La bande de Gaza : nouveau point de rupture de la stabilité mondiale
C'est pour la première fois depuis 1973 qu'Israël se trouve en guerre, appelant à la rescousse de son armée régulière plus de 300.000 réservistes.
Corina Cristea, 01.12.2023, 11:02
Israël, en guerre, pour la première fois depuis 1973
Lattaque terroriste du Hamas du 7 octobre passé, débutée par des tirs soutenus de roquettes, suivis par la destruction de la clôture qui séparait la bande de Gaza du territoire dIsraël, par linvasion terrestre et maritime des terroristes du Hamas, puis par le massacre de plus de 1.200 Israéliens, des habitants de plusieurs localités frontalières et des participants à un festival de musique, enfin par lenlèvement de plus de 200 otages israéliens, avait amené une riposte dampleur inégalée dIsraël, déterminant une crise humanitaire sans précédent dans la bande de Gaze.
Cest pour la première fois depuis 1973 quIsraël se trouve en guerre, appelant à la rescousse de son armée régulière plus de 300.000 réservistes qui tenteront datteindre les objectifs fixés par le premier-ministre israélien Benjamin Netanyahu, soit ni plus ni moins que la destruction totale de lorganisation terroriste du Hamas.
Les palestiniens, en difficulté
Aussi, depuis le début des hostilités, des centaines de milliers de palestiniens ont été contraints de quitter leurs foyers situés dans le nord de la bande de Gaza pour se réfugier au sud de cette étroite bande de terre de 365 kilomètres carrés. Par ailleurs, le blocus total imposé par Israël aux habitants gazaouis na pas manqué de provoquer rapidement un manque cruel des produits de base, de leau, de la nourriture, des médicaments et de lélectricité pour les habitants éprouvés par la guerre de ce territoire palestinien. Révoltés par la riposte considérée comme disproportionnelle dIsraël face à lattaque du Hamas, le monde musulman et les sociétés civiles dEurope et des Etats-Unis commencent à se mobiliser lors des marches et des démonstrations de solidarité avec le peuple de Gaza.
Le monde entier réagit
La riposte israélienne ne manque pas non plus dattiser des poussées de fièvre à connotation antisémite aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en France et dans dautres pays du monde, où lon constate une recrudescence importante de ce type dincidents. La crise actuelle attise par ailleurs les craintes dassister à un embrasement général au Proche-Orient, alors que les analystes ne manquent pas de sétonner du peu dinfluence quexerce une Union européenne incapable de sentendre sur une position commune et de parler dune même voix pour tenter de résoudre cette crise géopolitique majeure qui est en train de se dérouler à proximité de ses frontières.
Certains analystes font dailleurs le parallèle entre lincohérence européenne actuelle face à la crise du Proche-Orient et lincapacité de lUnion de prévenir et dinfluer la guerre en Ukraine.
Selon le professeur des universités Ştefan Ciochinaru, si les deux crises ont effectivement des points en commun, les deux situations demeurent toutefois difficilement comparables :
« Déjà, en termes dobjectifs, les deux crises sont assez difficilement comparables. Lobjectif de la Russie est de détruire lordre européen et de chasser les Américains de notre continent. Cest bien ce quentend obtenir Moscou en refusant dadmettre le droit de lUkraine de décider librement de ses alliances, en se décidant dinterdire par la force à lUkraine son droit dintégrer lOTAN ou lUE. M. Poutine entend rétablir, et il lavait très clairement dit, par la force la situation qui prévalait avant 2004, maintenir la zone dinfluence de la Russie sur les anciens Etats soviétiques, recréer pratiquement lURSS. Pour ce qui est du Hamas et surtout de ses commanditaires, les Etats-Unis sont visés, mais de façon indirecte, par ricochet. Doù le vaste réseau de connivences diverses nouées entre une partie des Etats arabes et une certaine extrême gauche européenne et antiaméricaine, avec la Russie, lIran et, dune manière moins évidente, avec la Chine. Vous savez, si lon veut contester lordre mondial, la prééminence de lOccident, il faut frapper la tête, il faut frapper lAmérique. En labsence des Etats-Unis, lEurope seule ne pèse pas lourd. Sans les Etats-Unis, le Japon, la Corée du Sud, lAustralie demeureront des îles perdues dans limmensité de lAsie. Sans les Etats-Unis, lOccident risque de tomber comme un château de cartes. Et la réaction européenne est à la mesure de sa cécité habituelle. Depuis un an et demi, depuis le début de la guerre en Ukraine, ce pays européen qui se bat au nom de nos valeurs, je narrête pas de métonner de linconséquence des positions européennes. Et maintenant, face au défi posé par lattaque du Hamas, la situation est encore pire. Lextrême gauche européenne danse la farandole avec lextrême droite, avec limmigration européenne pour coincer Israël, la victime de lagression initiale, dos au mur. Et cette attitude ne manque pas dêtre alimentée par les vieux ressorts de lantisémitisme, de lantiaméricanisme, par les tendances totalitaires ».
Les nouveaux défis à relever par les démocraties actuelles
Et le professeur Ciochinaru met en exergue les nouveaux défis auxquels sont confrontés les démocraties, dont notamment la guerre hybride
Stefan Ciochinaru: « Voyez les assassinats à connotation raciale de ces professeurs qui ont eu lieu en France, voyez les alertes à la bombe dans les gares et les aéroports, les actes antisémites qui se propagent dans des pays de vieille tradition démocratique. Voyez aussi lattitude de la presse européenne, qui fait comme sil ny avait jamais eu les crimes perpétrés par la Russie en Crimée, par le Hamas en Israël, mais qui se montre en revanche terriblement inquiète de ce quelle appelle les actions punitives dIsraël dans les territoires occupés ».
En attendant des jours meilleurs, la guerre des mots, des phrases assassines et des récriminations réciproques se poursuit de plus belle. Alors que le premier-ministre israélien déconseille à ses concitoyens de voyager à létranger pour les prémunir déventuelles réactions hostiles, lOMS narrête pas de dénoncer les conditions de vie quelle qualifie d« innommables » dont souffrent les habitants de Gaza, et dappeler à un arrêt des combats pour raisons humanitaires, par la voix de son patron, Tedros Adhanom Ghebreyesus. (Trad. Ionut Jugureanu)