L’éducation à l’épreuve du futur
9 sur 10 parents du milieu urbain considèrent que l’école ne fournit pas les bons outils pour que les élevés arrivent à se construire plus tard une vraie carrière professionnelle. Un sondage d’opinion, recensant l’avis de quelques 1000 internautes, a mis en exergue le mécontentement des parents quant à la manière dont l’école prépare les enfants pour aborder les métiers de l’avenir. Selon eux, l’on devrait éliminer certaines matières, soi-disant inutiles, et en introduire des nouvelles, mieux adaptées à former les adultes de demain.
Corina Cristea, 17.07.2020, 00:40
9 sur 10 parents du milieu urbain considèrent que l’école ne fournit pas les bons outils pour que les élevés arrivent à se construire plus tard une vraie carrière professionnelle. Un sondage d’opinion, recensant l’avis de quelques 1000 internautes, a mis en exergue le mécontentement des parents quant à la manière dont l’école prépare les enfants pour aborder les métiers de l’avenir. Selon eux, l’on devrait éliminer certaines matières, soi-disant inutiles, et en introduire des nouvelles, mieux adaptées à former les adultes de demain.
Le développement personnel et la créativité constituent ces deux qualités que 70% des parents pensent être indispensables aux professions de l’avenir. Quant aux matières que les parents voudraient bien voir introduire dans le programme scolaire, citons pêle-mêle : les bonnes manières, l’art oratoire, le leadership, les langues vivantes exotiques, les débats publics ou l’écriture créative. Près de la moitié des parents interrogés pensent que les robots et les technologies de pointe seront les domaines les plus recherchés dans les années à venir, et envisagent pour leurs enfants une carrière dans le domaine des technologies de l’information.
Plus d’un quart des parents considèrent l’intelligence artificielle comme un domaine de prédilection pour les futures carrières de leur progéniture, tandis que moins de 25% pensent à la médecine, aux métiers du bâtiment et aux métiers du divertissement. Le dernier rapport global de la compétitivité, mouture 2019, publié par le Forum économique mondial, pointe le manque de main d’œuvre et l’absence d’une pensée critique comme les principales causes du retard enregistré par la Roumanie en matière de compétitivité, cette année. Invitée sur les ondes de Radio Roumanie, la professeure des universités, Andreea Paul, explique sa vision des défis posés par l’avenir : « Pour commencer, abordons ces éléments d’une manière réaliste, pragmatique, sans lamentations. Passons directement aux faits. On n’est ni les meilleurs, ni les pires. On se trouve au beau milieu du classement mondial. Pourtant, voici 50 pays qui font mieux que nous. Là où le bât blesse c’est la pensée critique. Cela se résume à apprendre simplement aux enfants à poser cette question bête : « pourquoi ? ». Comment convaincre nos enfants à mettre en question le système, les matières scolaires, la manière dont les gens agissent, leur perception de la réalité et, surtout, comment les faire réfléchir à leurs avantages compétitifs, en quoi sont-ils meilleurs par rapport aux générations passées ou par rapport à leurs pairs ? »
A l’époque du numérique, l’éducation devrait pouvoir aborder de nouvelles compétences pour faire face aux défis d’un monde en changement perpétuel. Et, pour éviter d’être reléguée en bas du classement de la compétitivité, la Roumanie doit changer, en outre, ses méthodes d’enseignement traditionnelles, en commençant par promouvoir les compétences et les talents des élèves, leur capacité d’adaptation. Mais la Roumanie a commencé à faire les premiers pas dans ce domaine, des laboratoires intelligents, tel SMART LAB 4.0, étant mis en route depuis peu. Ce genre d’outil comprend des tableaux interactifs, des imprimantes et des scanners 3D, ainsi que des robots éducationnels, mais pour l’utiliser à bon escient, encore faut-il former les professeurs, constate Andreea Paul, qui s’est investie dans le développement du projet.: « Les enfants apprennent extrêmement vite, ils se lient carrément d’amitié avec ces technologies intelligentes. Vous savez, pour eux, dessiner à l’aide d’un logiciel 3D est tout aussi facile que lorsque nous faisons un dessin avec un crayon sur une feuille de papier. Mais, les profs, c’est une autre paire de manches. La moitié d’entre eux restent sceptiques, alors que les autres commencent à comprendre les avantages de l’alphabétisation digitale et technologique, cette même technologie qui jettera les bases de la société de demain. Être alphabétisé d’un point de vue numérique et technologique est, aujourd’hui, déjà tout aussi indispensable que savoir lire des livres, comprendre ce que l’on écrit et faire des opérations mathématiques simples, en gros être alphabétisé. »
Aux récents tests PISA, dont l’évaluation fait la part belle aux compétences nécessaires dans la vie personnelle, dans la vie sociale, et pour réussir à intégrer le marché du travail, les élèves roumains ont obtenu les pires résultats des 9 dernières années. Certes, les tests ne vérifient pas spécialement la maîtrise des connaissances, mais plutôt la manière dont les élèves réussiront à appliquer leurs connaissances dans la vie réelle. Et le rapport montre que les besoins éducatifs des adolescents de 15 ans ont évolué, et que donc les enseignants doivent pouvoir aborder et accompagner correctement ces changements. En somme, on a besoin d’une éducation digitale intelligente. Mais qu’est-ce que cela veut signifier, Andreea Paul ?: « Cela veut dire comprendre les interactions des machines intelligentes : ordinateurs, tableaux interactifs, imprimantes 3D, lunettes de réalité augmentée, scanners 3D, mais surtout la façon dont on devrait les utiliser pour faciliter l’enseignement. Beaucoup de choses qu’on nous apprend à l’école devraient pouvoir être visualisées, pour faciliter leur compréhension. Ensuite, il y a la réalité virtuelle. Avec une paire de lunettes appropriées, on peut se projeter au milieu d’un environnement virtuel, tel un globule rouge circulant dans nos veines, tel un touriste spatial au milieu du Cosmos, voler au-dessus du désert du Sahara, de la Grande muraille de Chine ou de l’Amazonie. Grâce à cette technologie, on peut se projeter où on veut. Combien plus facilement pourrait l’enfant comprendre des matières telles que la géographie, la chimie et la physique ? Prenez l’atome, qui ne se laisse pas appréhender aisément. » Je plaide pour que l’on puisse rajouter de la pratique à la théorie, a encore poursuivi Andreea Paul. Les enfants doivent pouvoir créer, s’interroger, poser des questions, pour dire à un certain moment au prof : « Monsieur/ Madame, je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites ».