Le sommet de l’OTAN de Londres
Les leaders des Etats membres de l’OTAN, réunis au début de mois de décembre à Londres, ont adopté une déclaration commune où ils réaffirment l’unité des alliés et admettent, pour la première fois, l’émergence de nouveaux défis provoqués par l’ascension de la Chine au rang de puissance globale. Par ailleurs, le même document fait état des actions agressives de la Russie, qui constituent une menace pour la sécurité euro-atlantique. Enfin, la déclaration se veut rassurante, en soulignant son caractère défensif et sa disponibilité au processus de désarmement. Néanmoins, l’Alliance va continuer à renforcer ses capacités militaires, censées décourager des menaces potentielles, en assurant une défense crédible, faite d’un mix des systèmes de type nucléaire, conventionnel et antimissile, adaptés en permanence.
Corina Cristea, 20.12.2019, 14:12
Les leaders des Etats membres de l’OTAN, réunis au début de mois de décembre à Londres, ont adopté une déclaration commune où ils réaffirment l’unité des alliés et admettent, pour la première fois, l’émergence de nouveaux défis provoqués par l’ascension de la Chine au rang de puissance globale. Par ailleurs, le même document fait état des actions agressives de la Russie, qui constituent une menace pour la sécurité euro-atlantique. Enfin, la déclaration se veut rassurante, en soulignant son caractère défensif et sa disponibilité au processus de désarmement. Néanmoins, l’Alliance va continuer à renforcer ses capacités militaires, censées décourager des menaces potentielles, en assurant une défense crédible, faite d’un mix des systèmes de type nucléaire, conventionnel et antimissile, adaptés en permanence.
Le professeur des universités Iulian Chifu, président du Centre pour la prévention des conflits et d’alerte précoce, évalue les résultats du sommet comme une véritable avancée. Ecoutons-le : « Nous avons eu ce Conseil, la déclaration finale et des documents, dont la teneur est plutôt encourageante. Ces documents réaffirment l’engagement de tous autour d’une série de thématiques, y compris au sujet de l’article 5. Ce qui est vrai c’est que ce n’est pas l’OTAN en soi qui a des problèmes, c’est juste que les différents leaders de l’Alliance ont des agendas différents, mais qui ne sont pas nécessairement contradictoires. Peu importe, car l’OTAN continue d’avancer, et le principe « un pour tous et tous pour un » demeure d’actualité, étant vivement soutenu par tous les membres de l’Alliance. »
Les divergences au sein de l’Alliance Atlantique sont inhérentes, mais ce qui est important c’est la communauté des points de vue en ce qui concerne la sécurité, la lutte contre le terrorisme ou les provocations lancées par la Russie, a souligné, à Londres, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg. La déclaration finale fait par ailleurs état du désir de réfléchir sur l’avenir de l’Alliance, déclaration fortement soutenue par le président français Emmanuel Macron. Celui-ci ne renie pas son affirmation quant à l’état de mort cérébrale de ladite Alliance, étayant ses propos par les actions militaires de la Turquie en Syrie et par l’achat par Ankara du système antimissile russe.
Enfin, les leaders de l’OTAN ont, pour la première fois, abordé ouvertement l’ascension de la Chine sur le plan international. Iulian Fota, analyste en matière de sécurité, explique : « C’est la première fois dans son histoire que l’OTAN aborde le sujet de la Chine, et de son ascension sur le plan international. C’est un changement de cap. Et beaucoup d’experts pensent que l’avenir de l’Alliance et son évolution future, seront en lien avec son positionnement par rapport à la montée en puissance de la Chine sur l’échiquier international. Car, s’il s’agit d’identifier une puissance concurrente de l’Occident, une puissance qui représente un défi à moyen et long terme pour l’Occident, tout le monde sait qu’il s’agit de la Chine, et non pas de la Russie. La Russie, en dépit des problèmes qu’elle soulève, ne constitue pas une menace à plus long terme, ne dispose pas des ressources ni des capacités nécessaires pour occuper cette place et défier l’OTAN à plus long terme. »
Quant à la Roumanie, il est certain que le sommet de l’OTAN a pris en considération les intérêts stratégiques de la Roumanie dans la mer Noire. Iulian Chifu : « Je pense que l’on peut lire juste les 9 derniers points de la déclaration finale pour avoir la quintessence de ce sommet. Un sommet qui marque du coup les 70 années d’existence de l’Alliance, un sommet spécial donc, et où la Roumanie marque des points, notamment parce que l’Alliance réaffirme son intérêt pour la région de la mer Noire, devenue l’une de ses priorités, un espace opérationnel pour l’OTAN, au même titre que l’espace conventionnel, le cybernétique et le spatial. »
Iulian Chifu précise que, dans le contexte mouvant qu’est le nôtre, l’Alliance de l’Atlantique Nord est l’organisation internationale qui s’est le mieux adaptée aux changements géopolitiques actuels. Un processus d’adaptation qui doit se poursuivre, affirme à son tour le Roumain Mircea Geoană, adjoint au secrétaire général de l’OTAN, dans une interview pour Radio Roumanie. : « Nous sommes une alliance qui s’est adaptée mieux que toute autre aux défis de nature globale. En revanche, il nous reste la dimension politique de l’Alliance, qui devrait être abordée par les chefs d’Etats et de gouvernements. Car si l’on veut garder cette capacité d’adaptation, de garder notre rang de bouclier de l’Occident démocratique, nous ne pouvons le faire qu’à travers une relation transatlantique forte, en renforçant le pilier européen au sein de l’OTAN, et en s’appuyant sur une UE plus robuste. »
Et si l’Alliance de l’Atlantique Nord fait à l’heure actuelle état d’une santé reluisante, il n’en reste pas moins qu’elle doit maintenir sa capacité à s’adapter aux nouveaux défis, au milieu d’un monde en perpétuel mouvement. (Trad. Ionuţ Jugureanu)