L’Europe confrontée au vieillissement de sa population
Jamais l’espérance de vie n’a été aussi élevée qu’elle ne l’est de nos jours. Le dernier rapport de la Commission européenne sur les évolutions démographiques, issu le mois de juin dernier, relève l’augmentation de l’espérance de vie de dix années en l’espace des dernières 50 années, sur l’ensemble de l’Union. Le constat vaut autant pour les hommes que pour les femmes. Selon le document mentionné, 20% de la population européenne ont 65 ans et plus, à l’heure actuelle, et la proportion de cette tranche d’âge devrait monter à 30% avant 2070.
Corina Cristea, 09.07.2021, 11:45
Jamais l’espérance de vie n’a été aussi élevée qu’elle ne l’est de nos jours. Le dernier rapport de la Commission européenne sur les évolutions démographiques, issu le mois de juin dernier, relève l’augmentation de l’espérance de vie de dix années en l’espace des dernières 50 années, sur l’ensemble de l’Union. Le constat vaut autant pour les hommes que pour les femmes. Selon le document mentionné, 20% de la population européenne ont 65 ans et plus, à l’heure actuelle, et la proportion de cette tranche d’âge devrait monter à 30% avant 2070.
Sur les ondes de Radio Roumanie, Vladimir Alexandrescu, expert à l’Institut national de la statistique, passe en revue les facteurs qui concourent à l’exploit : « La qualité et la sécurité des aliments, en dépit de ce que pensent certains, s’améliorent constamment dans l’espace européen. Les conditions sanitaires, la qualité des soins, de même. Certes, la pandémie bouleverse quelque peu la donne, mais il s’agit là d’une situation exceptionnelle. La qualité de vie s’est améliorée de façon générale, cela est une évidence, et par conséquent l’espérance de vie est en constante augmentation. L’espérance de vie a dépassé 80 ans en moyenne européenne. Et la Roumanie suit la tendance générale, nous approchons tout doucement la barre des 80 ans. Mais il y a aussi le revers de la médaille : les personnes âgées nécessitent plus de soins, ce qui fait que les dépenses sociales et médicales augmenteront fortement dans nos pays durant les prochaines décennies. »
Une chose est sûre : la majorité des Européens vit plus longtemps et encore en bonne santé, grâce aux progrès enregistrés par la médecine, surtout dans le domaine de la prévention et du traitement des maladies. Aussi, grâce à leur état fringant, certains aînés choisissent de rester actifs plus longtemps, qu’ils choisissent de poursuivre leurs activités professionnelles au-delà de l’âge de la retraite, ou qu’une fois retraités, ils s’investissent dans des activités sociales et de loisir.
Malgré tout, l’augmentation de l’espérance de vie met sous pression le système de retraites, affirme Vladimir Alexandrescu : « Les démographes ont introduit, il y a quelques années de cela, un nouveau concept, en plus de celui de l’espérance de vie à la naissance. C’est l’espérance de vie en bonne santé. Il est essentiel que l’augmentation de l’espérance de vie s’accompagne d’une augmentation de l’espérance de la vie en bonne santé, pour que l’on évite de tomber trop tôt à la charge de notre famille ou de la société, pour que l’on puisse, au contraire, continuer d’être un appui pour nos proches, autant et aussi longtemps que possible. Et pour cela, il faut que l’on ait un mode de vie sain, une vie active. Et il faut bien remarquer que les deux indicateurs ne vont pas toujours de pair. En effet, si les femmes bénéficient d’une espérance de vie à la naissance bien plus étendue que celle des hommes, par exemple en Roumanie l’espérance de vie des femmes se situe à 79 ans, mais elle n’est que de 72 ans pour les hommes, donc un écart de 7 ans alors qu’en Europe l’écart moyen est de 5 ans, eh bien, pour ce qui est de l’espérance de vie en bonne santé, les hommes font mieux que les femmes. Autre curiosité, une fois passé le seuil des 60 ans, l’on constate que l’espérance de vie des hommes surpasse quelque peu celle des femmes, donc la tendance s’inverse. »
Ces nouvelles réalités en termes de vieillissement préoccupent Bruxelles, à n’en pas douter. L’on étudie les nouveaux rôles que les personnes âgées pourraient endosser dans notre société. L’on scrute les systèmes de retraite et leur capacité à assurer leurs fonctions avec l’augmentation du nombre de retraités et l’accroissement de l’espérance de vie. Mais, ce qui est certain, c’est que le phénomène constitue aussi une opportunité, notamment pour le développement de ce que l’on commence à appeler l’économie du vieillissement, qui concerne l’ensemble des produits et des services spécifiques pour les personnes âgées.
Selon les estimations, l’économie du vieillissement bénéficie d’un potentiel de croissance de 5% par an, passant ainsi de 3,7 mille milliards d’euros il y a 5 ans, à 5,7 mille milliards d’euros dix ans plus tard, en 2025. L’essor des paquets touristiques adaptés, des maisons intelligentes, qui aident l’individu à garder son autonomie plus longtemps, le développement des nouvelles technologies d’aide, ainsi que des autres produits et technologies destinés au grand âge et censés devenir accessibles au grand public, la robotique qui sera utilisée dans l’industrie du bien-être, voici quelques domaines liés au grand âge, et qui ont le vent en poupe. A cela s’ajoutent la télémédecine, les applications spécifiques pour les téléphones intelligents, les capteurs censés transmettre à distance les données des fonctions vitales, facilitant le diagnostic et le suivi à distance des personnes âgées. Ces nouvelles débouchées et autres applications sont reprises dans le Livre vert du Vieillissement : promouvoir la solidarité et la responsabilité entre les générations, lancé récemment par la Commission européenne, lancement accompagné d’une consultation publique, portant sur les défis et les opportunités du vieillissement, ouverte jusqu’au 21 avril 2021. Le Livre vert aborde de front les défis apportés par la vitesse et l’ampleur du vieillissement de la population européenne, mais aussi les questions que ce phénomène soulève. Pour la Commission, cela va de la promotion de la vie saine à l’acquisition de compétences tout au long de sa vie, en passant par la consolidation des systèmes de santé et de soins, pour répondre au mieux aux besoins des personnes âgées. D’un autre côté, l’UE doit stimuler la natalité pour équilibrer la pyramide d’âges. (Trad. Ionuţ Jugureanu)