Le plan ambitieux de la réindustrialisation de la Roumanie
La Roumanie lance un important plan pour la réindustrialisation du pays qui s’adresse aussi bien aux grands industriels qu’aux PME.
Corina Cristea, 11.10.2024, 09:56
Une première tentative de revitaliser l’industrie
C’est pour la première fois ces 35 dernières années que la Roumanie lance un important plan pour la réindustrialisation du pays. Venu après des décennies de désindustrialisation rampante où l’on a assisté au départ de beaucoup d’industries, doté d’un paquet de 3 milliards d’euros, le plan, qui s’adresse aussi bien aux grands industriels qu’aux PME, est censé donner un coup de pouce à ce qu’était le fleuron de l’économie roumaine d’avant 1990.
Aux manettes de ce plan, le vice premier ministre Marian Neacșu précise :
« Il s’agit d’un premier plan de ce type, censé revitaliser l’industrie roumaine. Pendant et après la pandémie, l’industrie roumaine et européenne en ont souffert. Affectée par la crise énergétique, par la guerre en Ukraine, par la pénurie des matières premières, la part de l’industrie dans le PIB roumain ne cesse de diminuer. Et cet état de fait affecte la croissance économique. C’est le premier argument. Il y a ensuite le déficit de notre balance commerciale, où des pans entiers de notre industrie marquent le pas. Prenez, selon les données de l’INS pour le premier semestre de cette année, nous avons exporté pour 3 milliards d’euros de produits pétrochimiques et en importer pour 10,6 milliards. D’où un déficit de 7,6 milliards d’euros produit en ce seul domaine. En matière de machines et équipements nous en avons exporté pour 25,26 milliards et en importer pour 27 milliards. En matière de produits manufacturés, c’est la même rengaine : 8,6 milliards d’exportations pour 12,6 milliards d’importations. Il nous fallait donc agir pour revitaliser l’industrie roumaine et pour tenter de réduire le déficit de notre balance commerciale en cette matière ».
Les trois axes du plan
Le plan concocté par Bucarest comprend trois axes : soutenir les investissements stratégiques, aider la transition énergétique au sein de grandes compagnies, soutenir enfin les producteurs de matières premières.
Marian Neacșu : « Il s’agit d’un plan ambitieux, fruit d’une stratégie plus globale de réindustrialisation, même si affirmer cela de cette manière pourrait vous sembler un brin présomptueux. Mais c’est un premier pas dans cette voie. Une stratégie que nous comptons néanmoins poursuivre au moins à l’horizon 2031, même si les premiers effets de nos actions devraient être perceptibles entre 2025 et 2028 ».
Des retours positifs
Invité sur les ondes de Radio Roumanie, l’économiste et professeur des universités Mircea Coșea se montre plutôt optimiste, alors même qu’il estime que ce plan pourrait être encore amélioré :
« L’accent mis par ce plan sur la sidérurgie, sur la métallurgie, sur la pétrochimie, aussi utile qu’il soit montre en même temps notre retard en termes d’évolution industrielle par rapport au reste de l’Europe. Quoiqu’on en fasse, ces industries demeureront des industries énergivores et polluantes. A l’heure actuelle, la plupart de cette production est réalisé dans les pays du BRICS. En importer pourrait nous coûter moins cher que d’en produire. Regardez un peu du côté de la Hongrie. Elle aussi a mis au point son plan de réindustrialisation. Mais son plan encourage les nouvelles technologies, la recherche scientifique en matière des technologies de l’information. Le plus important centre de recherches et développement Huawei est basé à Budapest. C’est là qu’ils conçoivent les batteries électriques et les voitures électriques de dernière génération. Il nous faudrait donc mettre l’accent sur les industries nouvelles, sur les nouvelles technologies, investir dans la recherche et le développement, ne pas se contenter d’acquérir des autres des licences de fabrication pour la production industrielle que nous développons ».
Une opinion qui en dépit des apparences rejoint les ambitions industrielles du gouvernement de Bucarest. En effet, selon ce dernier, « la nouvelle stratégie industrielle vise la modernisation de l’industrie roumaine, l’amélioration de son niveau de compétitivité, dans un souci de poursuivre la transition vers une industrie verte et digitalisée ». (Trad Ionut Jugureanu)