La Conférence sur l’avenir de l’Europe
Lancée
au printemps passé à l’initiative du président français Emmanuel Macron, la Conférence
sur l’avenir de l’Europe a représenté une démarche sans précédent, matérialisée
par une année de débats et de dialogue entre les citoyens et le monde
politique. L’ample exercice de consultation citoyenne a débouché sur un paquet
de 49 propositions, comprenant des objectifs concrets, en sus des 320 mesures
identifiées par monsieur et madame Tout-le-monde dans les 9 domaines identifiés
comme prioritaires pour l’UE. Environnement et changement climatique, santé,
économie, justice sociale, valeurs et droit, révolution numérique, démocratie
européenne, migration, éducation, culture, jeunesse et sport relèvent des
thèmes abordés dans le cadre de ces débats.
Corina Cristea, 22.07.2022, 10:23
Lancée
au printemps passé à l’initiative du président français Emmanuel Macron, la Conférence
sur l’avenir de l’Europe a représenté une démarche sans précédent, matérialisée
par une année de débats et de dialogue entre les citoyens et le monde
politique. L’ample exercice de consultation citoyenne a débouché sur un paquet
de 49 propositions, comprenant des objectifs concrets, en sus des 320 mesures
identifiées par monsieur et madame Tout-le-monde dans les 9 domaines identifiés
comme prioritaires pour l’UE. Environnement et changement climatique, santé,
économie, justice sociale, valeurs et droit, révolution numérique, démocratie
européenne, migration, éducation, culture, jeunesse et sport relèvent des
thèmes abordés dans le cadre de ces débats.
Le 9
mai dernier, Jour de l’Europe, à Strasbourg, Roberta Metsola, présidente du
Parlement européen fit valoir son credo : « Les citoyens européens,
les jeunes en premier lieu, sont au centre de notre vision sur l’avenir de
l’Europe. Ils ont directement contribué à crayonner le résultat de cette
conférence. Car nous nous trouvons à un moment charnière de la construction
européenne et nulle suggestion ne doit être écartée d’emblée. Il ne faut pas
avoir peur de laisser l’Europe donner de la voix, pour améliorer le quotidien
de tout un chacun. », a-t-elle dit.
À la même occasion, le président Emmanuel Macron,
le président du Conseil européen Charles Michel et la présidente de la
Commission européenne Ursula von der Leyen ont reçu le rapport final sur les
conclusions de la conférence. « Vous avez été entendus », déclara à l’occasion la Mme von der Leyen, estimant
que « certains chantiers peuvent démarrer sans plus attendre ». Elle
s’engagea aussi à faire de nouvelles propositions concrètes dans son discours
sur l’état de l’Union, prévu pour le 3 septembre prochain.
Mais
la Conférence sur l’avenir de l’Europe mit en exergue le besoin unanime de plus
de transparence, d’inclusion, de sécurité et d’un souci particulier à l’égard
du développement durable. Les citoyens qui ont fait entendre leurs voix font le
vœu d’une Europe plus juste et plus solidaire, d’une Europe qui soit aussi à la
pointe de la lutte contre le changement climatique. Certaines propositions, tel
le droit du Parlement européen à l’initiative législative, ou encore la mise en
place d’une Europe de la défense et de la santé, supposent toutefois d’apporter
des ajustements aux traités existants. Le Parlement européen, réuni en session
plénière à Strasbourg, avait d’ores et déjà adopté une résolution par laquelle
il prône de démarrer la procédure de révision des traités de l’Union, afin de
mieux répondre aux demandes citoyennes formulées dans le cadre de la
Conférence.
Lors
des débats, plusieurs eurodéputés se sont levés pour exiger la démocratisation
des institutions européennes et une meilleure participation des citoyens à la
prise de décisions au niveau de l’Union. D’autres eurodéputés se sont exprimés
en faveur d’élections véritablement européennes, ou encore de l’élargissement
des compétences de l’Union au détriment des États membres, notamment dans des
domaines sensibles, tels la défense, la santé, la politique d’immigration et la
politique énergétique. Cet élan vers plus d’Europe n’avait cependant pas
empêché les eurodéputés souverainistes de critiquer les conclusions, sinon la
Conférence en entier.
Du
haut de la tribune du Parlement de Strasbourg, Emmanuel Macron a pour sa part
demandé de renoncer à l’exigence de l’unanimité, indispensable actuellement
dans la prise de décisions dans certaines matières particulières. Le président Macron
convient par ailleurs de la nécessaire révision de certains traités, ne serait-ce
que par un souci d’efficacité. Les États membres conservateurs, opposés à un
renforcement de l’Europe, n’hésitèrent pourtant pas de faire entendre leur
voix, exigeant que l’on évite d’instrumentaliser la consultation citoyenne.
« Nous avons déjà une Europe qui fonctionne », disent-ils, et on l’a
vu lors de la pandémie de COVID-19, dans la réponse à l’invasion russe de
l’Ukraine, il n’y a donc pas de raison, selon eux, de se lancer à la va-vite
dans des réformes institutionnelles mal réfléchies.
La
Roumanie s’est rangée dans le groupe des États membres selon lesquels, si
aucune hypothèse de travail n’est à exclure à priori, la révision des traités
ne devrait pas constituer un objectif en soi, car jamais mentionnée comme telle
dans les objectifs de la Conférence sur l’avenir de l’Europe. Emmanuel Macron,
président en exercice du l’Union, avait suggéré une approche différente : plutôt
que d’abaisser les exigences de l’Union pour permettre l’adhésion rapide des États
candidats, mieux vaut créer une nouvelle construction européenne. Cette
dernière permettra à tous les États européens démocratiques, y compris à
l’Ukraine ou au Royaume-Uni, de se réunir autour de quelques principes
fondamentaux.
Pour
sa part, Ursula von der Leyen expliquait lors de la cérémonie de clôture de la
Conférence à Strasbourg : « Je veux être très claire : je serai
toujours du côté de ceux qui désirent faire avancer l’Union européenne, pour
qu’elle fonctionne mieux ». Et, s’adressant aux participants à la
Conférence, la présidente de la Commission européenne conclut : « Vous
nous avez indiqué la direction à prendre, l’objectif à atteindre. Dorénavant,
c’est à nous de choisir la meilleure route pour y parvenir. Utilisant tous les
mécanismes dont nous disposons et puis, aussi, même en renégociant les traités,
là où cela s’impose ». (Trad.
Ionuţ Jugureanu)