Dernier accord avec le FMI?
L’évaluation du 10e accord que la Roumanie a conclu avec le FMI en l’espace de 23 ans a été reportée à l’automne prochain, lorsque le projet de budget 2015 aura été élaboré. Ce sont les représentants des bailleurs de fonds internationaux présents à Bucarest début juin qui ont décidé ainsi, car plusieurs points étaient restés en suspens. Parmi eux, le sujet épineux des charges patronales de sécurité sociale que les autorités roumaines ont décidé de réduire de 5%. Le Comité directeur du FMI a approuvé en septembre dernier la lettre d’intention des décideurs politiques de Bucarest portant sur la conclusion d’un accord de type préventif d’un montant de près de deux milliards d’euros pour une période de deux ans, auquel s’ajoute un autre crédit de deux milliards d’euros auprès de la Commission européenne. C’est un accord de stabilité, une sorte d’ancre, affirment les responsables roumains, en précisant qu’il sera sans doute le dernier passé avec lesdits créanciers.
Corina Cristea, 20.06.2014, 13:57
L’évaluation du 10e accord que la Roumanie a conclu avec le FMI en l’espace de 23 ans a été reportée à l’automne prochain, lorsque le projet de budget 2015 aura été élaboré. Ce sont les représentants des bailleurs de fonds internationaux présents à Bucarest début juin qui ont décidé ainsi, car plusieurs points étaient restés en suspens. Parmi eux, le sujet épineux des charges patronales de sécurité sociale que les autorités roumaines ont décidé de réduire de 5%. Le Comité directeur du FMI a approuvé en septembre dernier la lettre d’intention des décideurs politiques de Bucarest portant sur la conclusion d’un accord de type préventif d’un montant de près de deux milliards d’euros pour une période de deux ans, auquel s’ajoute un autre crédit de deux milliards d’euros auprès de la Commission européenne. C’est un accord de stabilité, une sorte d’ancre, affirment les responsables roumains, en précisant qu’il sera sans doute le dernier passé avec lesdits créanciers.
De l’avis des experts, il n’ y a pas de raisons de s’inquiéter au sujet du retard pris sur l’évaluation de l’actuel accord. Voici les explications de l’analyste économique Aurelian Dochia : « En l’absence des accords avec le FMI, des questions se posent sur les politiques économiques que vont mener les futurs cabinets affranchis des contraintes qui accompagnent ces accords. L’expérience roumaine de ces vingt dernières années montre qu’il y a des risques à cet égard, mais moi je crois que nous devons dépasser cette étape des accords et marcher sur nos propres jambes. »
Le moment semble assez favorable pour la Roumanie, étant donné la réaction nettement meilleure des marchés, ces derniers temps, précise encore notre interlocuteur. En plus, il s’agit d’un accord de précaution et de toute façon Bucarest n’avait pas l’intention d’utiliser l’argent mis à sa disposition par les créanciers internationaux.
Toutefois, la situation pourrait changer si l’économie mondiale donnait à nouveau des signes de faiblesse, souligne Aurelian Dochia : « Cet accord pourrait connaître un regain d’importance si des troubles venaient à ressurgir sur les marchés financiers internationaux. Pour l’instant, la situation est relativement calme et l’on n’a pas à se faire du souci. »
Quoi qu’il en soit, l’actuel accord de type préventif reste valable, a déclaré le chef du cabinet de Bucarest Victor Ponta : « L’accord n’est pas suspendu. Il n’est pas question non plus de le résilier ou de le dénoncer. Cet accord est donc en vigueur, ce qui revient à dire qu’au besoin nous pouvons accéder aux crédits mis à notre disposition. Nous avons toujours accès sans entrave aucune au top up de 10%, qui concerne le cofinancement des fonds européens. Les lignes de crédit ouvertes par la Banque mondiale pour les programmes de santé et d’éducation demeurent valables et opérationnelles. De ce point de vue, je trouve que la confiance dont la Roumanie jouit auprès des institutions financières internationales et des marchés financiers est un atout qu’il faut préserver. »
L’évolution des indicateurs macro-économiques s’est retrouvée au cœur des discussions menées à Bucarest, dans les conditions où les recettes budgétaires sont moindres qu’escompté et que le gouvernement envisage de mettre en place une série de mesures qui risquent d’avoir des retombées négatives. Parmi elles, ladite réduction de 5% des charges patronales de sécurité sociale, dont la mise en œuvre, ajournée de trois mois, devrait survenir le 1er octobre prochain. Selon la ministre des finances, Ioana Petrescu, cette mesure est censée améliorer le milieu des affaires, alléger la charge fiscale des employeurs honnêtes et même générer de nouveaux emplois, grâce à la baisse du travail au noir. On estime que sur le deuxième trimestre de 2014 les pertes subies par le budget suite à l’application de cette mesure se chiffreront à plus de deux milliards et demi d’euros.
Pourtant, l’Exécutif s’attend à des effets positifs aussi, d’environ un milliard d’euros, provenant tant d’une croissance économique supplémentaire, que des taxes afférentes aux emplois au noir récupérés par la zone fiscalisée. Par ailleurs, l’Institut national de la statistique attire l’attention sur la baisse des exportations roumaines au cours des quatre premiers mois de 2014, tout en rappelant que, ces trois dernières années, la Roumanie s’était classée première en Europe pour ce qui est du volume de ses exportations.
Les importations augmentent néanmoins plus vite, déclarait, dans une interview à la radio publique roumaine, Mihai Ionescu, co-président du Conseil d’exportation : « Les exportations commencent à faiblir. Au mois d’avril, nous avons enregistré le rythme le plus faible de ces quatre dernières années. C’est un signal important dont il faudrait tenir compte. Trois secteurs surtout sont en chute libre : la métallurgie, l’industrie chimique et la production d’ordinateurs. De l’autre côté, la construction automobile, les industries électronique et électrotechnique ainsi que les technologies de l’information continuent d’être les vedettes de l’exportation ».
Pour leur part, les experts financiers internationaux affirment que l’économie roumaine, en passe de se redresser, devrait croître cette année de 2,8%. (trad. Mariana Tudose)