Les objectifs de la diplomatie roumaine
Les changements sur la scène politique roumaine et surtout internationale, toujours plus rapides et de plus en plus difficiles à prévoir, exigent de la diplomatie de Bucarest un effort d’adaptation permanent. Réunis, trois jours durant, à Bucarest, les chefs des missions diplomatiques et consulaires de la Roumanie à travers le monde, ainsi que les directeurs des antennes à l’étranger de l’Institut culturel roumain, ont fait le point sur l’activité et le rôle de la diplomatie roumaine, dans le contexte actuel des relations internationales. Le premier ministre Victor Ponta a demandé aux participants de faire connaître de manière très claire la position de Bucarest sur les thèmes majeurs du moment et de promouvoir les intérêts légitimes du pays, de l’UE et des partenaires stratégiques. Le chef du gouvernement roumain a également déclaré qu’à l’occasion du sommet de l’OTAN, accueilli par le Pays de Galles, la Roumanie exprimerait son souhait d’un renforcement du flanc oriental de l’Alliance de l’Atlantique Nord et du partenariat stratégique avec la Turquie et la Pologne, ainsi que d’une présence militaire plus visible de l’OTAN en terre roumaine.
Corina Cristea, 05.09.2014, 13:15
Les changements sur la scène politique roumaine et surtout internationale, toujours plus rapides et de plus en plus difficiles à prévoir, exigent de la diplomatie de Bucarest un effort d’adaptation permanent. Réunis, trois jours durant, à Bucarest, les chefs des missions diplomatiques et consulaires de la Roumanie à travers le monde, ainsi que les directeurs des antennes à l’étranger de l’Institut culturel roumain, ont fait le point sur l’activité et le rôle de la diplomatie roumaine, dans le contexte actuel des relations internationales. Le premier ministre Victor Ponta a demandé aux participants de faire connaître de manière très claire la position de Bucarest sur les thèmes majeurs du moment et de promouvoir les intérêts légitimes du pays, de l’UE et des partenaires stratégiques. Le chef du gouvernement roumain a également déclaré qu’à l’occasion du sommet de l’OTAN, accueilli par le Pays de Galles, la Roumanie exprimerait son souhait d’un renforcement du flanc oriental de l’Alliance de l’Atlantique Nord et du partenariat stratégique avec la Turquie et la Pologne, ainsi que d’une présence militaire plus visible de l’OTAN en terre roumaine.
Victor Ponta : “Je crois que la Roumanie a une fois de plus prouvé qu’elle est un partenaire solide de l’Union Européenne, de l’OTAN et de son allié stratégique, les Etats-Unis d’Amérique. Une situation de crise est une opportunité de renforcer ce statut et de l’affirmer avec encore plus de confiance et de courage”.
Le chef de la diplomatie de Bucarest, Titus Corlatean, a affirmé que, de l’avis des autorités roumaines, l’OTAN doit consolider son flanc oriental, la Roumanie comprise : “Le positionnement de la Roumanie aux confins orientaux est de nature à favoriser son éventuel rôle d’acteur important dans les efforts de stabiliser la région, transformant ainsi une vulnérabilité potentielle en un avantage stratégique.”
Transformer en autant d’avantages les soi-disant vulnérabilités de la Roumanie n’est qu’un des objectifs évoqués par le ministre roumain des affaires étrangères, Titus Corlatean : « Nous visons à mieux mettre à profit notre partenariat stratégique avec les Etats-Unis, lequel se reflète aussi bien dans les aspects politiques et sécuritaires, que dans le volet économique. D’autres objectifs ont trait à notre appartenance à l’OTAN. La question qui se pose très sérieusement à l’heure actuelle est celle du repositionnement de l’Alliance de sorte à renforcer la confiance et la sécurité des alliés sur le flanc oriental, par le redéploiement de capacités militaires de sécurité en Roumanie aussi. Nous pensons également aux enjeux européens de la Roumanie, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’UE, aux évolutions en Ukraine, Irak, Syrie et Libye, fortement liés à l’Europe et bien sûr aux confins orientaux qui restent prioritaires. Le fait de placer en queue de liste la République de Moldova n’est pas aléatoire, car cet automne est essentiel pour le destin européen de ce pays. Il est important que le gouvernement pro-européen reste en place après les élections prévues cet automne à Chisinau, un gouvernement qui ait la confirmation nette de ses perspectives européennes qui aboutissent à l’adhésion à l’UE de la République de Moldova. »
La situation dans l’est de l’Ukraine, qui ne cesse de se détériorer, a dominé la réunion mentionnée. Emil Hurezeanu, journaliste et commentateur de la vie politique internationale : Le conflit ukrainien a franchi une nouvelle étape, encore plus dangereuse. Ceci étant, l’OTAN, les Etats-Unis vont décider, en connaissance de cause, si oui ou non il faut passer à l’étape d’aide directe sous la forme de fourniture d’armement. Les Allemands n’agréent pas cette idée. Toutefois, comme l’Allemagne est le troisième grand exportateur d’armes – son exportation annuelle se montant à plus de cinq milliards d’euros, elle va certainement penser à la variante du commerce bilatéral. Par ailleurs, il faudra analyser dans quelle mesure les sanctions économiques contre la Russie, qui, de toute façon, n’ont pas encore touché leur niveau maximal, cessent ou continuent. Parallèlement on assistera à un programme de livraison d’armement. »
Nous sommes habitués aux raisonnements, aussi répugnants soient-ils, que l’on retrouve à l’origine ou dans les coulisses de toutes les offensives militaires de ces dernières décennies, précise encore Emil Hurezeanu, journaliste et commentateur de la vie politique internationale. Selon lui, la Seconde Guerre Mondiale et la guerre froide reposaient sur un échafaudage rationnel d’accords, de stratégies d’intimidation mutuelle, sur un potentiel nucléaire relativement comparable des deux grands camps. Or, aujourd’hui, nous nous retrouvons dans une étape qui, 100 ans après la première conflagration mondiale, nous fait remémorer les choses irrationnelles. L’Occident a-t-il prévu un plan de contre-offensive dans l’actuelle situation ? La raison est-elle capable de contrer les moyens insensés ? C’est là le sujet du futur débat politique et stratégique, conclut Emil Hurezeanu. (trad. Mariana Tudose)