Les effets de la falsification des médicaments
Près de 10% des médicaments produits dans le monde sont falsifiés. C’est ce que constate l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Sans doute, chaque pays en est concerné à sa manière. Cette situation engendre non seulement un énorme manque à gagner pour l’industrie pharmaceutique, mais elle met aussi en danger les personnes qui achètent les médicaments contrefaits. Selon l’OMS, sur l’ensemble de l’industrie pharmaceutique, le taux des contrefaçons est à la hausse pour plusieurs raisons, dont la nature toujours plus complexe des chaînes d’approvisionnement, le développement du commerce électronique ou encore l’absence de sanctions.
Corina Cristea, 09.08.2019, 12:30
Près de 10% des médicaments produits dans le monde sont falsifiés. C’est ce que constate l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Sans doute, chaque pays en est concerné à sa manière. Cette situation engendre non seulement un énorme manque à gagner pour l’industrie pharmaceutique, mais elle met aussi en danger les personnes qui achètent les médicaments contrefaits. Selon l’OMS, sur l’ensemble de l’industrie pharmaceutique, le taux des contrefaçons est à la hausse pour plusieurs raisons, dont la nature toujours plus complexe des chaînes d’approvisionnement, le développement du commerce électronique ou encore l’absence de sanctions.
Vu cette croissance dramatique des contrefaçons, plusieurs réglementations ont été imposées afin de protéger la chaîne officielle d’approvisionnement. Et, bien que les pays occidentaux ne soient pas trop touchés par ce phénomène, des mesures ont été prises pour identifier et suivre la traçabilité des biens. D’ailleurs, la directive européenne sur la sécurité des médicaments vient d’entrer entièrement en vigueur. Parmi les nouvelles mesures, mentionnons l’obligation d’inscrire sur les boîtes de médicaments un code spécial censé prévenir la contrefaçon. De même, il est recommandé d’éviter de vendre les médicaments à l’unité. Explication avec Dumitru Lupuleasa, professeur des universités et président du Collège des Pharmaciens de Roumanie: « Le producteurs font de longues recherches pour fabriquer des médicaments qui soient efficaces mais aussi sûrs pour ce qui est de leur administration, c’est-à-dire qu’ils ne produisent pas d’effets secondaires. Le médicament falsifié est réalisé par d’autres moyens que ceux officiels, et donc il ne respecte pas les normes selon lesquelles le médicament original avait reçu l’autorisation de mise en vente dans un pays ou une région. D’où vient cet intérêt pour falsifier les médicaments ? Au moment où les médicaments ont un prix trop élevé sur le marché, il est plus rentable de les remplacer, même si cette action n’est ni morale, ni saine. Et au moment où l’on a constaté que les cas de substitution de ces produits se sont multipliés dans l’UE, on a adopté cette directive qui rassure le patient et qui lui garantit que les produits achetés sont sûrs. »
Les médicaments contrefaits sont devenus un véritable problème dans l’UE, pour des raisons évidentes, explique Dan Zaharescu, directeur exécutif de l’Association roumaine des producteurs internationaux de médicaments : «Il y avait clairement des manquements au niveau de la chaîne standard de distribution des médicaments, ce qui a laissé la possibilité aux contrefaçons de pénétrer le marché. Or, l’objectif de cette directive est justement de rassurer les patients quant à l’origine du médicament qu’ils achètent dans les pharmacies. Nous ne parlons pas des risques sciemment assumés par ceux qui vont acquérir des médicaments ailleurs que dans les pharmacies, qu’il s’agisse des réseaux actifs sur internet ou encore d’autres sources qui échappent à tout contrôle. Dans ce dernier cas, l’on parle d’un risque majeur ».
Prévenir les contrefaçons appelle toute une série de mesures de sécurité, à commencer par l’emballage, selon les responsables européens. La directive européenne des médicaments falsifiés impose l’utilisation d’éléments de sécurité, tels un numéro de lot et un dispositif anti-manipulation, qui devront figurer sur l’emballage extérieur des médicaments. Ils permettront aux pharmaciens de vérifier, avant de le délivrer, si le médicament est authentique et n’a jamais été ouvert, afin de ne pas vendre un produit falsifié. A partir du 9 février 2019, nul fabricant ne pourra plus mettre en vente des médicaments qui ne soient sécurisé de la sorte. En scannant le code lors de la vente du médicament, le pharmacien vérifie automatiquement la validité de la série du lot, la sécurité de son origine. L’application informatique renseigne le pharmacien de ces éléments, et ce n’est qu’après que le médicament sera fourni au patient. Plus encore, chaque boîte doit être scellée et munie d’un élément de sécurité qui empêche l’ouverture de la boîte avant sa mise en vente. C’est d’une garantie d’authenticité supplémentaire.
Ces mesures interviennent au moment où la Commission européenne, Interpol, Europol et les agences nationales compétentes ont saisi au fil des ans nombre de médicaments falsifiés et qu’ils ont dû fermer des centaines de sites de vente en ligne de ces médicaments contrefaits. (Trad.: Valentina Beleavschi /Ionut Jugureanu)