La défense collective, un défi à relever par l’OTAN
L’Europe et les Etats-Unis travaillent de concert, a affirmé le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg, à l’issue du sommet de Varsovie. Les dirigeants des 28 Etats membres y ont décidé de renforcer la sécurité du flanc oriental de l’OTAN, y compris par la création d’une brigade multinationale en Roumanie, ainsi qu’en déployant quatre bataillons dans les pays baltes et en Pologne et en transférant vers l’Alliance le contrôle des éléments du bouclier antimissile américain accueillis par la base militaire de Deveselu, du sud de la Roumanie.
Corina Cristea, 16.09.2016, 13:52
Voici ce que déclarait au micro de Radio Roumanie Iulian Chifu, directeur du Centre pour la prévention des conflits : « Ce sommet a transmis un message d’unité, de force et de détermination, mais aussi de préoccupation marquée pour l’avenir et pour ce qui se passe au voisinage de l’Alliance. Un message extrêmement clair et dissuasif pour tous les ennemis potentiels, exprimé sur un ton ferme et très fort, difficile à imaginer quelques années auparavant. La moitié des 139 articles de la Déclaration finale concernent la Russie ; trois ou quatre d’entre eux la condamnent pour ses différentes actions, dont l’annexion de la Crimée, l’agression militaire dans l’est de l’Ukraine. Par ailleurs, le sommet a transmis à tous les alliés un message de confiance en l’organisation et assumé des engagements fermes pour l’ensemble des aspects de la défense. Il envisage la stabilité et la sécurité en dehors des frontières, s’adressant non seulement aux alliés, mais aussi aux partenaires, la Géorgie, l’Ukraine et la République de Moldova étant consignés comme tels. »
Le général Ion Oprişor, conseiller du président en matière de sécurité nationale, a lui aussi mis en exergue l’importance du sommet de Varsovie, dans le contexte sécuritaire actuel. Il s’agit du fait que l’espace euro-atlantique est confronté à une multitude de défis divers, dont l’origine est à retrouver au voisinage de l’OTAN : « Je me réfère au terrorisme, au danger que représentent les cyber-attaques, à la migration, à l’instabilité au Proche-Orient et en Afrique du Nord, à la situation en Ukraine, pour ne citer que quelques exemples. Les décisions prises à ce sommet par les chefs d’Etat et de gouvernement ont donc ciblé, de manière unitaire et cohérente, les défis que je viens de mentionner et confirmé, une fois de plus, la qualité de l’OTAN d’acteur globalement responsable qui accomplit ses tâches fondamentales, à savoir la défense collective, la gestion des crises et la sécurité par la coopération. »
Les alliés de l’OTAN ont également convenu à Varsovie d’accorder un soutien militaire accru aux pays du Moyen Orient et d’Afrique du Nord qui sont la cible de l’extrémisme islamiste. Un accent particulier devrait être mis sur l’utilisation des avions de surveillance de l’Alliance atlantique dans le combat contre le groupe Etat islamique. Les leaders de l’Alliance sont tombés d’accord aussi pour lancer une nouvelle mission navale en Méditerranée et ont pris des engagements pour maintenir une présence militaire stable en Afghanistan et à financer les forces de sécurité afghanes jusqu’en 2020.
Dragos Ciocârlan, correspondant de Radio Roumanie à Jérusalem, a évoqué, lui, d’autres mesures convenues lors du sommet de Varsovie : « L’OTAN entamera une nouvelle mission de formation et de renforcement des capacités de l’armée irakienne, car l’Irak est au cœur de la lutte contre Daesh. Par ailleurs, un centre de surveillance sera mis en place en Tunisie, car c’est là un territoire important de recrutement pour l’Etat islamique. Les forces tunisiennes seront épaulées. Les avions de surveillance de l’OTAN vont fournir les données nécessaires à la coalition internationale menée par les Américains dans la lutte contre Daesh en Syrie et en Irak. Les vols de surveillance doivent commencer à l’automne prochain. Enfin, l’Alliance va renforcer la coopération avec la Jordanie et prêtera son appui au nouveau gouvernement de Libye ».
L’OTAN a également demandé à Moscou de mettre un terme à son appui militaire, politique et financier aux séparatistes d’Ukraine. En ce qui la concerne, la Roumanie considère que le sommet de l’OTAN a été un succès, a déclaré le chef de la diplomatie roumaine, Lazăr Comănescu, qui a souligné la contribution significative de Bucarest dans la prise des décisions mentionnées.
Lazăr Comănescu : « La région de la mer Noire, tout comme la zone de la mer Baltique et de l’Atlantique Nord, présentent un intérêt stratégique pour l’OTAN. Qu’il s’agisse de la présence terrestre avancée, de la présence dans l’espace maritime et d’une attention accrue accordée à ce dernier ou enfin de l’espace aérien, tout ce qui y a été décidé est aussi le fruit de la contribution roumaine substantielle ».De l’avis des autorités de Bucarest, le dernier sommet de l’OTAN a reconfirmé le rôle de la Roumanie en tant que pilier de sécurité et acteur actif de l’Alliance dans la région. (trad. Mariana Tudose)