Inventions d’or roumaines
Corina Cristea, 05.08.2016, 13:37
Marioara Avram, chercheuse à lInstitut national de recherche – développement en micro – technologies de Bucarest, sest retrouvée à nouveau parmi les médaillés dor. Aux côtés dune équipe de jeunes chercheurs, Marioara Avram a mis au point, en 2015, un réactif composé de nanoparticules dor qui permet une détermination très fine des limites de la cible tumorale, en surface et en profondeur. Cette invention aidera les médecins à mieux cerner létendue dune tumeur et à déterminer les dimensions de lablation. Primé en 2015 à Genève, ce réactif a servi de point de départ pour une autre invention, elle aussi distinguée par la médaille dor.
Invitée au micro de Radio Roumanie, Marioara Avram explique: « Cette année, je me suis penchée toujours sur les mélanomes. Je me suis proposé de réaliser un dispositif capable de mesurer la constante diélectrique et lindice de réfraction des tumeurs, afin de séparer les cellules tumorales des cellules saines. On peut donc identifier la cellule tumorale à laide dune méthode non invasive. Bref, plus besoin de procéder à la biopsie, car les cellules tumorales seront détectées dans le sang, daprès la constante diélectrique ou lindice de réfraction. Lidée mest venue en travaillant à linvention de lannée dernière, lorsque jai utilisé un marqueur à base dor colloïdal. En étudiant les mélanomes au microscope, jai constaté que la longueur donde de la résonance plasmonique des cellules tumorales nétait pas celle à laquelle je mattendais. Je me suis donc demandé pourquoi les nanoparticules avaient réagi de la sorte. Jai dû réaliser un dispositif à même détablir avec exactitude les propriétés de ces cellules tumorales, propriétés que les ouvrages spécialisés ne décrivaient pas. Cela représente un nouveau pas vers la construction dun autre appareil auquel je travaille. Je souhaiterais pouvoir déceler les cellules tumorales circulantes dans le sang, ce qui serait une méthode révolutionnaire à léchelle mondiale. »
Daniel Ghiculescu, professeur à lUniversité de Bucarest, a lui aussi été primé lors du Salon international des inventions de Genève. Se référant aux inventions qui lui ont valu des médailles, il a précisé quelles reposent sur le mélange de technologies et de procédés non conventionnels, un accent particulier étant mis sur les micro – et les nanotechnologies: « Jai participé avec deux inventions. Toutes les deux ont été récompensées de la médaille dor et des prix spéciaux du jury. Elles reposent sur la combinaison de technologies non conventionnelles, appelée combinaison hybride. Dans ce cas, nous avons combiné électroérosion et ultrasons dune part, électrochimie et ultrasons de lautre. Le grand atout de la combinaison est la synergie, qui valorise les avantages de chaque procédé. Il s‘agit, en fait, de la miniaturisation poussée à lextrême, un défi à relever dans bien des domaines, dont les technologies de linformation, les télécommunications, lélectronique, lélectro – optique. »
Le vrai problème cest le transfert de technologie des laboratoires vers les différents segments de marché, avec pour ultime but la commercialisation, précise encore le professeur des universités Daniel Ghiculescu: « Le Salon international de Genève est un excellent moyen de promotion. Il offre à nos inventions une meilleure visibilité à létranger, dans les pays où les industries du domaine sont plus développées, ce qui augmente les chances de leur mise en pratique. Je suis persuadé que si les résultats sont prometteurs, les investisseurs ne tarderont pas à sy intéresser. Pourtant, je crois quil existe un décalage entre lEurope, un peu plus conservatrice, et loutre – Atlantique ou encore lAsie, où le transfert de technologie sopère plus vite. »
Selon les données officielles, l’Office d’État pour les inventions et les marques de Bucarest, seulement 400 des quelque 1100 demandes de brevet déposées annuellement reçoivent une réponse positive. (trad.: Mariana Tudose)