La vulnérabilité des Etats membres de l’OTAN
Alors
que le paysage de sécurité devient de plus en plus complexe, l’OTAN prend des
mesures pour s’assurer qu’elle puisse relever les défis actuels et futurs.
Réunis au sommet de Bruxelles, les dirigeants de l’Alliance ont approuvé le
plan intitulé « OTAN 2030 », soit le paquet de mesures censées
adapter l’Alliance atlantique aux défis d’aujourd’hui et de demain, soit le
plus important plan dont l’Alliance s’est dotée depuis des décennies. Cela
comprend, entre autres, une nouvelle politique de cyberdéfense, un nouvel
engagement en faveur de la résilience et, pour la première fois, l’Alliance a
également pris la résolution de s’attaquer aux risques de sécurité représentés
par le changement climatique.
Corina Cristea, 06.08.2021, 10:43
Alors
que le paysage de sécurité devient de plus en plus complexe, l’OTAN prend des
mesures pour s’assurer qu’elle puisse relever les défis actuels et futurs.
Réunis au sommet de Bruxelles, les dirigeants de l’Alliance ont approuvé le
plan intitulé « OTAN 2030 », soit le paquet de mesures censées
adapter l’Alliance atlantique aux défis d’aujourd’hui et de demain, soit le
plus important plan dont l’Alliance s’est dotée depuis des décennies. Cela
comprend, entre autres, une nouvelle politique de cyberdéfense, un nouvel
engagement en faveur de la résilience et, pour la première fois, l’Alliance a
également pris la résolution de s’attaquer aux risques de sécurité représentés
par le changement climatique.
L’Europe
et l’Amérique du Nord doivent être fortes au sein de l’OTAN pour défendre nos
valeurs et nos intérêts, en particulier à un moment où des régimes
dictatoriaux, comme celui qui a cours en Russie, tentent d’établir un nouvel
ordre international, avait déclaré à l’occasion le secrétaire général de
l’Alliance, Jens Stoltenberg. Dans le même temps, avait-il ajouté, les États
membres sont préoccupés par ce qu’il a appelé les « politiques coercitives » de
la Chine, et les défis que ces dernières posent pour la sécurité de l’Alliance
de l’Atlantique Nord. Le patron de l’Alliance a noté l’expansion rapide de l’arsenal
nucléaire de la Chine et les exercices militaires conjoints déroulés avec la
Russie dans la zone euro-atlantique, ainsi que la politique de désinformation menée
tambour battant par Pékin.
Invité
par Radio Roumanie, Iulian Chifu, directeur du Centre de prévention des
conflits et d’alerte précoce, réalise une analyse du document otannien : « La
Russie demeure le principal ennemi de l’Alliance. Les catégories de menaces
venant de Russie sont clairement identifiées dans le document, je dirais même mieux
qu’elles ne l’avaient été lors du sommet de Varsovie. Nous disposons maintenant
de toute cette information, toute la panoplie de menaces qui trouvent leurs
sources en Russie est clairement nommée et détaillée. Mais nous remarquons l’entrée
de la Chine, identifiée pour la première fois comme une menace par l’OTAN, dans
ce document qui détaille les défis stratégiques qui se posent devant l’Alliance.
A cet égard, nous remarquons une augmentation des inquiétudes concernant la
Chine et nous voyons également la migration des préoccupations de l’Alliance, depuis
les menaces de type hybride, l’Afghanistan, le danger du terrorisme externe,
vers une zone où les principales préoccupations sont constituées par les
cyberattaques et, son corolaire, la cybersécurité, la sécurité technologique, concept
à la mode, et qui prend de plus en plus d’espace dans la stratégie de sécurité.
La Roumanie a par ailleurs réussi à faire valoir ses objectifs, tant au niveau
de l’Alliance, qu’au niveau de la défense et du renforcement de la position de
défense et de dissuasion du flanc oriental de l’Alliance, dans la région
étendue de la mer Noire. Enfin, il a été
fait mention de ce centre Euro-atlantique pour la résilience, installé à
Bucarest, et qui a vocation à devenir un centre d’excellence de l’OTAN. »
L’histoire
montre que la région d’Eurasie n’a jamais connu dans son histoire deux
puissances hégémoniques à la fois. Si, à l’heure actuelle, la Chine et la
Russie sont mues par certains intérêts communs, dictés par la présence de cette
superpuissance américaine au cours des 30 dernières années, il est probable qu’à
moyen terme, l’on assiste à l’émergence d’alliances qui pourraient nous sembler
saugrenues à l’heure actuelle, croit savoir le professeur des universités
Adrian Cioroianu, ancien ministre roumain des Affaires étrangères. Selon lui, la
question des intérêts communs, partagés à long terme par la Chine et la Russie,
se posera sans doute dans quelques années.
Adrian Cioroianu : « Parce que cette
situation pourrait, certes, conduire les deux puissances à une forme de
coopération contre l’Occident, mais elle peut aussi les amener à des tensions
croissantes. Elles partagent le même espace d’influence, le même espace de
pouvoir, et alors, de ce point de vue, j’estime que le danger représenté par la
menace russe devrait diminuer dans les années à venir aux yeux de l’OTAN. La
Russie est un concurrent en termes d’influence en Europe, mais ce n’est pas
forcément un concurrent global, en termes de croissance, telle la Chine. »
La
montée en flèche de la Chine dans l’agenda atlantiste s’explique, selon Adrian
Cioroianu, par le fait que, dit-il, quelque chose d’absolument nouveau est apparu
au cours de la dernière décennie, un élément qui ne trouve pas de correspondant,
ni même durant la guerre froide qui avait marqué le XXe siècle : « Pendant
la guerre froide, qui avait opposé l’Occident à l’Union soviétique, l’Occident,
les États-Unis en l’occurrence, avait détenu en permanence la suprématie
technologique. Que l’Union soviétique ait investi dans son arsenal ou dans la
technologie spatiale, les Américains avaient toujours une longueur d’avance. Or,
de ce point de vue, l’on craint que la Chine puisse ravir la vedette et avoir
une longueur d’avance, dans certains domaines de la recherche technologique, telle
l’intelligence artificielle, qui repose sur la collecte de données. Or, dans le
monde globalisé des nouvelles technologies, dans le monde dans lequel nous
vivons, la notion de frontière disparaît. Et le secrétaire général de l’OTAN avait
très bien souligné cette idée : lorsque l’on parle des cyber-frontières,
nous nous retrouvons tout près les uns des autres. Et la Chine s’est fortement rapprochée
de nos frontières, de nos frontières numériques, ce qui se traduit par du cyber
espionnage, par le vol des droits de propriété intellectuelle, par le vol des
données de grandes entreprises, des multinationales du monde entier. »
Ces
accusations sont réelles et bien connues et, poursuit le professeur Cioroianu,
il s’agit d’une compétition qui n’est qu’à ses débuts, d’une rivalité qui va se
poursuivre dans le domaine de la haute technologie et de l’intelligence
artificielle. (Trad. Ionut Jugureanu)