La menace du virus Zika
Corina Cristea, 11.02.2016, 18:40
LOrganisation mondiale de la Santé a appelé les Etats européens à se préparer dès maintenant à une éventuelle épidémie provoquée par le virus Zika, à lapproche de la saison printemps-été. Apparemment bénigne, linfection à virus Zika est soupçonnée dêtre à lorigine de graves malformations congénitales du cerveau du fœtus lorsque les femmes enceintes sont contaminées. Le virus sévit en Amérique du Sud, notamment au Brésil, mais il est également signalé dans quelques pays dEurope, chez des personnes rentrant dAmérique latine.
Le président de la Société roumaine de microbiologie, Alexandru Rafila, a assuré que, pour linstant, le virus ne menace pas la Roumanie. « Nous navons rien à craindre, pour le moment. Ce virus est actuellement responsable de maladies qui se manifestent dans la zone tropicale des deux Amériques. Dans leur majeure partie, ce sont des maladies légères, qui guérissent sans traitement. Ce qui préoccupe les autorités de santé publique des pays de la région cest une possible corrélation entre linfection à virus Zika et lapparition de certaines anomalies congénitales chez les enfants nés de mères contaminées. On a pu constater une flambée de cas de microcéphalie. »
Le virus Zika a été identifié la première fois en Ouganda, dabord chez les singes rhésus, en 1947, ensuite chez lhomme, en 1952, en Ouganda et en Tanzanie. Malheureusement, le virus se propage de manière alarmante. Les premiers cas de contamination avaient été rapportés au Brésil en mai dernier, alors quà présent leur nombre sélève à près dun million et demi. Cest le moustique tigre qui est le vecteur du virus Zika en Amérique latine, explique Alexandru Rafila: « Zika se transmet par piqûre de moustique. Les symptômes sont généralement absents, mais, dans sa forme manifeste, la maladie saccompagne de fièvre, de douleurs articulaires et de conjonctivite. Linfection par le virus Zika guérit sans traitement, en quelques jours seulement, voire une semaine. Pour linstant, on na pu prouver de manière scientifique que la transmission de la mère au fœtus. »
Les hommes de science brésiliens prennent pourtant également en compte la possibilité que le virus Zika se transmette dhumain à humain. Ils ont dépisté le virus actif dans les échantillons de salive et durine de certains malades, ce qui signifierait que linfection pourrait ne pas se transmettre exclusivement par lintermédiaire des moustiques, mais aussi par la toux, léternuement ou le baiser. Actuellement il ny a pas de vaccin contre le virus Zika et, selon les spécialistes, une année sera nécessaire pour mettre au point un tel vaccin. Plusieurs groupes pharmaceutiques ont annoncé travailler déjà pour obtenir un antidote. En même temps, lAgence européenne du médicament a créé une équipe délite pour assister les compagnies pharmaceutiques et les médecins qui sont en quête dun vaccin ou qui traitent les personnes infectées. La fièvre Zika ressemblerait à la fièvre dengue, au virus amaril ou au West Nile – pour lesquels soit il existe déjà un vaccin, soit les chercheurs sont très proches den obtenir un – ce qui augmente lespoir des spécialistes. Le rythme accéléré de propagation de la maladie transforme pourtant les recherches en une véritable course contre la montre. Selon lOMS, en 2016, le nombre de personnes touchées sur les continents américains pourrait dépasser les 4 millions.
La directrice générale de lOMS, Margaret Chan, a qualifié le Zika dévénement extraordinaire, de menace globale à laquelle il faut donner une réponse coordonnée: « Il faut une réponse internationale coordonnée pour diminuer les risques dans les pays déjà touchés et pour arrêter une éventuelle propagation du virus. Nos experts estiment que les conditions sont réunies pour déclarer le Zika une urgence globale de santé publique. »
Parallèlement aux efforts visant à mettre au point un vaccin, tous les pays dAmérique Latine se sont mobilisés pour lutter contre ce virus. Le Brésil utilise des moustiques génétiquement modifiées dans le cadre dun projet pilote. Ainsi, un type de moustique, créé par une compagnie britannique, est lâché quotidiennement dans la nature depuis une camionnette. Ces moustiques saccouplent avec les femelles sauvages et transmettent à leurs descendants un gène létal, de sorte que les moustiques de la nouvelle génération meurent avant de devenir adultes.
En République Dominicaine, on a eu recours aux militaires pour lutter contre le moustique tigre, vecteur du virus Zika, par des opérations de nettoyage et délimination de lhumidité de lair. Paris a décidé récemment que les touristes ayant voyagé dans les zones où sévit le Zika ne puissent faire un don de leur sang que 28 jours après leur retour, pour éviter le risque de transmission du virus par les transfusions.
Enfin, lapparition du virus Zika fait déjà lobjet de spéculations. On parle entre autres de moustiques génétiquement modifiées par des experts en biotechnologie dans le but de prévenir la diffusion de la fièvre dengue et dautres infections, ce pourquoi ces moustiques auraient été lâchés au Brésil, en 2012. (trad.: Mariana Tudose, Dominique)