Les directions de politique étrangère de la Roumanie
Malgré une scène politique intérieure très agitée, la Roumanie reste fidèle à des repères incontournables de politique étrangère, fixés lors du mandat du président chrétien-démocrate, Emil Constantinescu. C’est entre 1996 et 2000 que notre pays s’est définitivement tourné vers l’Occident et depuis, tous les chefs d’Etat, qui se sont succédé au pouvoir, ont gardé cette orientation. La Roumanie a intégré l’OTAN en 2004 pendant le mandat dIon Iliescu et trois ans plus tard, en 2007, à l’époque du président Traian Basescu, elle a rejoint l’UE. Installé depuis un mois à la tête de l’Etat, le libéral Klaus Iohannis a effectué sa première visite officielle à Bruxelles pour des discussions avec les présidents de la Commission européenne, Jean- Claude Juncker, et du Conseil européen, Donald Tusk; il a également eu une entrevue avec le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg.
Bogdan Matei, 23.01.2015, 13:39
Malgré une scène politique intérieure très agitée, la Roumanie reste fidèle à des repères incontournables de politique étrangère, fixés lors du mandat du président chrétien-démocrate, Emil Constantinescu. C’est entre 1996 et 2000 que notre pays s’est définitivement tourné vers l’Occident et depuis, tous les chefs d’Etat, qui se sont succédé au pouvoir, ont gardé cette orientation. La Roumanie a intégré l’OTAN en 2004 pendant le mandat dIon Iliescu et trois ans plus tard, en 2007, à l’époque du président Traian Basescu, elle a rejoint l’UE. Installé depuis un mois à la tête de l’Etat, le libéral Klaus Iohannis a effectué sa première visite officielle à Bruxelles pour des discussions avec les présidents de la Commission européenne, Jean- Claude Juncker, et du Conseil européen, Donald Tusk; il a également eu une entrevue avec le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg.
Une occasion pour le président roumain d’assurer ses partenaires européens que les directions de politique étrangère de la Roumanie restent inchangées. Klaus Iohannis: « La Roumanie en est à sa huitième année d’appartenance aux structures européennes. On s’attend à ce que le pays ait une contribution européenne à la mesure du développement de ses institutions. Une intégration européenne renforcée figurera certainement parmi les priorités de mon mandat. Reste à discuter les pas à suivre pour que le pays assume davantage son rôle au sein des structures euro-atlantiques. »
Diplomate de carrière, Bogdan Aurescu a été nommé en novembre dernier à la tête du Ministère des Affaires Etrangères d’un gouvernement social- démocrate forcé à cohabiter avec un président libéral. Malgré toute appartenance politique, le principe de la continuité persiste dans les relations internationales de la Roumanie.
Bogdan Aurescu : «Les objectifs majeurs de la politique étrangère roumaine demeurent constants et je ne pense pas qu’on puisse parler de changements majeurs. Le rôle de membre de l’UE, celui d’allié de l’OTAN dont la Roumanie est membre à part entière depuis dix ans, le Partenariat stratégique avec les Etats-Unis, le Partenariat stratégique pour l’intégration européenne de la République de Moldavie sont autant de constantes de notre politique étrangère. Personnellement, je me félicite du consensus national de toutes nos forces politiques sur ces objectifs de politique étrangère. »
Dans une interview accordée à la radio publique roumaine juste après les attentats de Paris, M Aurescu soulignait le fait que Bucarest faisait partie d’une coalition internationale anti-terroriste, qu’il avait rejoint au lendemain des attaques terroristes du 11 septembre 2001, aux Etats — Unis.
Bogdan Aurescu : « La réaction de solidarité extraordinaire des Etats européens, Roumanie comprise, mais aussi des pays à l’extérieur de l’Europe, a montré combien importante est la lutte contre ce fléau, qu’est le terrorisme international. Nous avons immédiatement condamné cet événement tragique puisque, du point de vue de la Roumanie, tout acte terroriste est impossible à justifier, d’autant plus si cet acte terroriste vise la liberté d’expression. Une des conséquences de cette situation est à mon avis la nécessite d’intensifier la coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme. »
La Roumanie refuse pourtant l’idée selon laquelle le renforcement des mesures de sécurité pourrait inclure aussi la réintroduction de certaines restrictions imposées à la liberté de circulation des citoyens européens sur le territoire de l’Union.
Bogdan Aurescu : « La liberté de circuler est un droit acquis, une liberté fondamentale, que nous ne devons pas ignorer. Par ailleurs, la Roumanie est prête à participer à cet effort, même si elle n’est pas un membre de l’espace Schengen, parce qu’en fait le pays se comporte comme un pays membre de l’espace européen de libre circulation. »
Avant-poste oriental de l’OTAN et de l’UE et profondément préoccupé par le destin de la République de Moldova voisine, l’agression de la Fédération de Russie en Ukraine a provoqué de l’inquiétude à Bucarest. Pour le ministre roumain des affaires étrangères : « L’événement international le plus important de lannée écoulée, du point de vue de la Roumanie : la crise ukrainienne, y compris l’occupation illégale de la Crimée par la transgression des normes et des procédures fondamentales du droit international, suivie par une déstabilisation de l’est du pays, qui se poursuit aujourd’hui encore. Nous avons évidemment souligné l’appui que nous manifestons déjà en faveur de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Etat voisin. L’Ukraine est le plus important voisin de la Roumanie en termes de taille, de longueur de la frontière commune et, détail très important, de la communauté roumaine d’Ukraine, qui compte environ un million de personnes.»
Censé compléter l’appui accordé à l’administration pro occidentale de Kiev, l’introduction de sanctions économiques contre Moscou compte parmi les ressorts dont dispose l’Occident pour trouver une solution à la crise.
Bogdan Aurescu : « Pour ce qui est du régime des sanctions, la Roumanie a compté parmi ses partisans et elle l’est toujours parce que selon nous cette mesure a déjà porté ses fruits. Il s’agit d’un côté de sanctions qui visent l’occupation illégale de la Crimée et, de l’autre, de sanctions qui visent la situation sécuritaire dans l’est de l’Ukraine.» (Trad. Ioana Stancescu, Alex Diaconescu)