Fin de mission en Afghanistan
Les États-Unis sont intervenus militairement en Afghanistan il y a près de 20 ans, juste après les attentats terroristes du 11 septembre, dirigés contre les tours jumelles de New York et le bâtiment du Pentagone de Washington. Accusés d’avoir offert refuge à Oussama ben Laden et au réseau djihadiste Al-Qaïda, responsables des attentats, les talibans ont rapidement été chassés du pouvoir par les Américains. Epaulée par lOTAN, la victoire éclair des Américains sur le front na cependant pas pour autant apporté la paix. En effet, durant les deux décennies écoulées, les forces de l’OTAN, actives sur le terrain par différentes missions, ont essuyé nombre dattaques, soldées par autant de victimes. Devant cette réalité, loccupant de la Maison Blanche, Joe Biden, disait en avril dernier : « Le moment est venu de mettre fin à la plus longue guerre américaine. Dans le contexte de la menace terroriste qui s’est maintenant étendue à plusieurs endroits, maintenir des milliers de soldats concentrés dans un seul pays, au prix de plusieurs milliards par an, semble manquer de sens de mon point de vue et de celui de nos dirigeants ».
Corina Cristea, 16.07.2021, 10:08
Les États-Unis sont intervenus militairement en Afghanistan il y a près de 20 ans, juste après les attentats terroristes du 11 septembre, dirigés contre les tours jumelles de New York et le bâtiment du Pentagone de Washington. Accusés d’avoir offert refuge à Oussama ben Laden et au réseau djihadiste Al-Qaïda, responsables des attentats, les talibans ont rapidement été chassés du pouvoir par les Américains. Epaulée par lOTAN, la victoire éclair des Américains sur le front na cependant pas pour autant apporté la paix. En effet, durant les deux décennies écoulées, les forces de l’OTAN, actives sur le terrain par différentes missions, ont essuyé nombre dattaques, soldées par autant de victimes. Devant cette réalité, loccupant de la Maison Blanche, Joe Biden, disait en avril dernier : « Le moment est venu de mettre fin à la plus longue guerre américaine. Dans le contexte de la menace terroriste qui s’est maintenant étendue à plusieurs endroits, maintenir des milliers de soldats concentrés dans un seul pays, au prix de plusieurs milliards par an, semble manquer de sens de mon point de vue et de celui de nos dirigeants ».
Les États-Unis travailleront donc de concert avec leurs alliés de l’OTAN pour un retrait coordonné de ce pays asiatique, selon le principe établi dès le départ : nous entrons ensemble, nous nous adaptons ensemble, et nous partons ensemble. Peu de temps après, l’Alliance de l’Atlantique Nord a annoncé que les conditions nécessaires pour mener à bien sa mission en Afghanistan, mission intitulée « Resolute Support », étaient réunies, et qu’il n’était dès lors plus nécessaire de maintenir la présence, dailleurs réduite entre temps, à un contingent de 9 600 soldats, originaires de 36 pays.
Il est vrai que la Roumanie a été depuis le début partie prenante de la coalition scellée contre le terrorisme, un premier contingent de larmée roumaine étant déployé en Afghanistan peu de temps après les attentats du 11 septembre. La Roumanie ne sétait du reste pas démontée depuis, apparaissant constamment parmi les principaux contributeurs à la mission de l’OTAN en Afghanistan. Aujourdhui, cest en toute logique et en accord avec ses partenaires d’alliance que la Roumanie décide à son tour de retirer ses forces d’Afghanistan, en évidente coordination avec les autres membres, tout cela à compter du 1er mai 2021, selon la décision prise au Conseil suprême de défense de la Roumanie.
Nicolae Ciucă : « En tant que l’un des États contributeurs des plus importants en termes du nombre des troupes participantes à la Mission Resolute Support, comptant plus de 600 soldats déployés sur le théâtre d’opérations, la Roumanie agira conformément aux décisions alliées en ce qui concerne son calendrier de retrait. La Roumanie a pris la décision, il y a deux décennies, de faire partie de la coalition antiterroriste, et de rejoindre ainsi ses alliés stratégiques, dans l’effort international pour combattre un ennemi qui menace la paix et la sécurité de ses citoyens. Pendant près de 20 ans, des dizaines de milliers de soldats roumains ont rempli des missions sur le théâtre d’opérations afghan, contribuant en cela de manière significative à l’amélioration de la situation sécuritaire dans la région. »
Lapport roumain sur le théâtre dopérations sétait en effet concrétisé à travers la participation à deux missions distinctes : la première, intitulée Force internationale d’assistance à la sécurité (la FIAS), suivie à compter de 2015 par Resolute Support, et qui visait à former, épauler et assister les Forces nationales de sécurité et de défense afghanes.
