Les cyberattaques, un risque majeur
« Les menaces cybernétiques s’accentuent de jour en jour et l’on en constate une croissance globale significative ». C’est ce qu’a déclaré Gabriel Mazilu, directeur adjoint du Centre national Cyberint, créé en 2008 dans le cadre du Service roumain de Renseignement. De nos jours, on constate la souveraineté de l’espace cybernétique, parallèlement à un processus de numérisation de différents objets de notre quotidien tels des gadgets photo, audio ou des agendas professionnels.
Corina Cristea, 04.03.2016, 13:28
« Les menaces cybernétiques s’accentuent de jour en jour et l’on en constate une croissance globale significative ». C’est ce qu’a déclaré Gabriel Mazilu, directeur adjoint du Centre national Cyberint, créé en 2008 dans le cadre du Service roumain de Renseignement. De nos jours, on constate la souveraineté de l’espace cybernétique, parallèlement à un processus de numérisation de différents objets de notre quotidien tels des gadgets photo, audio ou des agendas professionnels.
Gabriel Mazilu: « Malgré tous ces avantages, l’espace cybernétique s’accompagne d’une série de vulnérabilités avec des répercussions aussi bien sur les citoyens que sur les Etats. Il est donc important que la cyber-sécurité figure aussi bien parmi les priorités des gouvernements que parmi celles des internautes, qui doivent apprendre comment se mettre à l’abri des dangers cybernétiques. Dans le cyberespace, la plupart des voleurs sont des professionnels de haut niveau. Voilà pourquoi, l’Etat doit se doter lui-aussi d’experts qu’il prépare et utilise par la suite dans ce domaine. »
Tandis que la cybercriminalité coûte des dizaines de milliards de dollars à la planète, la Roumanie s’est fait connaître ces dernières années comme une véritable pépinière de pirates informatiques. Célèbres dans le monde entier, les hackers roumains ont déjoué des systèmes de sécurité informatique de géants célèbres tels la NASA, Youtube, Yahoo ! ou encore la Marine royale britannique. Pourtant, il y a des hackers qui finissent par travailler en tant que spécialistes en informatique auprès de grandes compagnies, qu’ils aident à corriger leur fragilité sécuritaire. D’ailleurs, c’est une société roumaine, Bitdefender, qui a créé l’une des gammes de solutions de sécurité la plus complète et la plus certifiée au niveau international, reconnue comme une des plus rapides et des plus efficaces du marché.
Afin de doter la Roumanie des compétences nécessaires pour faire face à la multiplication des attaques contre les systèmes informatiques de l’État et des entreprises, le Gouvernement de Bucarest a décidé de créer des experts en sécurité des systèmes d’information, à travers des cours spécialisés.
Gabriel Mazilu invoque quatre catégories d’agresseurs cybernétiques- ceux issus des structures de l’Etat et qui ont l’impact le plus fort sur la sécurité nationale; ceux provenant du milieu du crime organisé, les extrémistes et enfin les groupements terroristes: « Malgré les apparences, l’espace cybernétique n’est pas un espace purement technique, mais il propose un mélange de technologies et d’ingénierie sociale. Les hackers se servent de toute sorte d’événements sociaux pour apprendre les nécessités et les besoins des Internautes et les explorer par la suite. Prenons l’exemple d’un moment comme la Saint Valentin quand les pirates peuvent en profiter pour envoyer de faux messages qui, une fois ouverts, risquent de compromettre l’ordinateur. Leur niveau est tel, qu’aucun citoyen normal ne pourrait se protéger en l’absence d’un système antivirus performant et en l’absence d’un soutien accordé par les institutions publiques. »
Gabriel Mazilu plaide en faveur d’une législation spécialisée régissant la cyber-sécurité, d’une norme nationale censée permettre une action cohérente et soutenue de toutes les institutions publiques et privées de Roumanie. Le projet de loi encadrant la sécurité informatique vient d’être soumis au débat public.
Gabriel Mazilu : « La loi est utile, puisqu’elle établit la norme en matière de validité, de solvabilité, de crédibilité. De ce point de vue, le texte doit faire la distinction entre le fournisseur de bonne foi et celui de mauvaise foi. Le processus de réglementation de l’espace cybernétique est beaucoup plus avancé aux pays que nous considérons comme des systèmes de référence. Bien d’entre eux en sont déjà à une deuxième loi encadrant la sécurité cybernétique et peut-être même à une troisième stratégie nationale. Les réglementations respectives n’ont pas causé de préjudice à l’Etat ni de régression économique ou sociale. D’ailleurs, de l’avis des spécialistes, le phénomène suivra une évolution similaire à celle qu’avaient connue les transports aériens. En clair, le durcissement croissant des mesures visant la sécurité, loin de décourager le transport aérien, ont contribué à son essor, en le rendant plus sûr. »
La position géostratégique, ainsi que la qualité de membre de l’UE et de l’OTAN sont autant de facteurs qui expliquent le risque accru de menaces cybernétiques, précise l’adjoint au directeur du Centre national CYBERINT. Ceci étant, la Roumanie n’est pas une victime collatérale, mais la cible d’attaques cybernétiques. (trad. Ioana Stancescu, Mariana Tudose)