Le plan Marshall pour la reconstruction de l’Ukraine
Corina Cristea, 11.11.2022, 13:57
Au mois d’août, la Banque mondiale, la Commission européenne et le
gouvernement ukrainien évaluaient à 252 milliards de dollars les dégâts
provoqués par la Russie en Ukraine. Le montant de 350 milliards de dollars
était avancé par les mêmes organisations pour les besoins de reconstruction du
pays. Mais cette situation ne prenait pas en considération les dernières
attaques russes contre l’infrastructure énergétique vitale et les villes
ukrainiennes. Par ailleurs, la santé financière de l’Ukraine semble se dégrader
de jour en jour, l’addition de la guerre s’alourdissant avec chaque nouvelle
frappe russe. Avec une contraction du PIB estimé de 30 à 35% pour cette année, l’Ukraine
se voit confrontée aux difficultés financières engendrées par la guerre, mais
aussi par les charges de sa dette publique.
C’est dans ce contexte que le chancelier allemand et la présidente de la
Commission européenne, Ursula von der Leyen, ont avancé l’idée d’un plan Marshall
pour l’Ukraine, à l’instar du plan de reconstruction soutenu par les Etats-Unis
à la fin de la Deuxième Guerre mondiale pour aider l’Europe à se reconstruire.
« Il faut commencer à reconstruire les bâtiments
résidentiels détruits par la guerre, les écoles, les routes, les ponts, l’infrastructure
de communication et l’infrastructure énergétique du pays, pour que l’Ukraine se
relève aussi vite que possible », ont plaidé de concert les deux leaders dans
les colonnes du quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung. C’est la
manière dont l’Ukraine sera reconstruite qui sera déterminant dans la forme que
prendra le pays à l’avenir. « Un Etat respectueux de sa constitution et
doté des institutions modernes ? Une économie agile et moderne ? Une
démocratie vibrante, européenne ? » L’ensemble de la communauté internationale
devrait « s’engager de manière résolue dans la reconstruction de l’Ukraine »,
ont-ils ajouté, en précisant toutefois que cela prendra des « années,
voire des décennies ». Et ils ont martelé de l’urgence de la mise sur
pieds d’un plan Marshall du 21e siècle. « Il faut réfléchir comment créer une Ukraine
plus développée, plus durable, plus résiliente. Ce pays pourrait devenir un
producteur de poids dans les énergies renouvelables et un exportateur des
produits industriels et agricole de qualité, voire un centre du monde digital,
bénéficiant des compétences de haut vol », avait encore estimé le chancelier
Scholz.
La cheffe de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a fait à son tour appel aux
bonnes volontés internationales pour la reconstruction de l’Ukraine. « Nul
pays au monde, ni même l’UE ne peut assumer seule l’amplitude de l’effort
financier que nécessitera la reconstruction de l’Ukraine. On a besoin pour cela
de nos partenaires, des Etats-Unis, du Canada, du Japon, du Royaume-Uni, de l’Australie
et des autres pays, tout comme de l’effort des institutions internationales,
telle la Banque mondiale. Chaque euro, chaque lire, chaque yen seront utiles à
la reconstruction de l’Ukraine et représenteront en même temps un investissement
dans le renforcement des valeurs démocratiques dans le monde entier, avait
encore ajouté la cheffe de l’Exécutif européen.
Ursula von der Leyen : « Des milliers de foyers ont été détruits. Plusieurs centaines d’écoles
réduites en poussière. D’innombrables ponts, routes, centrales électriques l’infrastructure
ferroviaire, l’industrie bombardés. Pour les Ukrainiens, il ne s’agit pas juste
des chiffres. Cela représente leur quotidien. Il s’agit pour eux de pouvoir
avoir un toit au-dessus de la tête, du chauffage en hiver, des salles de classe
où leurs enfants se sentent en sécurité. Il s’agit pour eux de pouvoir aller à
leur travail, de pouvoir gagner leur croûte de pain, gander leur existence. Les
Ukrainiens vivent des jours terribles, terrifiants. L’Europe a soutenu l’Ukraine
dès le premier jour du conflit. Nous ne pouvons pas compenser les sacrifices qu’ils
font tous les jours. Mais nous pouvons être à leurs côtés. Nous avons mis sur
pieds les sanctions les plus durs à l’égard de la Russie. Dans l’ensemble, les
Etats membres, l’UE et les institutions financières européennes ont offert à l’Ukraine
plus de 19 milliardsd’euros, sans prendre en compte le coût de l’assistance militaire. »
Plus encore, les
Européens ont ouvert leurs cœurs et leurs maisons pour accueillir plus de 8
millions de réfugiés qui ont fui la guerre. De ces 8 millions, 4 ont d’ores et
déjà sollicité le statut de protection temporaire, avait encore ajouté Ursula
von der Leyen : « Il y a
3 points clés selon moi. Il faut d’abord nous assurer que l’Ukraine reçoive
tout le soutien dont elle a besoin, depuis l’aide d’urgence jusqu’à l’aide pour
la reconstruction. Nous avons ensuite besoin d’un bon plan pour que l’aide que
l’on fournit soit aussi inclusive que possible. Enfin, l’Ukraine bénéficie
aujourd’hui du statut de pays candidat. Il faut donc l’épauler, et orienter les
efforts de reconstruction de l’Ukraine à ce desiderata ».
Lors d’une intervention vidéo par internet, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, a fait à son tour appel aux investissements
internationaux, estimant les besoins financiers, censés équilibrer le déficit
de son pays, à 38 milliards de dollars, pour la seule année prochaine. Mais Bruxelles a d’ores et déjà déployé un large éventail de
mesures en soutien à l’Ukraine, notamment dans les domaines de la santé, l’énergie,
l’alimentation et l’agriculture, après avoir enclenché le mécanisme de
protection civile de l’UE. La Commission européenne a également pris des
mesures censées faciliter les exports ukrainiens, en supprimant ses barrières douanières.
Enfin, grâce à la Directive pour la protection temporaire, les réfugiés
ukrainiens bénéficient d’un accès non restrictif sur le marché de l’emploi, à
la santé et à l’éducation dans tout l’espace communautaire. (Trad Ionut
Jugureanu)