Invité sur les ondes de Radio Roumanie, Nicolae Ciucă, commandant du premier bataillon roumain en Afghanistan, explique la position roumaine, en brossant le tableau de la situation sur le terrain : « Pour l’armée roumaine, l’année 2002 a été une année charnière, une année pleine d’espoir et qui nous a vu déployer pas mal d’efforts pour pouvoir rejoindre lAlliance de lAtlantique Nord. Et, en effet, nos efforts se sont assez rapidement concrétisés, et nous avons été invités à rejoindre lOTAN lors de son Sommet de Prague de la même année. Et deux années plus tard, le 29 mars 2004, la Roumanie devenait officiellement membre à part entière de lAlliance. Pendant tout ce temps, l’armée roumaine a continué de remplir ses missions en Afghanistan, mais aussi en Irak. Notre engagement résolu aux côtés de nos alliés avait démontré notre volonté, l’enthousiasme, l’esprit de sacrifice dont nous sommes capables, la richesse en termes de ressources humaines et notre disponibilité à nous engager sur les théâtres dopérations. Cétait en fait démontrer le sérieux de notre démarche, la résolution de notre engagement. Cétait démontrer notre crédibilité au sein de cette alliance. Et parce que nous avons parlé de sacrifice, cest le moment de se souvenir, avec toute la gratitude que nous leur devons, des 27 militaires roumains qui ont perdu la vie en Afghanistan, ainsi que de près de 200 soldats blessés au front. Cela donne toute la dimension du sacrifice consenti par l’armée roumaine au cours de ces 20 dernières années. »
À quoi ressemble l’Afghanistan aujourd’hui, dans quelle mesure les problèmes rencontrés au départ ont-ils été résolus ? L’Afghanistan n’est certes toujours pas un pays idéal, mais il est actuellement loin de cet Afghanistan cauchemardesque dil y a 20 ans, de cet Afghanistan endeuillé par les décapitations et les tortures. L’Afghanistan compte désormais des dizaines de missions diplomatiques dans le monde, son fonctionnement repose sur une Constitution, le président et lexécutif afghans peuvent se targuer davoir été élus à la suite d’élections démocratiques. L’Afghanistan daujourdhui compte un parlement élu, et des conseils provinciaux où les femmes sont représentées. Les partis politiques, les ONG et les organisations de la société civile ont rétabli leurs activités. La plupart des Afghans ont accès aux soins de santé de base et des millions d’enfants sont vaccinés contre les maladies épidémiques. Cependant, d’énormes défis demeurent en termes de gouvernance, de drogue, de pauvreté et de corruption. L’avenir est encore incertain.
Liviu Mureşan, président de la fondation Eurisc : « Après deux décennies, il faut boucler la boucle, tourner la page. Mais cette opération, qui a coûté tant de vies et des milliers de milliards de dollars, laisse des problèmes non résolus. Nous ne savons pas comment les choses vont évoluer même à brève échéance. Ce qui nous importe, cest de pouvoir rapatrier nos gars dans de bonnes conditions, les hommes et, si possible, le matériel déployé sur le terrain. LAfghanistan restera une leçon sur la manière dont l’infrastructure, le terrain, le relief déterminent le sort, non seulement dune mission militaire, mais le sort du pays. Un pays qui n’a pas accès à la mer est un pays qui ne peut pas être conquis, surtout avec la géographie de l’Afghanistan, il ne peut pas être contrôlé ni véritablement transformé. »
Le président du Parlement afghan, Mir Rahman Rahmani, avait dailleurs tiré la sonnette dalarme, avertissant que le retrait des forces étrangères du pays dans le contexte actuel risquait de le mener à la guerre civile.
(Trad. : Ionut Jugureanu)