La Roumanie, un pôle énergétique?
La création de l’Union Energétique est une des priorités de la Commission Européenne pour la période 2014 – 2019. C’est aussi un objectif déclaré du président de la Commission, Jean Claude Juncker, dès le début de son mandat. Un projet ambitieux, d’autant plus que l’espace communautaire est le plus grand importateur d’énergie au monde, avec plus de la moitié de la quantité mondiale d’énergie consommée. La tendance est à la hausse, devant atteindre environ 70% d’ici 15 ans. On ne saurait oublier les «crises du gaz» engendrées par le conflit commercial entre la Fédération de Russie et l’Ukraine en 2006 et 2009, auxquelles s’ajoute l’actuelle situation incertaine aux frontières entre les deux pays – autant d’arguments en faveur de l’urgence de la sécurité énergétique de l’UE, mise en danger par sa dépendance du gaz russe.
Corina Cristea, 14.08.2015, 14:00
La création de l’Union Energétique est une des priorités de la Commission Européenne pour la période 2014 – 2019. C’est aussi un objectif déclaré du président de la Commission, Jean Claude Juncker, dès le début de son mandat. Un projet ambitieux, d’autant plus que l’espace communautaire est le plus grand importateur d’énergie au monde, avec plus de la moitié de la quantité mondiale d’énergie consommée. La tendance est à la hausse, devant atteindre environ 70% d’ici 15 ans. On ne saurait oublier les «crises du gaz» engendrées par le conflit commercial entre la Fédération de Russie et l’Ukraine en 2006 et 2009, auxquelles s’ajoute l’actuelle situation incertaine aux frontières entre les deux pays – autant d’arguments en faveur de l’urgence de la sécurité énergétique de l’UE, mise en danger par sa dépendance du gaz russe.
En avril 2014, une délégation polonaise a fait un pas important dans cette direction, en transmettant à la Commission européenne et aux Etats membres un document sur la création d’une Union Energétique Européenne. La feuille de route s’appuie sur plusieurs piliers: développer l’infrastructure et les mécanismes de solidarité, renforcer le pouvoir de négociation des Etats membres et de l’UE avec des tiers, diversifier les sources d’énergie – notamment de pétrole et de gaz naturel – et consolider la communauté énergétique.
Antérieurement, la position de Varsovie avait été expliquée par son premier ministre de l’époque, Donald Tusk, dans une interview au journal Fianancial Times. L’occasion pour M. Tusk de souligner la nécessité d’avoir au niveau de l’UE un organisme commun chargé de la négociation et de l’acquisition de l’énergie. Son rôle sera de contre – balancer le monopole de la Russie et de rétablir, dans le temps, un marché concurrentiel libre. L’initiative polonaise a été reçue avec intérêt au niveau européen et soutenue vivement par la Grande Bretagne, qui a envoyé à son tour plusieurs propositions visant à renforcer la coopération dans le domaine de l’énergie. Pourtant, toute l’Europe n’a pas été convaincue. Un tel plan supposerait des efforts trop importants, avertissent les sceptiques, mettant en question le niveau de confiance institutionnelle pour ce qui est du stockage commun et des transactions à l’intérieur d’un panier énergétique européen.
Pour sa part, Bucarest s’intéresse vivement aux propositions de sécurité énergétique de la Pologne et de la Grande Bretagne. Et pour cause : son implication active dans l’établissement de la future politique européenne en matière d’énergie peut aider à renforcer la position de la Roumanie en tant que producteur et hub énergétique en Europe du Sud-Est.
Pour l’instant, la Roumanie a signé au mois de mai, à Riga, aux côtés de la Bulgarie, de la Hongrie et de la Slovaquie, une déclaration commune visant l’interconnexion régionale dans le secteur du gaz naturel. Une initiative dans le contexte des efforts conjoints, européens et régionaux, de renforcer la sécurité énergétique. Elle confirme l’engagement des 4 pays à concrétiser l’Union Energétique, en soutenant des projets d’infrastructure énergétique en Europe Centrale et Orientale financés avec des fonds communautaires, affirme le ministre roumain des AE, Bogdan Aurescu : «Premier aspect très important : le texte fait référence à la diversification des sources et des routes d’approvisionnement en gaz naturel. Deuxièmement, il parle de la proposition de la Commission Européenne de créer l’Union énergétique. Enfin, son principal but est de promouvoir la mise en œuvre des interconnexions en système bidirectionnel entre les pays signataires ».
Beaucoup moins dépendante du gaz russe par rapport aux d’autres Etats membres, la Roumanie pourrait devenir un pôle énergétique important, a-t-on souligné lors d’une conférence tenue au Parlement Européen à l’occasion de la Journée de l’Energie Roumaine. La correspondante de Radio Roumanie à Bruxelles, Cerasela Radulescu, tire les conclusions de cet événement qui a réuni spécialistes du domaine, euro-parlementaires roumains et responsables de la Commission Européenne : «L’infrastructure énergétique obsolète de l’Europe, les marchés peu intégrés, surtout au niveau transfrontalier, ainsi que l’absence d’une coordination des politiques énergétiques nationales – tout cela signifie que les Européens et les sociétés commerciales de l’UE ne bénéficient pas d’un nombre plus large d’options, ni d’une baisse du prix de l’énergie. C’est ce qu’a constaté la Commission européenne en élaborant son projet ambitieux de création de l’Union Energétique. Il convient aussi de mentionner que 6 Etats membres dépendent d’un fournisseur extérieur unique pour toutes leurs importations de gaz, à savoir la Russie. La plupart de ces pays se trouvent en Europe Centrale et du sud-est.»
Ce n’est pas toutefois le cas de la Roumanie, ont souligné les organisateurs de la conférence. A leur avis, la Roumanie peut devenir un pôle énergétique important dans la région, surtout à l’aide d’investissements européens dans son infrastructure. (Trad. Valentina Beleavski)