L’économie mondiale face à une nouvelle crise?
Lannée 2016 à peine commencée, certains experts font déjà part de leur pessimisme à l’égard de l’économie mondiale: le ralentissement de la croissance mondiale entamé en 2015 se confirme, tandis que le risque de propagation de la crise chinoise est de plus en plus grand. Est-ce que l’économie mondiale se trouve face à une nouvelle crise?, se demandent de plus en plus d’analystes, qui remarquent une série de similitudes entre le crash de 2007 et la situation actuelle.
Corina Cristea, 11.03.2016, 13:30
Lannée 2016 à peine commencée, certains experts font déjà part de leur pessimisme à l’égard de l’économie mondiale: le ralentissement de la croissance mondiale entamé en 2015 se confirme, tandis que le risque de propagation de la crise chinoise est de plus en plus grand. Est-ce que l’économie mondiale se trouve face à une nouvelle crise?, se demandent de plus en plus d’analystes, qui remarquent une série de similitudes entre le crash de 2007 et la situation actuelle.
Si à l’époque, l’élément déclencheur a été la crise immobilière aux Etats-Unis, à présent, la crise économique chinoise provoquée toujours par le secteur immobilier risque de bouleverser l’économie mondiale entière. En plus, tout comme en 2007, les bourses sont en chute libre et des investisseurs importants préfèrent se retirer des marchés d’actions.
Bien que des voix expertes invitent au calme et affirment qu’il ne s’agit que d’un excès de volatilité, le consultant financier Ionel Blanculescu se montre inquiet et pense que le monde est à l’aube d’une nouvelle crise généralisée: « Pour la première fois depuis des dizaines d’années, l’humanité se confronte à plusieurs facteurs de déclin à la fois. Il s’agit d’abord du prix du pétrole qui a sévèrement chuté parallèlement aux matières premières dont les tarifs ont atteint leur minimum historique. Et puis, il s’agit, bien évidemment, de ce qui se passe en Chine. Autant de facteurs qui s’ajoutent à la situation dramatique que traverse actuellement l’UE, sur fond de crise des réfugiés, mais aussi d’une crise bancaire qui perdure. Autant de facteurs donc qui nous conduisent vers une nouvelle crise majeure. »
Dernièrement, les bourses européennes ont fermé à la baisse après qu’une vague de panique a déferlé sur les marchés financiers. Les pertes se juxtaposent au pire début d’année de ces derniers temps. Mais elles reflètent également les inquiétudes des investisseurs sur les perspectives de rentabilité du secteur, au regard de la compression des marges d’intérêt, du fait de taux d’intérêts qui n’ont cessé de chuter depuis de nombreuses années, et de pressions réglementaires qui ont augmenté les coûts d’exploitation des banques, érodant ainsi leur rentabilité. L’économie mondiale mènera une existence risquée en 2016. Une croissance plutôt modeste dans les pays avancés, qui aura du mal à neutraliser la faiblesse des marchés émergeants, les taux d’inflation et d’intérêts extrêmement bas et les tensions à même de provoquer une nouvelle crise – voilà les prévisions des experts financiers lancés au début de cette année.
Dumitru Miron, professeur à l’Académie d’Etudes économiques de Bucarest, rappelle que l’économie roumaine est de plus en plus intégrée dans celle mondiale et qu’elle ne peut donc pas rester indifférente à ces problèmes: « La Roumanie n’est plus découplée du reste du monde. Son degré d’externalisation est assez important, vu qu’en 2015, elle a enregistré un déficit commercial de presque 12 milliards de dollars. La Roumanie n’est plus un pays isolé. Par ses exportations et importations, par le flux des capitaux et le rapatriement des profits, elle est en connexion avec un milieu économique actuellement trouble. »
En cas de nouvelle crise financière, la Roumanie sera touchée d’une manière similaire à celle d’il y a quelques années, par le biais des exportations, des flux de capitaux étrangers et surtout elle subira les conséquences de la vague de panique mondiale, opine l’économiste Dragos Cabat. « Les banques se refuseront à tout financement des marchés locaux ce qui provoquera une crise des liquidités à effet immédiat: l’absence de cofinancement dans le cas des projets financés de fonds européens. Les exportations souffriront également d’une baisse de la demande, tandis que la panique entraînera l’écroulement de la demande sur le marché intérieur. Les déficits repartiraient à la hausse. Il est vrai que pour l’instant, il n’est pas question de déséquilibres économiques tout aussi forts qu’en 2008, mais on n’est pas totalement à l’abri de la tempête. »
Avec un taux de croissance économique de plus de 3%, une monnaie nationale plutôt stable et la dette extérieure remboursée au FMI, on dirait que l’économie roumaine se porte plutôt bien. Pourtant, les statistiques sont parfois trompeuses. La raison? Les performances d’ordre général reposent parfois sur un développement inégal de l’économie, avec un accent sur le commerce et un déclin de la production.
A l’heure où l’on parle, la Commission européenne a amélioré ses estimations de croissance économique pour la Roumanie, en prévoyant un taux de 4,2% avant la fin de l’année. Pourtant, en 2017, il baissera à 3,7%, selon Bruxelles. Le principal moteur de la croissance économique reste la demande intérieure, tandis que la contribution nette des exportations sera négative. En cas de nouvelle crise mondiale, la Roumanie sera affectée le plus probablement vers la deuxième moitié de l’année en cours par la hausse du chômage, la baisse de l’activité et le ralentissement des salaires. (trad.: Ioana Stăncescu)