Le poids des activités humaines sur le climat
L’Agence internationale de l’énergie a récemment mis en garde l’industrie de ressort, notamment en décourageant les investisseurs de se lancer dans le financement de nouveaux projets dans les industries du pétrole, du gaz naturel et du charbon, à plus forte raison que le monde s’évertue d’atteindre la neutralité climatique d’ici 2050. Pourtant les émissions de gaz à effets de serre ne cessent de battre de nouveaux records cette année, alors que le l’économie mondiale tend de se relever de la crise provoquée par la pandémie de Covid-19. Cette reprise économique tant attendue est pourtant loin de faire le bonheur de la nature et du climat. Et si les gouvernements tardaient de réagir en faveur de la réduction des émissions des gaz à effets de serre, les choses iraient en s’empirant en 2022, a ajouté l’agence. Pour sa part, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé les pays développés à éliminer progressivement l’utilisation du charbon d’ici 2030, et à mettre fin à la construction de nouvelles centrales électriques au charbon, alors que la demande d’électricité devrait connaître la croissance la plus rapide de ces dix dernières années.
Corina Cristea, 10.09.2021, 10:36
Malgré tout, il y a aussi de bonnes nouvelles, telle l’augmentation de la part de la production d’énergie solaire et éolienne en Chine. Ou encore la bonne nouvelle en provenance de Berlin, où le gouvernement fédéral avait adopté un plan censé accélérer la mise en œuvre des objectifs climatiques, pour que l’Allemagne puisse atteindre la neutralité d’ici 2045. En effet, les pays développés ont pris des engagements ambitieux ces derniers mois pour réduire leurs émissions polluantes, et ces promesses se doivent d’être honorées. De son côté, le président français Emmanuel Macron a plaidé pour que les États africains ne restent pas « prisonniers » des énergies fossiles et puissent aller de l’avant avec le reste du monde, en attirant des investissements massifs dans les énergies renouvelables.
Ces appels marquent de fait un changement de paradigme au niveau de l’économie, mais aussi au niveau sociétal, croit savoir le professeur d’universités Mircea Duțu, au micro de nos collègues de Radio Roumanie.« Au cours des deux derniers siècles, le développement que l’on a connu était principalement basé sur l’utilisation des énergies fossiles: le pétrole, le charbon et le gaz méthane. Dans ces conditions, et surtout pour pouvoir marier préservation de la vie sur la planète et développement économique, il a bien fallu passer du fossile au renouvelable, peut-être au nucléaire, et utiliser des sources d’énergie caractérisées par un faible taux de rejet de gaz à effet de serre. L’objectif principal de l’action mondiale cherchant à limiter le désastre climatique qui nous guette, et à adapter notre développement à ces contraintes, envisage tout simplement de limiter la hausse de la température moyenne mondiale à moins de 2 degrés, voire, si possible, de la garder en-deçà de 1,5° par rapport aux niveaux préexistants, soit par rapport à ceux qui avaient cours à l’époque préindustrielle. En même temps, on veut pouvoir atteindre la neutralité climatique à mi-siècle, pour réussir à limiter au maximum la hausse de la température globale. »
Mais dans quelle mesure pourrait-on accuser les activités humaines d’avoir accéléré le phénomène du changement climatique ? Selon la climatologue Roxana Bojariu, l’impact des activités humaines sur la hausse des températures ne fait plus aucun doute et peut aujourd’hui être étayé de façon bien plus précise qu’il y a dix ans. En effet, c’est à partir de la seconde moitié du 20e siècle qu’une augmentation majeure de la température moyenne globale a pu être observée, une hausse provoquée, selon les spécialistes, avec une probabilité de 95 %, par les activités humaines, comme le précise le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Et les preuves scientifiques abondent, nous tacle Roxana Bojariu :« Selon les expériences numériques, qui représentent pour la climatologie ce que sont pour la physique les expériences de laboratoire, l’on constate qu’à moins de prendre en considération l’augmentation de la concentration des gaz à effet de serre, nous n’aurions aucune chance d’obtenir cette tendance lourde, qui voit augmenter la température moyenne mondiale. Ainsi, les facteurs naturels n’ont pratiquement aucun effet sur la création de la tendance. Ni l’activité du soleil, ni l’activité volcanique ne peuvent expliquer d’aucune manière cette hausse impressionnante, et vous voyez bien que nous battons tous les records en matière de hausses de température, et que ça ne s’arrête pas. Les six dernières années ont été les six années les plus chaudes depuis que l’on mesure la température, soit depuis la seconde moitié du XIXe siècle. La dernière décennie a été la plus chaude de toutes les décennies jamais enregistrées. Mais ces enregistrements se sont également accompagnés de phénomènes extrêmes. Pas plus loin que l’année dernière, nous avons eu dans l’Atlantique la saison des ouragans la plus terrible que l’on ait connue. Dans le même temps, on assiste à une fonte accélérée de la calotte glaciaire au Groenland, mais aussi dans l’ouest de l’Antarctique. Malheureusement, de tels phénomènes, ça ne fait que débuter, vous savez. Nous connaîtrons en Roumanie des incendies tels qu’il existe en Australie, ou en Amazonie, tel qu’il y a dans le sud de l’Europe. Des expériences numériques montrent qu’en Roumanie même, les feux de végétation auront malheureusement un impact croissant à mesure que la hausse de la température moyenne mondiale se poursuit, à mesure que le changement actuel s’amplifie.»
Nous avons certainement besoin d’atteindre cette neutralité climatique en 2050. Cela signifie que toute activité humaine qui a pour conséquence de produire des émissions de gaz à effets de serre doit avoir un contrepoids, pour que, dans l’ensemble, nous ayons zéro émission nette et que la pression sur l’environnement devienne moins dommageable, achève Roxana Bojariu.(Trad. Ionut Jugureanu)