L’énergie européenne à l’épreuve de la crise
Après deux années record en termes de résultats en matière d'énergie renouvelable, le pourcentage de l’énergie renouvelable a pour la première fois dépassé le pourcentage de l’énergie fournie par les combustibles fossiles dans notre mix énergétique au premier semestre 2024
Corina Cristea, 04.10.2024, 13:04
Ces dernières années, l’Union européenne est parvenue à surmonter les risques critiques en matière de sécurité énergétique, en reprenant le contrôle des prix et en accélérant la transition vers la neutralité climatique, selon les conclusions du rapport de la Commission européenne sur l’état de l’Union en matière d’énergie, un document présenté en début du mois d’août passé. Ce type de rapport est publié chaque année pour faire le bilan des progrès enregistrés dans la réalisation d’une Union de l’énergie. « Nous avons établi un cadre juridique complet pour mener le secteur de l’énergie vers un avenir décarbonisé », a expliqué le commissaire à l’Energie, Kadri Simson. « L’UE est désormais bien équipée pour atteindre son objectif de neutralité climatique, tout en s’assurant que son industrie demeure compétitive. Nous avons pris des engagements plus importants au sujet des énergies renouvelables et sur l’efficacité énergétique et nous avons réformé les règles du marché de l’énergie. Par ailleurs, l’UE a imposé des standards très exigeants pour économiser l’hydrogène et pour réduire les émissions de méthane. Après deux années record en termes de résultats en matière d’énergie renouvelable, le pourcentage de l’énergie renouvelable a pour la première fois dépassé le pourcentage de l’énergie fournie par les combustibles fossiles dans notre mix énergétique au premier semestre 2024 », a ajouté le haut fonctionnaire européen. Kadri Simson :
« Les investissements écologiques ont atteint un niveau record en raison des plans nationaux de relance et de résilience. Jusqu’à la mi-juin de cette année, sur les 240 milliards d’euros investis dans le cadre de ces plans nationaux, 184 milliards d’euros ont été alloués aux réformes et aux investissements liés à l’énergie. L’intégration du marché et le développement des réseaux et des infrastructures jouent un rôle clé pour assurer l’expansion des sources renouvelables. »
L’Europe devrait s’appuyer de plus en plus sur une énergie plus propre produite en interne et diminuer les importations de combustibles fossiles, pour assurer sa compétitivité à long terme, la sécurité de l’offre, la souveraineté économique et la résilience économique de l’Union, a déclaré Kadri Simson. Nous avons fait des progrès dans la mise en œuvre de nos projets d’intérêt commun et dans l’ajustement rapide de notre infrastructure gazière pour soutenir des modèles alternatifs aux importations en provenance de Russie. Le commissaire européen à l’Energie ajoute :
« Notre unité et notre solidarité nous ont permis de transformer cette crise énergétique en une opportunité. Ensemble, nous avons réussi à mettre fin aux décennies de dépendance à l’égard des combustibles fossiles russes. Nos importations s’élevaient à 150 milliards de mètres cubes de gaz russe chaque année. Or, à l’heure qu’il est ces importations ont chuté à 50 milliards de mètres cubes. Notre dépendance à l’égard des combustibles fossiles russes est passée de 45% en 2021 à 15% l’année dernière. Nos réserves de gaz stocké à l’approche de l’hiver ont atteint 90% de nos capacités de stockage, et cela le 19 août, bien avant le 1er novembre, la date butoir. De plus, les Européens ont réduit leur consommation de gaz de 18% entre 2022 et 2024, ce qui dépasse les objectifs initialement fixés par la Commission. »
Etat membre de l’Union européenne et activement impliquée dans l’effort global de décarbonisation, la Roumanie fait de son mieux pour diminuer sa consommation de gaz naturel. Si quelques années auparavant, les pics de consommation atteignaient jusqu’à 70 millions de mètres cubes par jour, l’année dernière, par exemple, ces pics se sont établis en-deçà de 60 millions, plutôt dans une fourchette qui se situe entre 54 à 55 millions de mètres cubes. Actuellement, les stocks de gaz se trouvent à un niveau record, à près de 94% des capacités. Le stock de charbon dépasse 550.000 tonnes. Aussi, selon les autorités, dans les conditions d’un hiver normal, la Roumanie pourra dépasser la saison froide en s’appuyant uniquement sur la production interne de gaz. Mais au-delà des objectifs liés à la transition énergétique, il existe encore en Roumanie des foyers qui n’ont toujours pas accès à l’électricité. Pour plus de 11.000 personnes et pour près de 5.400 habitations, situées notamment dans des hameaux reculés, l’accès à l’énergie demeure encore et toujours un vœu pieux. C’est pour changer cette donne qu’a été mis sur pied le projet « Energy for Life », censé fournir de l’énergie propre grâce aux panneaux solaires installés dans des zones isolées. Dumitru Chisăliț, président de l’association l’Energie intelligente, explique :
« Au rythme que nous prévoyons, nous apprécions que dans deux ans nous serions en mesure d’éradiquer cette pauvreté énergétique extrême. Certes, avec l’aide du public. En fin de compte, 5.400 habitations n’est pas rien, mais pas non plus une tâche impossible. Selon nos calculs entre 15 et 27 millions d’euros suffiront pour éradiquer cette pauvreté énergétique extrême, de l’argent qui pourrait être obtenu des sources diverses, d’une part, de certains fonds privés et publics, y compris le programme La maison verte, mais également grâce au développement des réseaux de distribution d’électricité. »
Au cours des 4 dernières années, grâce à ce projet, l’association est parvenue à fournir en électricité propre 51 immeubles, dont 39 foyers, 10 bergeries et 2 abris de montagne, situés dans 25 hameaux des 5 départements de Roumanie. (Trad. Ionut Jugureanu)