Les hauts ou les bas du déficit budgétaire roumain
Les récentes prévisions économiques de la Commission européenne pour la Roumanie tablent sur une croissance du PIB réel des plus rapides sur l’ensemble de l’UE. En plus, selon ces estimations, cette situation devrait se maintenir jusqu’en 2018, grâce à l’allègement fiscal et aux majorations salariales. Le taux de chômage, qui a sensiblement baissé en 2016, garderait un niveau réduit, tandis que l’inflation, qui s’est située en terrain négatif l’année dernière, devrait croître à mesure que le PIB augmentera.
Corina Cristea, 24.03.2017, 14:41
Les récentes prévisions économiques de la Commission européenne pour la Roumanie tablent sur une croissance du PIB réel des plus rapides sur l’ensemble de l’UE. En plus, selon ces estimations, cette situation devrait se maintenir jusqu’en 2018, grâce à l’allègement fiscal et aux majorations salariales. Le taux de chômage, qui a sensiblement baissé en 2016, garderait un niveau réduit, tandis que l’inflation, qui s’est située en terrain négatif l’année dernière, devrait croître à mesure que le PIB augmentera.
On s’attend également à une hausse du déficit budgétaire, suite aux réductions de taxes et à la progression des dépenses publiques. C’est là que se font jour les craintes de la Commission européenne, liées à un éventuel dépassement de la cible de déficit. Bruxelles a d’ailleurs envoyé une lettre aux autorités roumaines pour les mettre en garde contre des dérapages significatifs par rapport aux objectifs budgétaires sur le moyen terme et contre les déséquilibres de la balance structurelle en 2017 et 2018. Selon les prévisions de la Commission européenne, les deux prochaines années, la Roumanie occupera la première place dans sa région pour ce qui est de la consommation et de la croissance économique. Aux termes du budget de l’Etat approuvé par le Parlement de Bucarest, le gouvernement a assumé un déficit budgétaire de moins de 3%, dans le respect des critères de Maastricht.
Nous apprendrons très vite la réponse à toutes ces questions, car les chiffres réels ne tarderont pas à apparaître, a déclaré l’analyste économique Cristian Păun, au micro de Radio Roumanie. « Les chiffres pour le premier mois ne sont pas encourageants. Je suis tout à fait convaincu que ce sera pareil pour le premier trimestre de l’année en cours, vu que le programme de gouvernance met un accent particulier sur la redistribution des ressources et moins sur les mesures visant à les allouer. Lorsque la redistribution des ressources dans la société repose sur la hausse exclusive des salaires dans le secteur public, cela entraîne une pression plus forte sur le secteur privé, avec des conséquences négatives sur son développement. La croissance économique du secteur privé est donc freinée, alors que dans le secteur public on assiste à la hausse de la consommation, soit à une prospérité accrue, due aux majorations salariales. Autrement dit, on prend les ressources de certains pour les donner à d’autres. En fin de compte, l’effet sera nul en matière de croissance économique, puisque l’on ne fait que transférer des ressources d’une zone à l’autre de l’économie nationale. Voilà, en bref, le résultat des mesures de redistribution ».
Dans le même temps, on parle de la hausse du salaire minimum à l’échelle de l’économie, parallèlement à l’allègement de la fiscalité des PMEs, précise encore l’analyste économique Cristian Păun, se référant aux mesures envisagées par le nouvel Exécutif de Bucarest : « Considérées séparément, ces mesures pourraient sembler bonnes, selon d’aucuns. Ainsi, la majoration du SMIC, bénéfique pour les personnes aux maigres revenus, a-t-elle été vivement saluée notamment par les syndicats. Même cas de figure pour les PMEs, l’allègement de leur fiscalité représentant une véritable bouffée d’oxygène. Pourtant, à regarder ce qui se passe au niveau d’une entité d’affaires, on voit bien que les mesures sont contraires, ce qui ramène leur effet près de zéro. En clair, la majoration du SMIC, corroborée avec la diminution de la fiscalité sur les PMEs aboutira non pas à l’apparition de nouvelles entreprises de ce type ou à leur essor, mais à la fermeture de bien d’entre elles. En effet, les statistiques révèlent que le poids des dépenses salariales effectuées par les entreprises de Roumanie a dangereusement augmenté, jusqu’à 35-40%. »
Ionuţ Dumitru, président du Conseil fiscal, trouve lui aussi que les prévisions de croissance économique de 5% sur lesquelles repose le budget 2017 sont très ambitieuses et de ce point de vue les revenus salariaux dans le secteur public semblent trop optimistes. L’analyse de la Commission européenne s’inscrit dans la procédure du Semestre européen et inclut l’évaluation des déséquilibres qui perdurent entre certains pays de l’UE. Selon ces rapports, la Commission européenne a constaté des déséquilibres économiques dans 12 Etats de l’UE. Alors que leur situation continuera d’être suivie, la Roumanie a seulement reçu une lettre formelle, qui ne mentionne pas pour autant d’éventuels déséquilibres, précisent les autorités de Bucarest.
Le ministère roumain des Finances rappelle que l’Exécutif s’est engagé à mettre en place un programme de gouvernance censé mener à un développement durable, à des investissements dans l’infrastructure et à la création de nouveaux emplois, tout en contenant son déficit en dessous de la barre des 3 % du PIB, le seuil autorisé par l’UE. Or, selon la Commission européenne, le déficit public de la Roumanie devrait atteindre 3,6 % du PIB en 2017. (trad. : Mariana Tudose)