Les défis du nouveau cabinet de Bucarest
A Bucarest, les divergences entre les sociaux-démocrates et les libéraux, qui avaient remporté ensemble les élections de 2012, ont finalement abouti à une rupture, concrétisée par la sortie du Parti National Libéral du gouvernement. La restructuration du gouvernement, qui regroupe à présent, le Parti Social Démocrate, l’Union nationale pour le progrès de la Roumanie, le Parti conservateur et l’Union démocratique des Magyars de Roumanie a rendu nécessaire l’établissement de nouveaux objectifs — dont la plupart repris du programme de gouvernance du cabinet précédent.
Corina Cristea, 14.03.2014, 13:25
A Bucarest, les divergences entre les sociaux-démocrates et les libéraux, qui avaient remporté ensemble les élections de 2012, ont finalement abouti à une rupture, concrétisée par la sortie du Parti National Libéral du gouvernement. La restructuration du gouvernement, qui regroupe à présent, le Parti Social Démocrate, l’Union nationale pour le progrès de la Roumanie, le Parti conservateur et l’Union démocratique des Magyars de Roumanie a rendu nécessaire l’établissement de nouveaux objectifs — dont la plupart repris du programme de gouvernance du cabinet précédent.
Plus réservé à faire des promesses, le premier ministre, Victor Ponta a précisé que le programme, adopté par l’exécutif et sur lequel le gouvernement a engagé sa responsabilité au Parlement, respectait les principes de la construction du budget voté l’année dernière au Législatif. Par rapport au programme de la défunte Union Sociale Libérale, l’actuel document prévoit le retour à une TVA de 19% contre 24% actuellement, la réduction de 5% des contributions à la sécurité sociale pour les employeurs, la baisse de la TVA sur les produits agroalimentaires de base — autant de mesures à mettre en œuvre si le cadre fiscal le permet. La TVA et les contributions à la sécurité sociale représentant les recettes les plus importantes, soit 55% du budget renforcé, financent la santé, l’éducation, l’armée, les salaires des fonctionnaires de l’administration publique, l’allocation chômage, les aides sociales et les pensions de retraite.
Selon les analystes, la baisse de la TVA et des contributions à la sécurité sociale auraient des effets positifs sur le milieu des affaires, tout comme un impôt progressif sur les bas revenus. Par contre, les mêmes analystes estiment que de telles mesures auraient un impact négatif sur les recettes budgétaires, et de ce fait, elles devraient s’accompagner de la majoration d’autres taxes ou impôts.
Une opinion que partage aussi le président du Conseil fiscal, Ionut Dumitru, selon lequel la mise en œuvre de ces objectifs dépend en quelque sorte du cadre fiscal disponible : «Ces mesures ne sont pour l’instant qu’envisagées, la formule utilisée étant « si le cadre fiscal le permet ». C’est-à-dire, à l’heure actuelle, les prévisions budgétaires n’existent pas. Les objectifs en question pourront être mis en œuvre si on parvient à trouver des solutions de compensation. Si on veut réduire une taxe, la loi de la responsabilité fiscale stipule qu’il faut identifier une solution de compensation qui relève toujours des recettes budgétaires. »
Le taux unique d’imposition de 16% reste en vigueur dans le nouveau programme aussi, dont les priorités sont toujours la baisse des contributions à la sécurité sociale et l’exemption d’impôt sur le profit réinvesti. Ionut Dumitru estime que la réduction des contributions à la sécurité sociale aurait un impact bénéfique à condition qu’elle soit compensée par une base d’imposition élargie, en éliminant les exceptions en vigueur pour certains types de revenus.
Ionut Dumitru: «Du point de vue du milieu économique, la mesure est décidément la plus adéquate. Le problème c’est de trouver des solutions de compensation. Si on n’arrive pas à élargir la base d’imposition, je ne crois pas que la mesure puisse être appliquée. 5% aurait un impact très important sur les recettes budgétaires. On pourrait discuter de 0,7 –0,8 jusqu’à 1% du PIB. »
Maintenir la croissance économique figure parmi les objectifs du nouveau gouvernement de Bucarest. En 2013, le PIB réel de la Roumanie a augmenté de 3,5% grâce aux exportations dues au rendement industriel solide et à la récolte agricole abondante. Selon les pronostics les plus récents de la Commission européenne, la croissance sera de 2,3% en 2014 et de 2,5% en 2015, la place des exportations en tant que moteur de croissance devant être prise par la demande interne.
En 2013, le déficit budgétaire a régressé par rapport à l’année précédente, passant de 3% à 2,6% du PIB. Il a toutefois été supérieur aux prévisions initiales, qui tablaient sur 2,5%, à cause du cofinancement plus conséquent que prévu, nécessaire à l’absorption des fonds européens. C’est pour cette même raison que le déficit du budget public devrait se chiffrer en 2014 à 2,2% du PIB, contre l’estimation de 2%, donnée à l’automne dernier. Enfin, en 2015, on s’attend à ce qu’il baisse à 1,8%, grâce à un rythme accéléré de l’activité économique et à la stabilité. L’Institut national des statistiques a pourtant fait savoir que les indicateurs de l’activité industrielle avaient enregistré, en janvier 2014 aussi, un recul comparable à celui du mois de décembre. C’était, en fait, la troisième régression consécutive du chiffre d’affaires et des commandes.
De l’avis des analystes économiques, la situation de ces derniers mois devrait constituer une sonnette d’alarme, même si, par rapport au début de l’année, les chiffres sont en hausse. Détails avec l’analyste Aurelian Dochia : «Le déclin que ces indicateurs ont connu pendant trois mois d’affilée commence à revêtir une signification beaucoup plus large. Cela veut dire que l’année 2014 n’a pas débuté sous les meilleurs auspices. Bien sûr qu’il faudrait prendre en compte aussi le fait que c’était l’hiver, qu’une météo parfois plus difficile n’a pas été sans influer sur l’économie. Je suis persuadé qu’en 2014 ce sera toujours l’industrie qui contribuera le plus au PIB, aux côtés des exportations, lesquelles, à leur tour, dépendent largement de l’industrie. »
Selon Aurelian Dochia, vu qu’en 2014 la production agricole serait tout au plus égale avec celle de 2013, la croissance économique de la Roumanie continuera à reposer dans une large mesure sur l’industrie. (trad. : Alexandra Pop, Mariana Tudose)