Le projet Artémis
Mis
en œuvre par la NASA, avec le soutien de l’Agence spatiale européenne, le programme Artémis s’évertue à marquer le retour des
êtres humains sur la Lune. L’équipe comprendra, pour la première fois, aussi
une femme. La troisième mission Artémis vise ainsi à lancer des astronautes
vers le satellite naturel de la Terre en 2025. Ce sera ainsi le premier
équipage censé réussir l’alunissage après une interruption de 50 ans depuis l’arrêt
de la mission Apollo.
Corina Cristea, 07.04.2022, 21:06
Mis
en œuvre par la NASA, avec le soutien de l’Agence spatiale européenne, le programme Artémis s’évertue à marquer le retour des
êtres humains sur la Lune. L’équipe comprendra, pour la première fois, aussi
une femme. La troisième mission Artémis vise ainsi à lancer des astronautes
vers le satellite naturel de la Terre en 2025. Ce sera ainsi le premier
équipage censé réussir l’alunissage après une interruption de 50 ans depuis l’arrêt
de la mission Apollo.
Dans
le cadre de cette collaboration, le module de service, fourni par l’Agence
spatiale européenne, transportera de l’air, de l’azote et de l’eau pour
l’équipage, ainsi que des systèmes d’alimentation et de propulsion pour Orion, le
vaisseau spatial habité, conçu par la NASA. Afin d’établir des orientations et
des principes communs, en prenant en compte les meilleures pratiques
applicables à l’ensemble du programme d’exploration pacifique de la Lune, de la
planète Mars, des astéroïdes et des comètes, la NASA avait lancé une série d’accords,
connus sous le nom des accords Artémis.
La
Roumanie, qui les a signés au début du mois de mars, devient ainsi le 16e
pays signataire du programme. Elle assume de la sorte la responsabilité de
prendre les mesures appropriées pour s’assurer que les entités tout comme les
opérateurs privés agissant en son nom respectent les principes édictés.
« Nous
avons rejoint le programme Artémis pour explorer la Lune mus par un esprit de
collaboration. (…) Mais l’avantage principal de notre investissement dans ce
projet consiste en la capacité de ce dernier de devenir à terme un véritable aimant
pour la jeune génération, qui sera davantage attirée vers la science, la
découverte, l’innovation, toutes ces choses que les robots, l’Intelligence
artificielle, ne peuvent toujours pas faire. C’est aussi un moyen de faire
comprendre combien plus important est le défi de découvrir, d’explorer et de
défendre la planète, plutôt que de se faire la guerre entre nous », avait déclaré
lors de la signature des accords le président de l’Agence spaciale roumaine (la ROSA), le physicien Marius-Ioan Piso.
Les
accords Artémis contiennent, réaffirment et développent plusieurs des principes
qui régissent le droit de l’espace, conformément aux règles et aux pratiques
énoncées dans le Traité régissant l’activité des États depuis 1967 dans le
domaine de l’exploration et de l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique.
Il s’agit de principes tels que l’exploration pacifique, la transparence,
l’aide d’urgence, l’accès libre aux données scientifiques ou la préservation du
patrimoine, des principes énoncés dans ces Accords qui ont vocation à
s’appliquer aux activités spatiales civiles menées par les agences compétentes
de chaque État signataire.
Invité sur les ondes de Radio Roumanie, le président de l’Agence spatiale
roumaine, Marius-Ioan Piso, explique combien le Traité signé voilà 55 ans est
toujours d’actualité.
Marius-Ioan
Piso : « Les
questions fondamentales régies par ce traité sont celles principalement liées
au droit de propriété sur d’autres planètes, sur les autres corps célestes, sur
des régions de l’univers. Les autres questions portent sur l’accès et l’utilisation
des ressources dans l’espace, c’est-à-dire sur la possibilité d’intervenir dans
l’espace afin, mettons, d’en extraire et d’en rapporter des ressources, sur la
Terre. Il y a enfin un autre sujet, et qui devrait constituer une évidence pour
tout le monde, celui de l’utilisation pacifique de l’espace. En gros, il n’y a
pas de grands changements dans le droit de l’espace, à l’exception peut-être de
la question des ressources. Au niveau européen, une initiative a été lancée, pour
fonder un centre de ressources spatiales, au Luxembourg. De fait, le droit de
l’espace s’approche en tous points du droit de la mer. Remplacez l’Antarctique
à la Lune, et vous comprendrez le droit dont les nations se sont dotées pour
régir leurs relations avec ce territoire. Evidemment, comparaison n’est pas
raison, et le parallèle s’arrête là, car les capacités et les coûts nécessaires
pour investir ces territoires respectifs ne sont d’évidence pas les mêmes. »
En
termes de ressources spatiales, ce sont d’hypothétiques diamants ou encore les
métaux lourds, que certains météorites ou astéroïdes semblent receler, qui sont
particulièrement visés, nous explique le physicien Marius – Ioan Piso. Par ailleurs, il semblerait que la présence de l’isotope 3 de
l’hélium dans le satellite naturel de la Terre, carburant potentiel pour de
futurs réacteurs à fission, affûte toutes les convoitises.
Nous
parlons là d’évidence d’un objectif commercial de la recherche spatiale, explique
Marius-Ioan Piso : « La Lune est, avant tout, d’intérêt pour la
science fondamentale, et c’est à cet égard que son étude s’avère essentielle.
La Lune peut aussi fournir des emplacements pour nos détecteurs, pour des
systèmes de mesure, accueillir des expériences qui ne peuvent se dérouler dans
des conditions similaires sur la Terre. La Lune peut également nous fournir
beaucoup d’informations sur ce qui s’est passé, et sur ce qui se passe dans
notre région terrestre. La surface lunaire fonctionne comme une sorte de
magnétophone, une sorte d’enregistreur de l’histoire, et cela depuis 4 ou 5
milliards d’années, depuis qu’elle existe. La Lune pourrait par ailleurs
s’avérer une base de lancement très appropriée pour des missions vers d’autres
planètes, vers Mars par exemple. Lancer un vaisseau depuis la Lune serait
beaucoup plus simple, grâce à sa force d’attraction bien plus faible, d’une
dixième de celle exercée par la Terre. »
Bill
Nelson, administrateur de la NASA, abondait d’ailleurs dans le même sens, à
l’occasion de la cérémonie de signature des accords Artémis, en martelant :
« Plus que jamais, il est important de travailler ensemble au-delà des
frontières, pour renforcer nos partenariats, et assurer l’utilisation pacifique
de l’espace extra-atmosphérique ». Par ailleurs, dans le contexte où la
Roumanie et les États-Unis entretiennent des relations diplomatiques depuis
plus de 140 ans, la NASA se félicite de l’esprit d’exploration que la Roumanie
apporte dans le domaine de l’espace, au moment où nous sommes en train d’ouvrir
ensemble une nouvelle voie de l’exploration spatiale, a encore ajouté à cette
même occasion le président de l’Agence spatiale américaine. (Trad. Ionuţ Jugureanu)