La création du Centre européen d’agrométéorologie
Les phénomènes météo extrêmes sont devenus de plus en plus fréquents, alors que leur impact sur les activités socio-économiques ne fait que décupler. Ces effets, perçus par tout un chacun, mais également confirmés par les scientifiques, mettent en exergue une évidence : le réchauffement climatique nous obligera de changer à terme notre mode de vie. Analysant les données disponibles, les scientifiques ont pu constater ce que l’on a tous ressenti : 2019 a battu les records en termes de températures, se classant 2e des 140 dernières années depuis que l’on mesure et enregistre la température au niveau mondial. La Roumanie n’est du reste pas à la traîne, 2019 étant l’année la plus chaude depuis 1900, pendant que la dernière décennie fut la plus chaude jamais enregistrée. Les plus récentes études réalisées au niveau international, confirmées par celles de l’Académie roumaine, indiquent que l’humanité risque d’être dévastée par les effets du réchauffement climatique à un rythme insoupçonné et dépassant de beaucoup les prévisions antérieures en la matière. Ainsi, selon certains scénarios, l’année 2050 pourrait compter au niveau mondial 20 jours où des températures létales seraient enregistrées.
Corina Cristea, 24.07.2020, 13:19
Les phénomènes météo extrêmes sont devenus de plus en plus fréquents, alors que leur impact sur les activités socio-économiques ne fait que décupler. Ces effets, perçus par tout un chacun, mais également confirmés par les scientifiques, mettent en exergue une évidence : le réchauffement climatique nous obligera de changer à terme notre mode de vie. Analysant les données disponibles, les scientifiques ont pu constater ce que l’on a tous ressenti : 2019 a battu les records en termes de températures, se classant 2e des 140 dernières années depuis que l’on mesure et enregistre la température au niveau mondial. La Roumanie n’est du reste pas à la traîne, 2019 étant l’année la plus chaude depuis 1900, pendant que la dernière décennie fut la plus chaude jamais enregistrée. Les plus récentes études réalisées au niveau international, confirmées par celles de l’Académie roumaine, indiquent que l’humanité risque d’être dévastée par les effets du réchauffement climatique à un rythme insoupçonné et dépassant de beaucoup les prévisions antérieures en la matière. Ainsi, selon certains scénarios, l’année 2050 pourrait compter au niveau mondial 20 jours où des températures létales seraient enregistrées.
Qu’est-ce que cela voudrait dire ? Explications avec le secrétaire général de l’Académie roumaine, Ion Dumitrache : « 20 jours par an avec des températures létales feront disparaître bon nombre d’écosystèmes. Plus d’un milliard de gens devraient quitter les régions où ils vivent actuellement. La hausse de la température globale se fait aujourd’hui à un rythme bien plus soutenu que dans la période 1880-2000. La moyenne globale a augmenté de plus d’un degré Celsius, et le risque, c’est de voir cette moyenne grimper de plus de 4° C avant 2100. La concentration de dioxyde de carbone mesurée dans l’atmosphère a dépassé le seuil d’alerte de 400 ppm, alors que pendant les dernières 400.000 années, cette concentration ne dépassait pas les 300 ppm. Le réchauffement climatique connaît aujourd’hui un rythme dix fois supérieur à celui du dernier réchauffement climatique connu».
Et c’est bien là que le bât blesse, car ce rythme-là ne peut être que le fait des activités humaines. Il provient du CO2 rejeté dans l’atmosphère par les centrales thermiques et les véhicules, par les fermes, par la fertilisation intensive des cultures agricoles, conséquence aussi des déforestations massives. Et les spécialistes s’accordent autour d’un constat : les causes naturelles qui sont à la base du phénomène font que le réchauffement global ne pourra pas être arrêté. Il pourrait en revanche suivre un rythme autrement plus amène. En effet, les statistiques sont là, qui indiquent le rejet dans l’atmosphère de 35 milliards de tonnes de dioxyde de carbone par an du fait de la seule activité humaine.
Dan Bălteanu, directeur de l’Institut de géographie de l’Académie roumaine, précise : « L’effet de serre produit par le rejet dans l’atmosphère du CO2 s’est accéléré ces 40 dernières années. Cette période a d’ailleurs un nom : la grande accélération. »
Les effets indésirables du réchauffement climatique n’ont d’ailleurs pas tardé à se faire ressentir dans tous les aspects de la vie quotidienne, de la nature à l’économie, en passant par la géopolitique. En Roumanie, les aspects les plus évidents relèvent des phénomènes météo extrêmes. Et aux autorités de tirer la sonnette d’alarme, et d’affirmer : « Les périodes de grande canicule s’intensifient. Les périodes de sécheresse alternent avec de brèves périodes où les quantités de pluie tombées dans un bref laps de temps génèrent des inondations à grande échelle. Ces données esquissent ensemble une réalité impossible à ignorer. Il est dès lors grand temps de prendre des mesures résolues, efficaces et durables, pour une meilleure gestion de nos ressources en eau et pour une exploitation plus intelligente des sols », fin de citation. Parce qu’il est évident que la hausse des températures accroît le risque de sécheresse, qui fait à son tour monter les prix des produits agricoles et les risques de déclenchement d’une crise alimentaire. Par ailleurs, selon les météorologues, la Roumanie serait l’un des pays européens les plus affectés par la sécheresse, un phénomène en nette progression ces 20 dernières années.
Elena Mateescu, directrice de l’Administration nationale de météorologie au micro de Radio Roumanie : « Les 19 années les plus chaudes ont été enregistrées depuis 2000 jusqu’à présent. En 2019 l’on a enregistré une hausse de 0,5° C. Le déficit de pluie nous a plongés encore dernièrement dans une période de sécheresse accentuée. Les 26 premiers jours de cette année n’ont enregistré que 3 litres d’eau par mètre carré, alors que la moyenne dans l’intervalle était de 33,6 litres. »
Mais la lutte contre le réchauffement climatique présuppose la mise en route de stratégies et de programmes au niveau national et international. Des programmes qui puissent déboucher sur une baisse conséquente des émissions de l’industrie, des investissements dans les énergies renouvelables, un travail de reboisement, du recyclage, et encore un changement des mentalités au niveau individuel, qui puisse aboutir à la baisse de la consommation d’électricité des ménages, par exemple. Aussi, parmi les mesures prises au niveau européen, l’on compte la création du Centre européen d’agrométéorologie pour la Région VI d’Europe, un projet pilote unique en son genre dans le monde. La mise sur pied de ce centre a fait suite à la décision prise lors du Congrès mondial de météorologie, l’été dernier, à Genève. Le Centre devrait se charger de fournir un bulletin agrométéorologique à l’usage des spécialistes européens, et d’assurer également la formation des futurs spécialistes du continent en la matière. (Trad. Ionut Jugureanu)