La menace de la surprotection
Un rapport paru il y a quatre ans avertissait déjà qu’une espèce de mammifères sur quatre et une espèce d’oiseaux sur huit étaient menacées d’extinction. Il semblerait, en effet, que les espèces, qu’elles soient végétales ou animales d’ailleurs, s’éteignent mille fois plus rapidement qu’avant l’apparition de l’humain. La cause évidente n’est autre que l’impact des activités humaines sur les autres habitants de la Terre. La situation est d’autant plus préoccupante que le phénomène s’accélère, et que l’on parle de la « sixième extinction massive », après celle des dinosaures, il y a 65 millions d’années. De nombreuses espèces de mammifères semblent vouées à l’extinction, affirment des spécialistes danois et suédois dans une étude parue récemment dans « Proceedings of the National Academy of Sciences ».
Corina Cristea, 02.11.2018, 13:00
Un rapport paru il y a quatre ans avertissait déjà qu’une espèce de mammifères sur quatre et une espèce d’oiseaux sur huit étaient menacées d’extinction. Il semblerait, en effet, que les espèces, qu’elles soient végétales ou animales d’ailleurs, s’éteignent mille fois plus rapidement qu’avant l’apparition de l’humain. La cause évidente n’est autre que l’impact des activités humaines sur les autres habitants de la Terre. La situation est d’autant plus préoccupante que le phénomène s’accélère, et que l’on parle de la « sixième extinction massive », après celle des dinosaures, il y a 65 millions d’années. De nombreuses espèces de mammifères semblent vouées à l’extinction, affirment des spécialistes danois et suédois dans une étude parue récemment dans « Proceedings of the National Academy of Sciences ».
Les chercheurs nordiques démontrent que l’on est en train de vivre à l’heure actuelle cette 6e extinction massive, dont l’humain est à l’origine. Selon les chercheurs, l’extinction est tellement rapide qu’il est impossible que l’adaptation puisse intervenir. Que faire dans ces conditions? Selon le scénario le plus optimiste, les hommes vont brusquement arrêter de détruire l’habitat des animaux et d’éradiquer les espèces. Mais, même ainsi, les mammifères auraient besoin de 3 à 5 millions d’années pour se diversifier suffisamment afin que l’arbre de l’évolution régénère ses branches qu’il perdra les 50 prochaines années, selon les spécialistes. Grâce à son relief et à sa situation géographique, la Roumanie compte parmi les pays avec une faune encore fournie. Aussi, pour garder ce trésor, la variété des espèces qui vivent sur le sol roumain, des lois de protection de certaines espèces sont en vigueur. L’ours brun, le cerf, le chevreuil, le coq de bruyère, le lynx, le renard, le sanglier, le bison d’Europe en font partie. Mais la surprotection peut mener à une surpopulation difficilement gérable. Cela était déjà arrivé pour la population d’ours qui, selon les chiffres officiels, compterait 6.800 exemplaires, alors que les évaluations donneraient pour probable une population de 8.000 exemplaires, bien au-delà de 6.000 que la Roumanie avait déclarée devant la Commission européenne.
L’universitaire Mircea Duţu, président de l’Université écologique de Bucarest, précise « il existe toujours un équilibre dans la nature. Lorsque cet équilibre est rompu, l’on sort de l’état naturel et l’on entre dans une situation de déséquilibre dommageable pour tout le monde, d’une part pour l’homme, de l’autre pour la biodiversité. Pour ce qui est de la situation particulière de la Roumanie, chez nous, l’ours et même le loup sont fortement connotés culturellement, et représentent de véritables symboles. On les trouve toujours à l’origine des conflits locaux, des campagnes médiatiques, de celles lancées pour la sauvegarde de l’habitat naturel. Dans une perspective européenne, il s’agit de protéger ces espèces rares et menacées. En Roumanie, l’on risque de se voir confronté à un problème différent : il s’agit du risque de la surpopulation d’une certaine espèce, ce qui menace de rompre l’équilibre écologique et avec des conséquences d’ordre économique ou sur la vie humaine. »
L’ours constitue une espèce d’un grand intérêt communautaire, et il faut évidemment lui assurer les meilleures conditions. Pourtant, selon le professeur Dutu, ce n’est pas tant une situation de surprotection qui pourrait causer en Roumanie la surpopulation de l’espèce qu’un ensemble de facteurs. Ce qui fait que cette espèce a outrepassé la capacité naturelle qui assurait l’équilibre optimum.
Mircea Duţu affirme « Nous sommes en période de crise. A compter de 2016, les quotas annuels n’ont plus été prélevés et l’équilibre de l’espèce a été rompu. Si on laisse la situation se dégrader, il est fort à parier que les choses vont nous échapper. Ce dont on a besoin, c’est d’une étude qui fasse l’inventaire de la population actuelle, qui détermine les causes et les conséquences de cette situation, mais qui mette aussi au point un mode d’intervention, à court, moyen et long terme, pour maîtriser le problème dans un laps de temps raisonnable. Voyez-vous, on est devant un dilemme : l’Europe entière manque d’exemplaires d’ours brun, alors que la Roumanie est confrontée actuellement à une surpopulation. Et cette surpopulation devient une menace pour l’équilibre écologique, pour l’économie et pour la population, ce qui risque de devenir une situation absurde. »
Dernièrement, dans certaines zones de Roumanie, les ours descendent de plus en plus volontiers au milieu des villages, menaçant les biens, les animaux, voire la vie des villageois. Ces derniers se font de plus en plus pressants pour demander leur relocalisation. (Trad. Ionut Jugureanu)