Les enfants surdoués de Roumanie
Combien la Roumanie compte-t-elle d’enfants surdoués? On ignore le chiffre exact, mais on estime qu’ils représentent 4% des enfants nés à un moment donné — contre une moyenne européenne de 2%. Les parents ne savent généralement pas comment élever leurs enfants au QI (le coefficient d’intelligence) largement au-dessus de la moyenne et même s’ils le savaient, ils disposent de bien peu d’écoles où ces jeunes puissent acquérir une instruction qui mette à profit leurs immenses potentialités.
Corina Cristea, 09.08.2013, 13:43
Combien la Roumanie compte-t-elle d’enfants surdoués? On ignore le chiffre exact, mais on estime qu’ils représentent 4% des enfants nés à un moment donné — contre une moyenne européenne de 2%. Les parents ne savent généralement pas comment élever leurs enfants au QI (le coefficient d’intelligence) largement au-dessus de la moyenne et même s’ils le savaient, ils disposent de bien peu d’écoles où ces jeunes puissent acquérir une instruction qui mette à profit leurs immenses potentialités.
Le professeur Florin Colceag, spécialiste international de l’éducation d’excellence, nous parle du «génie» roumain : « La Roumanie compte parmi les pays qui excellent dans ce domaine. Moi, j’ai travaillé avec ces jeunes, j’ai formé de nombreux génies, pour ainsi dire. J’en suis arrivé à reconnaître très facilement les enfants qui ont des capacités hors du commun, il me suffit de regarder leur démarche dans la rue. Ils ne sont pas nombreux, les peuples chez lesquels j’ai trouvé des intelligences exceptionnelles — et la Roumanie compte parmi eux. J’en ai découvert chez les Chinois, les Indiens, les Russes, les Juifs. Chez les Roumains, ces capacités peuvent se résumer en un seul mot : la complexité. La capacité d’intégrer des éléments appartenant à différents domaines et leur niveau de complexité — voilà ce qui caractérise le génie roumain. C’est que les gens nés en Roumanie ont été confrontés à des situations incroyables et, ne bénéficiant d’aucun soutien pour s’élever, ils ont dû faire face à des problèmes extrêmement complexes. Ils ont ainsi développé une capacité extraordinaire à résoudre de tels problèmes, une capacité qui est très rare et que l’on ne retrouve que chez un petit nombre de peuples — que je viens de mentionner. Dans d’autres pays on rencontre un autre type de génie — technique, administratif etc. — mais nous, nous sommes des « gens du chaos », le chaos nous fait fleurir, c’est ça qui est extraordinaire. Des millions de Roumains qui étaient d’excellents professionnels ont quitté le pays et pourtant cela n’a pas fait chuter la population de génies, si je puis dire. Le fait que nous nous sommes confrontés et que nous continuons à être confrontés à des problèmes ne diminue pas notre génie. Au contraire, les nouvelles générations, les tout petits, ont des habiletés absolument extraordinaires et beaucoup d’entre eux les gardent à l’âge adulte ».
Sans tracer de règles précises, on pourrait affirmer qu’un enfant haut potentiel possède généralement des capacités intellectuelles qui dépassent celles des autres enfants, une capacité de mémoire remarquable et une grande aisance à faire toute sorte de connexions.
Florin Colceag explique : « A trois ans, les enfants sont tous géniaux puisqu’ils possèdent les trois capacités qui définissent le génie : la curiosité, le sens de la liberté et la confiance à l’autre. Pourtant, en l’absence d’un soutien, la plupart d’entre nous arrive à perdre de ces capacités au fur et à mesure que le temps passe. A 13 ans déjà, au bout de dix ans d’existence, le génie a disparu de la plupart d’entre nous, sous contrainte d’une société qui uniformise et chasse le potentiel hors du commun. Et alors, bon gré, mal gré, les enfants finissent par tourner le dos à la diversité puisqu’ils ont besoin de s’intégrer et de se faire accepter par les autres ».
Or, dans le cas des enfants surdoués, ceux-ci mettent en valeur leur potentiel naturel sans se soucier des réactions sociales qu’ils provoquent. De tels enfants existent dans n’importe quel milieu, affirme Florin Colceag qui se penche sur leurs capacités : « Elles dépendent de l’âge de l’enfant. Puisque le génie traverse lui aussi plusieurs étapes caractérisées chacune par plusieurs capacités. Si l’on parle d’un EIP en bas âge, hé bien, il possède des capacités extraordinaires d’imaginer toute sorte de scénarios pertinents, un trait qui caractérise normalement les Juifs. Si on pouvait encourager cette capacité, on arriverait à faire de la performance dans plusieurs domaines, comme le font les Juifs. Ensuite, vers l’âge de 12 ans, on voit fleurir dans le cas de ces enfants l’inventivité et la créativité, des capacités qui, en l’absence de tout encouragement, se perdent à l’âge adulte. Pourtant, là où il se voit accorder du soutien, l’enfant surdoué peut enregistrer un niveau de créativité impressionnant. Les adolescents, eux, ils sont visionnaires, tout en voulant échapper à un système qui les étouffe. Un système qui ne leur donne pas la force d’avancer, qui ne les laisse pas respirer et qui les prive de toute liberté. C’est comme cela que s’explique la fuite des cerveaux à laquelle se confronte la Roumanie. Notre société nourrit l’Occident de tous ces génies qui existent sous nos yeux et dont on ne sait pas profiter ».
Aux dires de Florin Colceag, 80% des enfants intellectuellement précoces se transforment en adultes médiocres faute de programmes censés développer leurs capacités. Pour détecter un enfant précoce, il faudrait, selon Florin Colceag, que la famille et les enseignants utilisent la méthode dite du feedback. Une méthode qui consiste à impliquer l’enfant dès un âge très tendre dans tout ce qui l’entoure, en l’encourageant à exprimer ses opinions, à poser des questions et à imaginer des scénarios. En fait, les parents jouent un rôle crucial dans la vie de ces enfants qui ont souvent du mal à s’intégrer. Or, en les aidant à comprendre qui ils sont et en les accompagnant au quotidien, les parents ont auprès de ces enfants un rôle crucial à jouer qu’ils ne doivent pas négliger. (trad.: Dominique, Ioana Stancescu)