La Roumanie, le point de vue des investisseurs
La Banque nationale de Roumanie réalise tous les ans une étude sur la dynamique des investissements étrangers directs. Dans sa dernière mouture, l’étude fait état d’un volume d’investissements totalisant 5,26 milliards d’euros pour l’année 2018. Il semble que ce soit la meilleure année depuis 2008, même si l’on est encore loin des 9,5 milliards d’euros enregistrés alors. Les investissements ont ciblé, dans l’ordre, le commerce, l’industrie, la finance, les assurances, les constructions et enfin l’immobilier. Les Pays-Bas se taillent la part du lion, suivis par l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie, la France, Chypre et Suisse.
Corina Cristea, 11.10.2019, 14:29
La Banque nationale de Roumanie réalise tous les ans une étude sur la dynamique des investissements étrangers directs. Dans sa dernière mouture, l’étude fait état d’un volume d’investissements totalisant 5,26 milliards d’euros pour l’année 2018. Il semble que ce soit la meilleure année depuis 2008, même si l’on est encore loin des 9,5 milliards d’euros enregistrés alors. Les investissements ont ciblé, dans l’ordre, le commerce, l’industrie, la finance, les assurances, les constructions et enfin l’immobilier. Les Pays-Bas se taillent la part du lion, suivis par l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie, la France, Chypre et Suisse.
L’économiste Aurelian Dochia apprécie la tendance à la hausse des investissements, tout en soulignant qu’en termes relatifs, rapportés au nombre d’habitants, ces chiffres placent la Roumanie toujours derrière les pays de Višegrad, soit la Tchéquie, la Pologne et la Hongrie. Aurelian Dochia : « Le flux des investissements directs est une source d’oxygène pour la Roumanie. Plus encore, il a une influence positive sur le déficit, équilibrant la balance commerciale. Tout le monde craint que le déficit ne pèse trop fortement sur cette balance. Mais tant qu’il sera compensé par des injections de capital, tel les investissements externes, tout va bien. Surtout lorsque le capital est investi dans des secteurs économiques à fort potentiel de croissance. Pourtant, les données dont on dispose nous montrent qu’une partie importante de ces investissements vont s’orienter vers le commerce, or dans ce cas il s’agit donc d’un secteur qui s’adresse au marché intérieur, ce qui ne va pas mener à un accroissement de la production qui aide au remboursement des prêts et à un rééquilibrage de la balance commerciale. Malgré tout, les investissements étrangers demeurent essentiels pour la bonne santé de l’économie roumaine. Et la bonne nouvelle est que la Roumanie demeure toujours attractive aux yeux des investisseurs, qui considèrent qu’elle dispose encore d’une marge de croissance importante dans de nombreux domaines. Le coût de la main d’œuvre reste attractif, encore bien inférieur aux marchés français et allemand, et cela en dépit des hausses salariales de ces dernières années. Et puis le marché roumain est de plus en plus intégré au marché européen, ce qui constitue un autre argument de poids pour les investisseurs étrangers».
Pourtant les défis ne manquent pas. Les tensions présentes sur le marché du travail et l’accroissement des déficits en font partie. Mais, à moyen terme, les spécialistes tablent sur la poursuite des investissements étrangers sur la même lancée, vu les décalages entre la Roumanie et les pays de la région, décalages qui n’attendent qu’à être comblés, notamment en matière d’infrastructure, mais également de productivité. La confiance dont jouit l’économie roumaine au sein de la communauté des investisseurs s’est récemment traduite par la promotion de la Bourse de Bucarest, devenue place émergente secondaire dans l’indice FTSE Russell.
Cette bonne note ouvre à la bourse de Bucarest l’accès à des fonds d’investissements dont le volume devient trente fois plus important que le volume des fonds sur lesquels la bourse roumaine pouvait compter auparavant. Lucian Anghel, président du Conseil d’Administration de la Bourse de Bucarest, souligne qu’il ne s’agit point d’une décision politique, mais bien des conclusions des analystes d’un comité composé d’investisseurs, de banquiers et de financiers internationaux qui gèrent un portefeuille de plusieurs centaines de milliards d’euros. « Selon Wood&Company, depuis la montée en grade de notre place boursière, la valeur des fonds d’investissements censés s’intéresser aux valeurs de la bourse de Bucarest est devenu 128 fois plus importante qu’auparavant. Certes, ces investisseurs ne vont pas tous se ruer sur le marché roumain, mais ce qui importe c’est qu’ils peuvent maintenant le faire, alors qu’auparavant, selon leurs règles, ils ne le pouvaient pas. Alors, maintenant, voyez-vous, l’on joue dans une autre ligue. »
Et ce n’est que le début d’une belle aventure selon les spécialistes, qui n’ont de cesse de pousser à la poursuite des efforts de modernisation et de développement de la Bourse de Bucarest, pour qu’elle raffermisse son nouveau statut. (Trad. Ionuţ Jugureanu)