Destination Roumanie !
Médecins, enseignants, ouvriers du bâtiment et agriculteurs, de plus en plus de Roumains choisissent de quitter leur pays natal. Le chômage et la précarité des emplois en Roumanie les poussent à chercher une vie meilleure à létranger. Selon les chiffres du dernier recensement en date, réalisé en 2011, plus de 727 mille ressortissants roumains vivraient à lextérieur des frontières du pays pour des périodes dau moins une année, la plupart en Italie, Espagne, Allemagne, France et au Royaume Uni. Et pourtant, selon les estimations non officielles, leur nombre, très difficile à établir exactement, serait trois fois supérieur aux statistiques, avouent les autorités de Bucarest. Ce qui est sûr, cest que plus dun million de Roumains vivent en Italie et près dun million en Espagne !
Roxana Vasile, 07.08.2015, 13:02
Médecins, enseignants, ouvriers du bâtiment et agriculteurs, de plus en plus de Roumains choisissent de quitter leur pays natal. Le chômage et la précarité des emplois en Roumanie les poussent à chercher une vie meilleure à létranger. Selon les chiffres du dernier recensement en date, réalisé en 2011, plus de 727 mille ressortissants roumains vivraient à lextérieur des frontières du pays pour des périodes dau moins une année, la plupart en Italie, Espagne, Allemagne, France et au Royaume Uni. Et pourtant, selon les estimations non officielles, leur nombre, très difficile à établir exactement, serait trois fois supérieur aux statistiques, avouent les autorités de Bucarest. Ce qui est sûr, cest que plus dun million de Roumains vivent en Italie et près dun million en Espagne !
De lautre côté, de nombreux étrangers : Occidentaux, mais aussi Sud-américains, Arabes, Africains et Chinois choisissent de venir vivre en Roumanie. Pourquoi sinstallent-ils ici et pourquoi décident-ils dy rester ? La Roumanie est-elle une nouvelle destination pour limmigration, surtout après ladhésion de Bucarest à lUE en 2007 ?
Après une bourse Erasmus entre 2005 et 2006 dans le domaine des langues étrangères, le jeune Espagnol David Grau emménageait à Bucarest en 2008. Ecoutons-le : « Je me souviens que mes amis étaient carrément choqués de ma décision de quitter un pays qui se portait assez bien pour un pays au sujet duquel ils entendaient des choses plutôt négatives. A lheure actuelle, cest linverse. Ce sont eux qui me demandent « là-bas, chez toi en Roumanie, y a-t-il du travail ? Est-il facile de trouver un job ? ». Les rôles ont changé et la Roumanie reçoit pas mal dEspagnols qui y tentent leur chance. »
A son tour Yveline Bonora est arrivée à Bucarest il y a près de 10 ans. Elle suivait son époux, Just, qui était venu en Roumanie un année auparavant pour y mettre sur pied un resto. Après une période de navette entre la France et la Roumanie, Yveline et Just ont décidé dabandonner les pittoresques côtes de la Méditerranée pour fonder leur propre affaire en Roumanie. Ils produisent confitures, pâtés de fruits et autres sucreries utilisant notamment des fruits roumains.
Quant au Britannique Tom Rees, après sêtre spécialisé à Paris, il a ouvert à Bucarest une boulangerie-pâtisserie française: « Jai assumé la création des nouveaux produits, mais je dispose dune équipe de 5 personnes chargées de la pâtisserie et de 3 autres qui soccupent de la boulangerie. Moi, je suis le seul étranger, les autres sont tous Roumains. Avant douvrir la boutique, nous avons eu du mal à trouver du personnel. Heureusement, 90% des gens que nous avons embauchés sont sérieux. Nous avons eu quelques problèmes avec un ou deux dentre eux et nous avons dû les remplacer, mais les autres sont avec nous depuis plus dun an, ils font des progrès tous les jours, ils aiment leur travail et ils sont animés du désir dapprendre. Nous récompensons leurs efforts et ils savent que sils travaillent davantage, ils seront mieux payés. »
En échange, le professeur allemand Matthias Thesing voit le verre à moitié vide plutôt quà moitié plein: « Les salaires sont trop bas. La vie est belle, mais il faut assurer sa subsistance. A la différence dautres étrangers qui viennent en Roumanie et qui reçoivent différentes sommes de leurs pays dorigine, moi, je nai pas dargent qui marrive dAllemagne. Et si lon est obligé de vivre seulement du revenu que lon gagne ici, à Bucarest, on a juste de quoi payer le loyer et se nourrir. Ça dépend de ce que lon attend de la vie ! Il est évident que, du point de vue économique, les conditions sont meilleures en Allemagne, mais là-bas les dépenses sont elles aussi plus élevées. Je me suis dit que si tous les Roumains peuvent survivre ici, pourquoi pas moi ? Je me plais en Roumanie, car je me sens plus proche de sa culture. »
Les 4 exemples dexpatriés traduisent autant dexpériences différentes dadaptation aux conditions de Roumanie. Raisons liées strictement à la vie privée, opportunités professionnelles, nourriture bio et localités rurales tranquilles, rapport revenus/dépenses meilleur que dans leurs pays dorigine – voilà les paramètres en vertu desquels Bucarest occupe la 159e place parmi 211 villes du monde où le coût de la vie pour les expatriés est le moins élevé…
Les raisons pour lesquelles les étrangers choisissent de sétablir en Roumanie sont nombreuses. Dune part, il y a ceux qui espèrent gagner plus que chez eux – et cette catégorie réunit les étrangers provenant de pays pauvres – asiatiques ou africains. Dautre part, il y a les expatriés qui occupent des fonctions de direction en Roumanie où qui sont actifs dans des domaines exigeant une formation supérieure. Pour eux, lexpérience roumaine représente, en général, un bond dans leur carrière professionnelle.
Selon les données recueillies en 2014 par lInspection générale de limmigration, la Roumanie compte près de 100 mille étrangers à droit de résidence, dont plus de 41 mille proviennent des Etats de lUE et de lespace économique européen. La plupart sont des Italiens, suivis par des Moldaves et des Turcs. Parmi les expatriés vivant en Roumanie se retrouvent pourtant aussi des Chinois, des Hongrois, des Allemands, des Bulgares, des Français, des Grecs, des Serbes, des Syriens et des Polonais. Sy ajoutent des Américains, des Britanniques, des Ukrainiens, des Espagnols, des Vénézuéliens et des Irakiens.
Certes, si lon compare le nombre des expatriés de Roumanie à celui des Roumains qui choisissent de vivre à létranger, ce rapport est nettement en faveur de ces derniers. Pourtant, le nombre détrangers qui habitent la Roumanie est assez important pour que lon puisse se demander si la Roumanie ne devient pas effectivement plus attrayante. (trad. : Alex Diaconescu, Dominique)