Les défis de l’année 2017 – deuxième partie
Corina Cristea, 03.02.2017, 16:00
Nous allons rester dans cette ambiance électorale aujourd’hui, car l’Allemagne et les Pays-Bas se préparent eux aussi pour des rendez-vous aux urnes, avec des conséquences sur l’évolution de l’Europe et, donc, avec un impact certain sur la Roumanie. La chancelière allemande, Angela Merkel, brigue cette année un quatrième mandat à la tête du pouvoir exécutif de la république fédérale. L’annonce de la CDU, le parti chrétien-démocrate de Mme Merkel, n’a pas été accueillie seulement avec des applaudissements.
Les opposants radicaux à la politique d’ouverture des frontières allemandes aux réfugiés – dont le fer de lance est le parti d’extrême-droite l’Alternative pour l’Allemagne – réclament haut et fort la démission de la chancelière. Ils accusent une perte du contrôle de l’immigration, mais les chiffres sont formels – le nombre de demandeurs d’asile en Allemagne était en fort recul, en 2016. 280 mille personnes étaient arrivées l’année dernière sur le territoire allemand, contre pas moins de 900 mille, en 2015. Cependant, le nombre de demandes d’asile se monte à quelques centaines de milliers, le gouvernement de Berlin devant prouver qu’il peut assurer une parfaite intégration des réfugiés dont les dossiers sont admis. Combien importantes sont les élections allemandes pour l’Europe et quelles sont les chances de réussite de Mme Merkel?
Le professeur Iulian Chifu, directeur du Centre pour la prévention des conflits de Bucarest précise : « Il s’agit, bien sûr, d’un élément extrêmement important pour l’Europe, l’Allemagne étant le moteur de l’UE. Il y a toujours la possibilité que l’accord droite-gauche – entre l’Union chrétienne-démocrate (CDU) et le Parti social-démocrate (SPD) – perdure et permette à Angela Merkel d’entamer un nouveau mandat dans cette même formule. Nous avons toutefois une montée de l’extrême-droite. Or, le cas du Brexit et celui des élections américaines prouvent qu’il peut y avoir des surprises qui bouleversent les calculs préliminaires. »
Les Néerlandais sont aux aussi attendus aux urnes pour un scrutin législatif, alors qu’ils sont, eux aussi, très mécontents de la gestion du flux migratoire par le gouvernement de La Haye. Le Parti de la liberté, populiste d’extrême-droite, mène dans les intentions de vote. Son leader Geert Wilders a rendu public tout un programme de « désislamisation » du pays, prônant la fermeture des mosquées et des écoles islamiques, l’interdiction de la migration en provenance des pays musulmans, l’interdiction du Coran et du voile. Pour Bucarest, les élections des Pays-Bas peuvent faire deviner la nouvelle approche de La Haye à l’égard de l’entrée de la Roumanie dans l’espace Schengen.
Prévue initialement pour mars 2011, cette adhésion a été reportée à maintes reprises notamment en raison de l’opposition farouche des Pays-Bas, bien que Bucarest réponde aux critères techniques. Doit-on vraiment attendre de nouveaux développements en ce sens ? Le professeur Iulian Chifu estime : « Je ne pense pas que nous ayons des raisons de nous réjouir, car les élections néerlandaises devraient conforter les partis eurosceptiques ; par conséquent, les chances que les Pays-Bas changent d’approche semblent plutôt minces. Cependant, ils avaient réussi à trouver une solution de ratification de l’Accord d’association UE-Ukraine. Dans ce sillage, je pense que nous pouvons identifier une formule européenne qui donne satisfaction à la Roumanie aussi. Néanmoins, vu les réticences en rapport avec l’immigration, je pense que le dossier Schengen est un sujet fermé pour les prochaines années. »
Enfin, nous arrivons au dossier international le plus sensible – la Syrie et l’implication de la Russie dans cette crise. Le professeur des universités, Iulian Chifu, opine : « Certes, la Syrie est un sujet qui continuera à manquer d’issue dans la période à venir. Nous l’avons tous vu – les tentatives de résoudre le problème à court terme, d’avoir un armistice durable, n’ont pas eu de résultats. Les cessez-le-feu conclus sont tous partiels ; la Russie tente d’imposer un certain type de solution, comme elle l’a fait en Ukraine et en Géorgie. A mon avis, cette approche exceptionnaliste et individualiste ne saurait donner des résultats. »
Au contraire, on doit trouver une solution inclusive, qui concerne toutes les parties prenantes à ce conflit, affirme Iulian Chifu, vu les grands problèmes de cette crise – les carnages d’Alep, l’utilisation des armements interdits ou la violation des droits humains. (trad. Andrei Popov)