La sécurité dans la région de la mer Noire
Une conférence, tenue récemment à Bucarest, et portant sur les défis sécuritaires du flanc Est de lOTAN, a mis en évidence la nécessité de renforcer les capacités de lAlliance dans la région de la mer Noire, région marquée par des conflits gelés et des tensions latentes. Parce que, aussi, la vulnérabilité potentielle de cette région ne tarde pas à se muer en une vulnérabilité globale de lAlliance. Dans quelle mesure lOTAN est-elle prête à affronter les nouveaux défis sécuritaires posés par la région, cest la question formulée à loccasion de cette conférence par le président roumain, Klaus Iohannis. Occasion de plaider en faveur dune présence renforcée, unitaire et cohérente de lAlliance sur son flanc Est.
Corina Cristea, 16.08.2019, 13:42
Une conférence, tenue récemment à Bucarest, et portant sur les défis sécuritaires du flanc Est de lOTAN, a mis en évidence la nécessité de renforcer les capacités de lAlliance dans la région de la mer Noire, région marquée par des conflits gelés et des tensions latentes. Parce que, aussi, la vulnérabilité potentielle de cette région ne tarde pas à se muer en une vulnérabilité globale de lAlliance. Dans quelle mesure lOTAN est-elle prête à affronter les nouveaux défis sécuritaires posés par la région, cest la question formulée à loccasion de cette conférence par le président roumain, Klaus Iohannis. Occasion de plaider en faveur dune présence renforcée, unitaire et cohérente de lAlliance sur son flanc Est.
Le président Klaus Iohannis : « La sécurité de la région de la mer Noire et celle du flanc Est de lAlliance a un impact direct sur la sécurité de lAlliance euro-atlantique. Toute vulnérabilité de nature sécuritaire de la région de la mer Noire a un impact direct sur la sécurité de lAlliance dans son ensemble, et facilite des entreprises potentiellement hostiles. LOTAN est-elle prête à faire face à ces défis ? Certes, lAlliance a prouvé sa capacité de mobilisation, à travers les mesures entreprises à compter de 2014, ensuite par les décisions prises au sommet de Varsovie de 2016, enfin aux sommets de Bruxelles de 2017 et de 2018. Mais ceci nest pas suffisant. Pour ce qui est de la région de la mer Noire, nous avons besoin dune vision cohérente et coordonnée, en termes politiques ainsi que sur le terrain, en termes opérationnels, pour rétablir léquilibre des forces en présence dans la région et dissuader toutes actions hostiles ».
Une vision stratégique de lAlliance pour la région demeure vitale, a encore souligné le leader de Bucarest, ce qui présuppose lexistence dun plan des opérations, le suivi des évolutions dans la région, le renforcement de la présence de lOTAN et de ses capacités de défense, en parallèle avec laccroissement de la résilience des alliés de lOTAN dans la région, tels lUkraine, la Georgie et la République de Moldova. Selon Bucarest, une présence alliée unitaire, consolidée et cohérente dans les régions de la mer Noire et de la mer Baltique est indispensable pour réaliser une dissuasion crédible de lOTAN face aux menaces potentielles. Dautre part, de cette conférence est ressortie lidée que le renforcement de la capacité de défense de lUE demeure dans lintérêt de lOTAN, les programmes et les opérations des deux entités devant être complémentaires.
James Appathurai, assistant adjoint du secrétaire général de lOTAN, responsable des affaires politiques et des politiques de défense de lAlliance, a soutenu que, dans le contexte international actuel, lOTAN et lUE devraient se rapprocher davantage. Ce rapprochement savère dautant plus nécessaire dans le contexte actuel qui a vu une détérioration rampante du niveau de sécurité, à cause notamment des actions terroristes et de linstabilité provoquée par les actions de la Russie. Ces éléments appellent une mobilisation des capacités de lAlliance pour assurer la sécurité de tous les Etats membres, estimait le responsable de lOTAN, qui affirmait : « Une Europe renforcée dans le domaine de la défense pourra assumer plus de responsabilité et une plus grande part du fardeau commun. Ce sera au bénéfice de lOTAN, aussi longtemps que les capacités de défense qui sont mises à la disposition de lAlliance appartiennent aux Etats membres. Le partenariat renforcé entre lUE et lOTAN et la relation transatlantique demeurent les piliers essentiels pour pouvoir répondre de manière adéquate aux risques de sécurité qui menacent les deux structures ».
Cette position est par ailleurs partagée par le Service européen pour laction extérieure, une institution de lUE lancée le 1er décembre 2010 et qui épaule le Haut représentant de lUE pour la politique étrangère et de sécurité commune dans lexercice de son mandat. Linstitution a été représentée lors de la conférence de Bucarest par son secrétaire général adjoint, Jean-Christophe Belliard, qui na eu de cesse de souligner le besoin pour lUnion européenne de faire davantage pour assurer sa propre sécurité, et ce en complémentarité avec lOTAN.
Lexpert américain de la défense transatlantique et de la sécurité énergétique et coordinateur du Centre danalyse des politiques européennes, Peter Doran, présent lui aussi à la conférence de Bucarest, a parlé à son tour de la nécessité de renforcer la relation transatlantique: « Notre organisation essaye didentifier les meilleures voies pour renforcer les relations entre les Etats-Unis et leurs alliés, surtout dans la région de la mer Noire. Je peux déjà vous donner trois modalités qui pourraient aider à laccomplissement de cet objectif : dabord, en renforçant la coopération dans les domaines de la sécurité et la défense, ensuite dans le domaine de lénergie, enfin autour dun concept indestructible, celui de la liberté. Ces trois thèmes peuvent renforcer les liens qui unissent la Roumanie et les Etats-Unis. »
Quant à la Roumanie, elle demeure certainement très intéressée par sa sécurité vu notamment les dernières évolutions régionales, soulignait le chef de la diplomatie roumaine, Teodor Meleşcanu. Il a expliqué que ce nest pas un hasard que la sécurité constitue la deuxième priorité de la présidence roumaine du Conseil de lUE, après la cohésion.
Teodor Meleşcanu: « Concernant les questions dintérêt pour notre région, comme par exemple la situation dans les Balkans de lOuest, il a toujours existé une convergence stratégique entre les visions de lOTAN et de lUE. Cela représente un modèle de ce que peut être la coordination stratégique et le renforcement de notre capacité dagir en commun ».
Et il est sans doute dans lADN politique de la Roumanie de défendre haut et fort cette relation transatlantique et le partenariat entre lUE et lOTAN, qui constitue la clef de voûte de la sécurité européenne, a encore ajouté Teodor Meleşcanu. (Trad. Ionut Jugureanu)