L’économie sous pression : l’impact de l’inflation
La Roumanie, seul Etat membre de lUnion objet de la procédure, et terminant lannée à 6% de déficit, très loin de lobjectif assumé de 4,4% du PIB, et avec un taux dinflation de 6,61%
Corina Cristea, 02.02.2024, 11:01
Alors que la Roumanie se trouve depuis 2020 en procédure de déficit excessif, cette année elle devrait renverser la vapeur. Un objectif pour le moins ambitieux en année électorale, soit lannée des élections à tous les niveaux : européens, national, local, en sus des présidentielles. Lannée 2023 la Roumanie a dailleurs fait cavalier seul en matière de déficit excessif, étant le seul Etat membre de lUnion objet de la procédure, et terminant lannée à 6% de déficit, très loin de lobjectif assumé de 4,4% du PIB, et avec un taux dinflation de 6,61% selon les données récentes publiées par lInstitut national de la statistique. Per ensemble, presque tous les clignotants ont viré en 2023 au rouge sur le tableau macroéconomique du pays, alors que les décalages entre les estimations du gouvernement et les résultats obtenus nont fait que saccroitre dans tous les domaines, depuis les rentrées jusquà linflation, en passant par le déficit. « 2023 a été une année compliquée sur le plan économique. Le taux dinflation a certes baissé, à linstar des autres Etats membres de lUE, même si à un rythme moins soutenu. Mais la croissance économique sest essoufflée dans la seconde moitié de lannée, et la hausse du PIB sera probablement autour de 2%, bien en-deçà des estimations », notait lissue du mois de décembre du rapport MONITOR de la zone euro, rédigée sous la coordination scientifique de lacadémicien et économiste Daniel Dăianu. Nous avons questionné la position de la Banque nationale face à cette dérive. Son porte-parole, Dan Suciu, détaille. Ecoutons-le :
« Ecoutez, lannée 2023 sest achevée sur une note bien moins pessimiste que nous ne lavons anticipé à ses débuts, mais aussi à certains moments tout au long de lannée. Il y avait des craintes accentuées en matière dinflation notamment, mais également au sujet du taux de croissance. Mais lobjectif principal de la Banque nationale est la maîtrise de linflation, en évitant forcément de faire plonger léconomie, comme ce fut le cas dans dautres Etats de la région. Nous devons par ailleurs nous assurer de conserver des ressources suffisantes en matière de devises, gage de la stabilité financière et économique du pays. Or, ces réserves se trouvent à un niveau historiquement haut. De notre point de vue donc, le bilan de lannée précédente est plutôt positif, ce qui crée des prémisses positives pour 2024. Cette année sera certes marquée par toute une série dincertitudes. Un nouveau paquet fiscal est entré en vigueur le 1er janvier passé, ce qui risque dalimenter linflation durant le 1er trimestre de cette année. Il est toutefois prématuré den mesurer limpact exacte, même si lon ne sattend pas à ce que ce dernier soit significatif. Quoi quil en soit, il faut nous assurer que linflation poursuit sa descente, même durant le premier trimestre de lannée. Mais lobjectif central est la baisse de linflation sur lensemble de lannée, même dans léventualité où on constate une poussée inflationniste durant le premier trimestre. »
Quant aux réserves de la Banque nationale de Roumanie que M. Suciu mentionne dans son intervention, elles ont en effet atteint des records, à 59,77 milliards deuros, soit une augmentation de 13,14 milliards deuros par rapport au 31 décembre 2022. Limportance que ces réserves en devises comportent pour la stabilité financière de la Roumanie est encore souligné par Dan Suciu. Ecoutons-le :
« Ces réserves constituent le capital détenu par la Banque nationale, elles proviennent de différentes sources, et garantissent le fonctionnement correct du système financier du pays, la stabilité des cours déchange, le nécessaire en matière de liquidités, la capacité du pays à avoir accès à des crédits à des taux raisonnables sur les marchés extérieurs, ce qui nous met à labri des poussées inflationnistes. »
Selon certains analystes toutefois, le début de lannée sera malgré tout marqué par une telle poussée, provoquée par la hausse des droits daccises et lélimination de certaines facilités fiscales. La baisse de la monnaie nationale par rapport à leuro constitue une autre des craintes de lanalyste financier Adrian Codirlaşu, vice-président de CFA Roumanie, une association des professionnels de la finance :
« Je mattends à ce que durant les années à venir le leu, la monnaie nationale, reprenne une lente baisse par rapport à leuro, dans la mesure où le taux dinflation de la Roumanie est supérieur au taux dinflation de la zone euro, et dans le contexte du déficit des comptes courants. A cause du nouveau paquet fiscal, les hausses de la TVA, limpôt sur le chiffre daffaires, la hausse des droits daccises, nous aurons une inflation à la hausse en janvier, une hausse dun point, peut-être dun point et demi. »
Aussi, dans le contexte dun déficit qui se maintient élevé, des politiques fiscales laxistes représentent un véritable risque pour linflation, ajoute Adrian Codirlașu.
(Trad. Ionut Jugureanu)