Elections américaines
Après huit années de présidence démocrate à la Maison Blanche, le camp républicain a misé sur un candidat surprise : Donald Trump. Un choix inspiré, vu la victoire qu’il a remportée au bout d’une campagne électorale jalonnée de controverses et de scandales. Hillary Clinton, que les adversaires avaient dépeinte comme faisant partie de l’establishment, a dû répondre à des questions portant sur le financement de la fondation qu’elle dirige aux côtés de son époux, l’ex-président Bill Clinton ou sur la manière dont elle avait réagi après l’attaque du consulat américain à Benghazi, en tant que secrétaire d’Etat. Par ailleurs, le fait d’avoir utilisé une adresse email personnelle pour des activités professionnelles a amené le FBI à ouvrir une enquête, qui n’a pas pour autant abouti à une mise en accusation.
Corina Cristea, 18.11.2016, 15:17
De l’autre côté, Donald Trump, candidat sans expérience politique ni connaissance des principaux problème du pays, comme on a pu le voir lors des trois débats présidentiels, s’est fait remarquer, tout au long de la campagne électorale, par ses nombreuses déclarations controversées. Ainsi a-t-il promis de faire construire un mur à la frontière avec le Mexique pour endiguer l’immigration ou encore d’interdire temporairement l’accès des musulmans aux Etats-Unis. Il allait revenir sur cette dernière déclaration, précisant qu’il fallait réfléchit davantage sur certains détails. Trump a également été impliqué dans un scandale provoqué par la manière dont il entend traiter les femmes. Pourtant, peu après sa victoire, Donald Trump a appelé à l’unité et promis de faire passer les intérêts américains au premier plan.
Donald Trump: « Il est temps pour nous de panser nos blessures, de nous rassembler. Que tous les indépendants, les républicains, les démocrates se rassemblent en tant que nation unie. Nous avons un plan économique formidable, en nous entendant avec les nations qui veulent s’entendre avec nous. Nous mettrons toujours les intérêts des Etats-Unis au premier plan ».
Surprenante, la victoire de Donald Trump l’a été pour beaucoup, vu l’important taux de réussite dont sa rivale avait été créditée jusqu’à la dernière minute. Comment s’explique alors le vote des Américains? Eléments de réponse avec Vladimir Socor, spécialiste en politique étrangère: « Je me l’explique par le mécontentement de la classe moyenne américaine, celle des Blancs surtout, car le facteur racial y a été pour beaucoup. Cela fait longtemps que la classe moyenne et celle des ouvriers de l’industrie, soit un électorat traditionnellement acquis au Parti démocrate, ont basculé dans le camp républicain. Ces classes sociales ont subi de plein fouet la tendance à expatrier les capitaux fixes là où la main d’œuvre coûte beaucoup moins cher, en Chine, au Mexique ou bien dans certains pays d’Asie du Sud-Est ou d’Amérique latine. Du coup, la main d’œuvre américaine traditionnelle, hautement qualifiée et par conséquent bien rémunérée, s’est vu concurrencer par ces ouvriers du tiers monde. Or ce facteur est responsable de la stagnation, voire même du déclin du niveau de vie des Américains. Un énorme fossé s’est creusé entre classe aisée d’une part, la classe moyenne et ouvrière de l’autre. C’est ce qui explique en partie le transfert massif de votes du Parti Démocrate vers le Parti Républicain. »
La question de l’immigration n’est pas mois importante dans cette équation, précise encore Vladimir Socor. La diminution accélérée du pourcentage des Blancs aux Etats-Unis, la hausse de la population non – européenne, ce sont autant d’inquiétudes de l’électorat que Donald Trump a réussi à exprimer. Voilà, en bref, la clé du succès du président américain récemment élu.
Pourrait-il y avoir des mutations en matière de politique de sécurité de Washington en Europe? Les engagements pris par les Etats-Unis l’été dernier au sommet de l’OTAN vont-ils changer ? De l’avis de Vladimir Socor, le Pentagone a suffisamment de poids politique pour influencer les décisions au sein de l’Alliance nord-atlantique, afin de mener à bonne fin les initiatives assumées à Varsovie. Par ailleurs, tout éventuel dysfonctionnement du côté de Washington serait de nature à accentuer les vulnérabilités de l’Occident. Nous avons besoin d’une Amérique qui comprenne les problèmes spécifiques de l’Europe, estime à son tour un autre expert en politique étrangère, Iulian Fota. Et lui d’ajouter que le président sortant Barack Obama avait promis d’aider l’Europe à résoudre les problèmes sérieux qui se posent devant elle. Il est donc extrêmement important que le président élu, Donald Trump, poursuive dans la même voie, a-t-il conclu au micro de Radio Roumanie. (trad. Mariana Tudose)