malintentionné de ces technologies. C’est ainsi que les systèmes
considérés comme présentant un risque élevé, tels ceux employés dans les
domaines sensibles, tels l’infrastructure, l’éducation ou encore les ressources
humaines, devront observer toute une série de règles éthiques, censées prémunir
le citoyen européen des dérives constatées ailleurs, tel l’usage des techniques
de surveillance en masse ou encore l’identification biométrique à distance dans
des lieux publics, bref tout usage censé empiéter sur ce que l’on appelle les
droits fondamentaux et les valeurs européennes. Les Etats membres ont néanmoins
obtenu certaines dérogations à ces règles, par exemple dans la lutte contre le
terrorisme. Quant à l’utilisation de l’IA générative, l’accord conclu entre le
Conseil et le Parlement européens prévoit la mise en place des règles censées
assurer la collecte des données dans le strict respect de la législation et le
développement des algorithmes sans empiéter sur les droits d’auteur, par
exemple. Les développeurs devront par ailleurs clairement indiquer là où les
sons, les images ou les textes sont d’origine artificielle, soit générés par
l’IA. Ces garde-fous permettront donc une utilisation sûre et bénéfique de ces
nouvelles technologies, dont une récente étude réalisée par Deloitte aux
Etats-Unis vante les bénéfices de son usage pluridisciplinaire. Aussi, cette étude
révèle que 60% des directeurs marketing de diverses sociétés interrogées ont
d’ores et déjà fait appel à l’intelligence artificielle l’année dernière. Selon
les données récoltées, l’usage de la technologie avait ainsi permis de
constater un accroissement de 6% des ventes et de 7% en termes de degré de
satisfaction de leur clientèle, tout cela dans un contexte où les budgets de
marketing de ces sociétés ont baissé de 7%. Invité sur les ondes de Radio Roumanie
Vlad Dulea, co-fondateur de la société Kooperativa 2.0, détaille les bénéfices
supposés par l’emploi de l’IA dans un domaine bien précis, qui est celui du
commerce en ligne :
« Il faut
nous faire à la présence de l’IA dans notre quotidien. Il ne faut pas que cela
nous effraie, mais l’employer à notre bénéfice. Pensez un peu que dans le
commerce, cette IA est capable d’automatiser presqu’entièrement les campagnes
de marketing, de proposer des offres adaptées, de personnaliser les messages,
de prévenir les tentatives de fraude, d’optimiser les routes de livraison et la
chaîne d’approvisionnement, réduisant de la sorte les délais de livraison et
les coûts associés. La relation avec le client sera également améliorée grâce à
l’utilisation de l’IA. Enfin, cette technologie nous permet par exemple de
retrouver un produit sur la base d’une simple image du produit recherché,
facilitant ainsi la tâche de l’usager. Il est plus aisé de télécharger l’image
du produit désiré plutôt que d’introduire le code ou la description exacte. Ce
qui est certain c’est que le commerce en ligne profitera grandement de
l’utilisation à bon escient de l’IA. Mais en même temps, l’interaction humaine demeure
hautement appréciée. Un domaine tel le conseil à la clientèle ou le service
après-vente demeure indispensable. Par ailleurs, sentir, voir de près, toucher
le produit, tout comme la possibilité de l’acquisition immédiate constituent
encore et toujours des plus-values que seuls les magasins physiques peuvent
aujourd’hui fournir. »
Cela dit, avec un chiffre
d’affaires annuel de près de 10 milliards d’euros, la Roumanie occupe une très
honorante troisième place dans le commerce en ligne dans sa région, supplantée
toutefois par la Pologne et la République Tchèque.
(Trad.
Ionut Jugureanu)