La culture en l’année du Centenaire
2018 est en même temps celle du Centenaire, l’année où les Roumains marquent les 100 ans depuis ce qu’on appelle « la Grande union », c’est-à-dire l’union de la Transylvanie, de la Bessarabie, de la Bucovine et du Cadrilater à ce qu’était alors le royaume de Roumanie. Le 15 janvier est donc marqué cette année, que ce soit en Roumanie même ou à l’extérieur de nos frontières, par nombre de manifestations mettant en relation la culture roumaine et l’année du Centenaire.
Corina Cristea, 02.02.2018, 14:20
2018 est en même temps celle du Centenaire, l’année où les Roumains marquent les 100 ans depuis ce qu’on appelle « la Grande union », c’est-à-dire l’union de la Transylvanie, de la Bessarabie, de la Bucovine et du Cadrilater à ce qu’était alors le royaume de Roumanie. Le 15 janvier est donc marqué cette année, que ce soit en Roumanie même ou à l’extérieur de nos frontières, par nombre de manifestations mettant en relation la culture roumaine et l’année du Centenaire.
Invité par Radio Roumanie, Alin Ciupală, professeur à l’Université de Bucarest, explique d’où vient ce besoin de marquer la culture nationale à travers un anniversaire qui lui soit spécialement dédié : « Nous avons besoin d’un jour qui nous rappelle notre culture, notre identité, notre appartenance à la nation roumaine. Mais, ce qui est encore plus important, c’est ce que l’on fait pour la culture nationale aujourd’hui. Parce qu’en effet, que l’on se soit ou non rendu compte, que l’on ait eu ou non quelque mérite en cela, il est certain que nous sommes passés dans une nouvelle étape de notre histoire, une étape que l’on pourrait appeler post-nationale, grâce notamment à l’intégration de la Roumanie dans l’Union européenne. Cela n’équivaut cependant pas à oublier qui on est. L’Union européenne n’a probablement pas besoin, pour utiliser un syntagme consacré, de citoyens sans identité. Elle a besoin de nous en tant que Roumains. Maintenant c’est à chacun de nous de sentir et d’agir en tant que tel. C’est à nous d’agir afin de préserver cette identité nationale, alors que l’on vit à une époque de plus en plus caractérisée par la mondialisation, où les gens bougent, traversent les frontières, où les valeurs et les modèles nous viennent de partout, où la libre circulation a été consacrée, et on ne parle pas que de la libre circulation des biens. La manière dont on saura préserver notre identité nous appartient. »
Parce que la culture roumaine d’aujourd’hui est un système fragile. Un système qui arrive à s’adapter, et cela en dépit ou malgré les politiques publiques plus ou moins inspirées. Parce que nous avons une culture d’une grande richesse, nous confie encore le Pr Ciupala. Une culture qui s’affirme à l’étranger. La mondialisation est, certes, un processus dynamique, en pleine expansion. Cela ne servirait à rien de l’ignorer. Mais chaque pays a sa culture, son histoire, une civilisation qui le caractérise et à laquelle il ne devrait pas renoncer.
Les traditions doivent être préservées et continuées car, si ces dernières disparaissaient, notre identité en pâtirait, nous déclarait, dans le même registre, Eugen Simion, membre de l’Académie roumaine. Selon lui, les femmes et les hommes politiques devraient s’y investir davantage : « Je ne me souviens d’aucun parti qui soit venu dire: Les amis, la culture est un élément essentiel de notre identité nationale. Il nous faut une politique, un projet national, pour la culture. Notre culture nationale relève de notre responsabilité, des responsables et des hommes politiques en premier lieu. Je ne puis malheureusement que constater que ces derniers l’ignorent superbement. »
Dans son discours tenu à l’occasion du Jour de la culture nationale, le chef de l’Etat, le président Klaus Iohannis, a tenté de rassurer son auditoire, en précisant que notre identité culturelle ne risquait pas de se retrouver marginalisée dans notre parcours d’intégration européenne. Mais, dans le même discours, il tirait également la sonnette d’alarme :« Un tiers de Roumains ne lisent même pas un seul livre par an. Les salles de cinéma ont déserté » notre pays et la langue roumaine se retrouvent souvent malmenées dans le discours public. A l’anniversaire de son Centenaire, la Roumanie devrait se retrouver unie autour de sa culture.
Les grands projets culturels de 2018 et de 2019, censés marquer l’année du Centenaire, de même que la présidence tournante de l’UE qui sera détenue par la Roumanie pendant la première moitié de l’année 2019 constituent autant d’excellentes occasions pour nous engager dans cette voie. Ce n’est sans doute pas facile, mais la réussite de cette entreprise prouverait notre capacité à apporter de la valeur ajoutée au projet européen. » Aussi, la prestigieuse institution de l’Académie roumaine a marqué à son tour la Journée de la culture nationale par un symposium intitulé « La culture roumaine à son anniversaire: le Centenaire de la grande Union », alors que les filiales de l’Institut culturel roumain présentes à l’étranger ont programmé de nombreux événements culturels, depuis les récitals de poésie, passant par des concerts, des expositions, des spectacles de théâtre, des événements littéraires, et jusqu’aux projections de films ou à l’organisation de conférences. C’est tant le Centenaire de la Grande Union que la Journée de la culture nationale qui marquent de leurs empreintes la série d’amples événements qui ont lieu.
Pour rappel, l’année du Centenaire marque l’union de toutes les provinces historiques roumaines et habitées par les Roumains dans un même Etat. Il s’est agi d’un processus qui a débuté en 1859, par l’union entre la Valachie et la Moldavie, suivie par la Déclaration et la guerre d’indépendance de 1877-1878, suite notamment à la renaissance du sentiment patriotique au XIXe siècle. Enfin, l’union de la Bessarabie, de la Bucovine et de la Transylvanie avec le royaume de Roumanie vient couronner ce processus, à la fin de la Première Guerre mondiale, menée par la Roumanie aux côtés de l’Entente, à travers une alliance scellée en vue d’atteindre ses objectifs nationaux. (Trad. Ionut Jugureanu)