Les priorités de Bucarest (III)
Le 11 juillet passé, la Roumanie et les Etats-Unis ont pu fêter 20 ans de leur partenariat stratégique. Selon le ministre roumain, c’est bien grâce à ce partenariat que la Roumanie a pu accélérer ses réformes internes en matière de sécurité, ce qui a grandement contribué au processus débouchant sur son adhésion à l’OTAN.
Corina Cristea, 12.01.2018, 13:08
Teodor Melescanu précise: « Notre partenariat avec les Etats-Unis contribue à définir le profil stratégique de notre pays. C’est ainsi que la Roumanie accueille les facilités militaires de Deveselu, facilités devenues opérationnelles en 2016 et qui représentent une contribution concrète des deux pays à assurer la sécurité européenne. De notre point de vue, les Etats-Unis continuent d’avoir un rôle clé pour assurer autant la sécurité de la Roumanie que la sécurité européenne. La relation transatlantique est pour nous fondamentale, et cela est vrai aussi bien pour la Roumanie que pour l’Europe. La Roumanie représente l’un des partenaires stratégiques des Etats-Unis pour combattre ce que l’on appelle les menaces globales asymétriques, la criminalité cybernétique, les différents trafics illégaux, ou encore dans la lutte contre le terrorisme. Aussi, on constate un bon niveau de coopération avec les Etats-Unis en matière d’échange d’informations. »
D’autre part, le ministère des Affaires étrangères de Bucarest poursuit ses démarches politiques et diplomatiques auprès de l’Administration américaine et du Congrès des Etats-Unis pour obtenir la suppression du régime des visas pour les citoyens roumains qui se rendent aux Etats-Unis.
Teodor Meleşcanu, le ministre roumain des Affaires étrangères, nous fournit davantage de détails : « Nous sommes engagés dans un dialogue soutenu aux niveaux technique et politique avec les autorités américaines, aussi bien dans un cadre bilatéral, que dans un cadre trilatéral Roumanie-Commission européenne-autorités américaines, afin d’assurer à terme la suppression complète des visas pour les citoyens roumains qui se déplacent aux Etats-Unis, et cela dans le respect du principe de réciprocité. Dans ce contexte, je tiens à souligner qu’au mois de juin passé, la Commission européenne et les Etats-Unis ont adopté une déclaration commune sur la réciprocité du régime des visas. Dans cette déclaration, les parties s’engageaient à collaborer pour aider les cinq Etats européens membres de l’Union, dont la Roumanie, et qui ne sont pas encore inclus dans le programme Viza Waiver, à répondre plus rapidement aux exigences de la législation américaine en la matière. Le problème principal n’est ni d’ordre politique, ni d’ordre diplomatique. Aussi, depuis 2007, nous avons développé une collaboration intense avec la partie américaine pour implémenter les nouveaux critères techniques et de sécurité. Nous nous sommes alignés en matière de sécurité des documents de voyage, de contrôle à la frontière, de politique d’immigration. Le seul critère auquel on est encore restant c’est la diminution du taux de refus des visas sur l’ensemble des demandes de visas déposées par les citoyens roumains auprès des consulats américains. »
Concernant la dimension économique du partenariat stratégique, même s’il est loin d’avoir atteint son plein potentiel, la tendance est à la hausse. Traduite en chiffres, pour la période janvier-août, l’exportation de biens depuis les Etats-Unis vers la Roumanie a augmenté de 33%, alors que le volume des exportations roumaines a augmenté de 11%. Changeant de registre, le chef de la diplomatie roumaine a aussi abordé le sujet de la lutte contre le terrorisme dans l’Union européenne, rappelant les instruments voués à contribuer de manière significative à réduire la menace terroriste. Il s’agit, ainsi, en premier lieu, de l’adoption de la stratégie globale de lutte contre le terrorisme adoptée par l’UE, partant du principe d’une meilleure coordination des politiques internes et externes en la matière :
Teodor Meleşcanu: « Au sein de l’Union européenne, la Roumanie prône l’adoption de mesures spécifiques pour combattre le phénomène de la radicalisation en ligne, l’extrémisme violent ou encore le financement du terrorisme, notamment par l’amélioration de l’échange d’informations entre les Etats membres. Vous savez que, heureusement, en Roumanie, l’extrémisme violent est peu présent à l’heure qu’il est, alors que, comme vous le savez, les attaques terroristes qui ont eu lieu en Europe, à commencer par celle de Madrid en 2004 et jusqu’à celle de Barcelone de l’été dernier, ont fait des victimes de nationalité roumaine. Il va de soi que l’absence de la menace à l’intérieur des frontières roumaines ne nous met pas à l’abri. La Roumanie s’investit donc pleinement dans la lutte contre la menace terroriste, dans sa qualité d’Etat membre de l’UE et de l’OTAN. Nous prenons donc part à un effort collectif intégré dans une lutte largement compréhensive, et dont le respect des droits fondamentaux demeure la base de toutes nos actions. »
C’est que le terrorisme et l’extrémisme violent ont par définition un caractère transfrontalier, et c’est la raison pour laquelle impliquer l’ensemble des Etats partenaires demeure essentiel, souligne encore le chef de la diplomatie roumaine, Teodor Melescanu. (Trad. Ionut Jugureanu)