La vocation européenne de la République de Moldova
« L’avenir de la
République de Moldova n’est pas garanti si la guerre en Ukraine ne s’achève de
la manière que l’on souhaite tous, et cela même qu’une invasion russe de cet
Etat soit de toute façon hautement improbable. Car si l’Ukraine cédait, la
vocation européenne de la république de Moldova serait compromise, ce qui
équivaudrait en termes d’effets à une occupation de facto de cet Etat par
la Russie », appréciait sur les ondes de Radio Roumanie Dan Dungaciu, le directeur de l’Institut des Sciences politiques et des Relations Internationales de l’Académie roumaine. dans une récente analyse de la
situation internationale de l’ex-république soviétique, habitée par une
majorité de roumanophones. La sécurité de cette république demeure la clé de
voûte de sa vocation européenne, rappelle Dan Dungaciu, qui croit savoir que le
précédent de l’intégration européenne de la république de Chypre ne saura être
répliqué par Bruxelles dans le cas de la république de Moldova. Dan Dungaciu:
Corina Cristea, 05.05.2023, 14:44
« L’avenir de la
République de Moldova n’est pas garanti si la guerre en Ukraine ne s’achève de
la manière que l’on souhaite tous, et cela même qu’une invasion russe de cet
Etat soit de toute façon hautement improbable. Car si l’Ukraine cédait, la
vocation européenne de la république de Moldova serait compromise, ce qui
équivaudrait en termes d’effets à une occupation de facto de cet Etat par
la Russie », appréciait sur les ondes de Radio Roumanie Dan Dungaciu, le directeur de l’Institut des Sciences politiques et des Relations Internationales de l’Académie roumaine. dans une récente analyse de la
situation internationale de l’ex-république soviétique, habitée par une
majorité de roumanophones. La sécurité de cette république demeure la clé de
voûte de sa vocation européenne, rappelle Dan Dungaciu, qui croit savoir que le
précédent de l’intégration européenne de la république de Chypre ne saura être
répliqué par Bruxelles dans le cas de la république de Moldova. Dan Dungaciu:
« Quoi qu’il en soit,
la voie la plus directe pour l’intégration européenne de la république de
Moldova passe encore et toujours par la Roumanie. La Roumanie demeurera la seule
voie de recours de la république de Moldova, fut-ce dans le pire scénario. La
Roumanie demeurera à ses côtés, prête à assumer son rôle, son partenariat, en
dépit des aléas de l’histoire, fit-elle tragique. Et, de fait, passer par la
Roumanie constitue la voie la plus directe de l’intégration européenne de la
république de Moldova, cela relève de l’évidence. Cet Etat s’est retrouvé jeté malgré
lui dans un contexte d’incertitudes, provoqué par la guerre menée par la Russie
en Ukraine. Et nous ne pouvons qu’espérer que la ligne de front demeure aussi
éloignée que possible des frontières de la république de Moldova. La présidente
moldave, Maia Sandu, l’avait d’ailleurs rappelé : si les troupes russes
parviennent toucher Odessa et le pourtour de la mer Noire, la défense de la
république de Moldova deviendrait hasardeuse. Cet Etat se voit donc confronté à
un souci major pour parvenir à assurer sa sécurité ».
La
position de neutralité de la république de Moldova, qui demeure à mi-chemin
entre l’Est et l’Ouest, n’est effectivement pas en mesure de la protéger,
affirme encore le directeur de l’Institut des Sciences politiques et des
Relations internationales de l’Académie roumaine Dan Dungaciu. La Russie n’est
sans doute pas prête de relâcher la pression, considérant toujours la
république de Moldova comme faisant partie de sa zone d’influence, et tentant d’imposer
une direction politique pro-russe à Chisinau. Selon la présidente
pro-européenne Maia Sandu, si l’héroïsme des défenseurs ukrainiens a pu tenir
les troupes russes loin de la frontière moldave, son pays fait malgré tout face
à ce qu’elle a appelé une guerre hybride. Même son de cloche de la part d’Anatol Şalaru, analyste politique et ancien membre du gouvernement de
Chisinau :
« La république de Moldova fait face à des formes
de guerre hybride de la part de la Russie. Il s’agit notamment de tentatives de
déstabilisation du pouvoir légitime. Regardez ces manifestations téléguidées,
organisées toutes les semaines par le parti Sor, et qui ne poursuivent aucun objectif
sinon purement politique. Il s’agit des manifestations bidon, les gens sont
payés pour y prendre part, cela peut aller de 20 euros à plusieurs milliers d’euros,
en fonction des responsabilités dont sont chargés les manifestants par leurs sponsors
indélicats. Malheureusement, le gouvernement légitime a été lent à réagir. Il y
a quelques mois encore, le pouvoir se refusait de dénoncer de tels agissements,
tout comme le rôle endossé par la Russie dans cette provocation. »
Ce genre de pressions pilotées depuis Moscou peuvent déstabiliser aisément
la situation à Chisinau, d’autant que les institutions censées défendre les
intérêts de la petite république roumanophone demeurent fragiles. L’issue de la
guerre en Ukraine demeure donc d’une importance capitale pour assurer la sécurité
de la république de Moldova, alors que ladite sécurité demeure un élément
essentiel pour préserver ses chances européennes. Anatol Şalaru :
« Vous savez, une fois actée la victoire
ukrainienne, l’armée russe stationnée dans la république séparatiste de
Transnistrie n’aura rien à faire que de plier armes et bagages. Plus personne
ne permettra le maintien de ce cap de pont russe, dans cette enclave illégale
située entre l’Ukraine et la république de Moldova. Qui plus est, Moscou ne
sera plus en mesure de financer et de soutenir logistiquement les séparatistes pro-russes
de cette enclave. Les séparatistes, qui vivent aujourd’hui des retombées du gaz
russe et de l’aide financière assurée par Moscou, vont se retrouver à court de
ressources. Le gaz russe, traverse d’abord l’Ukraine avant de rejoindre la Transnistrie.
Ces ressources disparaîtront au grand dam des séparatistes ».
Il n’en va pas moins que la république de Moldova
traverse aujourd’hui une période trouble, et qu’elle serait en de bien mauvais
draps sans le soutien que lui assure la Roumanie, note encore Anatol Șalaru. Par ailleurs, affirme le commentateur, la
Roumanie s’est toujours érigé en l’avocat des intérêts moldaves devant les
institutions européennes, défendant bec et ongles, à chaque occasion, le
soutien apporté par Bruxelles à la petite république voisine. C’est que la république
de Moldova risque de constituer le maillon faible de la zone, et qu’en l’absence
du soutien consenti par la Roumanie et par l’UE à son égard, la république de
Moldova risquerait de se retrouver dans de bien mauvais draps, achève son
analyse Anatol Şalaru. (Trad. Ionut Jugureanu)