Le parcours européen de Chişinău
Les hésitations de la société et de la classe politique quant à la direction à imprimer au développement du pays constituent la principale raison pour laquelle la République de Moldova ne compte pas encore parmi les membres de l’UE, aux côtés d’autres ex-républiques soviétiques telles les pays baltes. C’est l’avis exprimé par le premier ministre moldave, Iurie Leancă, lors d’un forum sur l’avenir de la République de Moldova au sein de l’UE récemment organisé à Chişinău par la Fondation Konrad Adenauer.
Corina Cristea, 21.11.2014, 12:00
Les hésitations de la société et de la classe politique quant à la direction à imprimer au développement du pays constituent la principale raison pour laquelle la République de Moldova ne compte pas encore parmi les membres de l’UE, aux côtés d’autres ex-républiques soviétiques telles les pays baltes. C’est l’avis exprimé par le premier ministre moldave, Iurie Leancă, lors d’un forum sur l’avenir de la République de Moldova au sein de l’UE récemment organisé à Chişinău par la Fondation Konrad Adenauer.
Voici les arguments de Iurie Leancă : « En ’91, la Moldova et la Lettonie étaient deux républiques soviétiques situées à peu près au même niveau économique et social. La Lettonie est actuellement un pays où la retraite moyenne est de 300 euros, le salaire moyen mensuel de 800 euros, les subventions agricoles se chiffrent à 180 euros par hectare, pour ne plus parler du climat de sécurité sociale et politique. Je suis persuadé que si la Lettonie a réussi là où nous avons échoué, ce n’est pas parce que nous serions moins intelligents, moins actifs, mais parce que depuis ’91 nous n’avons cessé d’hésiter. Nous avons hésité, n’ayant pas un objectif très clair, une vision sur l’avenir de ce pays et sur le système politique que nous souhaitions adopter, ne sachant pas où nous ancrer et quelle sorte de règles imposer. Les conséquences en sont un Etat dont les institutions sont encore faibles et dominées par le facteur politique. »
Pourtant, la République de Moldova est actuellement plus près de Bruxelles que jamais. Sur la toile de fond des prochaines élections parlementaires, prévues en République de Moldova le 30 novembre, le président moldave, Nicolae Timofti, est persuadé que l’ancienne république soviétique à population roumanophone majoritaire pourra présenter sa demande d’adhésion à l’UE en 2015. Le 30 novembre, la coalition pro-européenne au pouvoir devrait affronter les partis de gauche, qui plaident pour un rapprochement avec la Russie. « Le statut de pays candidat à l’adhésion va accélérer le processus de modernisation des structures de l’Etat et permettra de renforcer la sécurité du pays », affirmait le président moldave, Nicolae Timofti. Il soulignait l’importance de ce scrutin pour la poursuite du parcours européen de Chişinău. « L’octroi du statut de candidat à l’adhésion sera de nature à stimuler les politiques d’intégration, contribuera à la modernisation des institutions publiques, plaçant la République de Moldova dans un espace conventionnel de sécurité, à l’abri des défis auxquels la région est confrontée », concluait le leader de Chişinău.
La ratification, à la mi-novembre, par le Parlement européen de l’Accord d’association de la République de Moldova à l’UE est passée pour une réalisation majeure aussi bien dans les yeux de Chisinau qu’à ceux de Bruxelles qui en font un succès essentiel pour accroître la transparence, la croissance économique, la stabilité et la prospérité de ce pays. Signé le 27 juin dernier, à Bruxelles, l’accord a été ratifié par le Parlement moldave le 2 juillet. Par la suite, sept Parlements nationaux sur les 28 de l’UE ont ratifié le document jusqu’à présent. Parmi ceux-ci – le Législatif de Bucarest. Selon un dernier sondage d’opinion, les partis pro-eurasiatiques dominés par la Russie ont connu dernièrement une régression face à ceux pro-européens.
Pourtant, au cas où les formations pro-occidentales de Chisinau n’obtiennent pas assez de voix pour rester au pouvoir, les analystes moldaves n’excluent pas la nécessité de mettre en place un gouvernement de large coalition qui englobe aussi les communistes.
Le correspondant Radio Roumanie, à Chisinau, Vasile State : « Six formations moldaves ont des chances réelles d’intégrer le nouveau Parlement unicaméral de Chisinau, apprend-on d’un baromètre d’opinion réalisé par l’Institut de Politiques publiques. Sur leur ensemble, trois – à savoir le Parti libéral-démocrate, le Parti démocrate et le Parti libéral – ont exprimé sans équivoque leur option européenne, tandis que les trois autres – les Parti communiste, Socialiste et celui de la Patrie sont plutôt favorables au rapprochement de Moscou. Il convient pourtant de mentionner que dernièrement, la formation communiste de l’ancien président moldave, Vladimir Voronine, a nuancé son discours en affirmant ne pas dénoncer l’accord d’association avec l’UE. Selon le sondage, si des élections parlementaires avaient lieu dimanche prochain en République de Moldova, les trois partis pro-européens obtiendraient ensemble 33% des voix, tandis que les trois autres sont crédités de 29% des intentions de vote. Pourtant, former une majorité parlementaire s’avère un véritable parcours du combattant dans un pays où le rapport des forces entre les deux camps politiques est presque égal ».
Le directeur de l’Institut des Politiques Publiques, Arcadie Barbarosie, n’exclut pas une alliance formée par les partis pro-occidentaux et les communistes : « On ne saurait exclure une coalition plus large avec la participation, par exemple, du Parti communiste moldave, afin d’assurer la stabilité du pays pour les six années à venir. Car, si d’ici deux ans, on ne donne pas un chef d’Etat, on se verra contraints d’organiser une fois de plus des élections anticipées. Donc, il faut qu’on trouve une solution stable pour les 4-6 ans à venir. »
En réplique, le sociologue Ion Jigau affirme qu’une éventuelle alliance des communistes, socialistes et membres du Parti de la Patrie ne sera pas capable d’assurer la stabilité en République de Moldova. (Trad. Dominique, Ioana Stancescu)