Défis géopolitiques dans la région de la Roumanie
Léconomie de la Fédération de Russie est en train de connaître la récession, alors que les sanctions imposées suite à son implication en Ukraine ont fait plonger sa monnaie à des taux minimums par rapport à leuro et au dollar. « Les sanctions sont illégales et lOccident utilise cet instrument pour libérer sa furie. Ceci nest pas notre chemin. » – a déclaré le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, qui plaidait pour une relance du dialogue politique. Les Etats-Unis ont récemment annoncé quils pourraient annuler certaines sanctions contre la Russie, si Moscou respectait les accords de Minsk du 5 septembre, qui ont mené à un cessez-le-feu entre les forces ukrainiennes et les séparatistes pro-russes.
Corina Cristea, 17.10.2014, 14:12
Léconomie de la Fédération de Russie est en train de connaître la récession, alors que les sanctions imposées suite à son implication en Ukraine ont fait plonger sa monnaie à des taux minimums par rapport à leuro et au dollar. « Les sanctions sont illégales et lOccident utilise cet instrument pour libérer sa furie. Ceci nest pas notre chemin. » – a déclaré le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, qui plaidait pour une relance du dialogue politique. Les Etats-Unis ont récemment annoncé quils pourraient annuler certaines sanctions contre la Russie, si Moscou respectait les accords de Minsk du 5 septembre, qui ont mené à un cessez-le-feu entre les forces ukrainiennes et les séparatistes pro-russes.
Que devraient faire les Etats-Unis et lUE pour lUkraine? Le directeur du centre Eurasie du Conseil Atlantique de Washington, ex-ambassadeur des Etats-Unis à Kiev entre 2003 et 2006, John Herbst, affirmait dans une interview accordée à la radio publique roumaine que : « Il faut dabord maintenir un régime de sanctions fortes contre la Russie et, si elle avance dans lest de lUkraine le moment sera venu pour les Etats Unis et lEurope dimposer de nouvelles sanctions sectorielles contre Moscou. Et même si la Russie navance plus, les sanctions devraient rester en vigueur. Deuxièmement, les Etats-Unis devraient assumer leur rôle directeur et lOccident en général devrait fournir des ressources militaires majeures à lUkraine. Troisièmement, lOTAN doit produire une réponse beaucoup plus vigoureuse à lagression de la Russie en Ukraine et aux défis lancés par la Russie aux pays baltes. »
A la veille de sa première visite en Occident en quatre mois, au Sommet Asie – Europe de Milan, Vladimir Poutine a fait un nouveau pas vers une désescalade de la situation en Ukraine et des tensions entre Russes et Occidentaux, engagés dans leur plus sévère confrontation depuis la fin de la guerre froide. Le leader du Kremlin a ordonné à son ministre de la défense de retirer les troupes russes, déployées depuis cet été à la frontière russo-ukrainienne, officiellement, pour participer à des exercices. Le secrétaire américain dEtat John Kerry a confirmé que les troupes russes avaient commencé à se retirer dUkraine et de la zone frontalière, mais il a affirmé que les combats entre séparatistes et forces ukrainiennes continuaient à faire des victimes. « Les tirs autour de laéroport de Donetsk doivent cesser, les troupes et les armes étrangères doivent se retirer et libérer tous les otages, a affirmé M Kerry, soulignant que la souveraineté devrait être instaurée le long de la frontière entre lUkraine et la Russie. Ce sont les principales conditions requises pour la levée des sanctions, a-t-il rappelé. Par ailleurs, à Kiev, la conseillère du secrétaire dEtat des Etats-Unis, Victoria Nuland, a déclaré quil était peu probable que les pays de lOtan acceptent une éventuelle intégration de lUkraine dans lAlliance atlantique. A son avis, « ce pays bénéficie déjà de tous les avantages dune telle coopération » et « les portes de lAlliance restent ouvertes à tout pays qui répond aux critères requis. »
La Roumanie demeure une île euro-atlantique entourée de pays favorables à la Russie, estiment par ailleurs, plusieurs prestigieux analystes américains, spécialistes de lEurope du sud-est et de lespace ex-soviétique, qui soulignaient ainsi les différents engagements des pays voisins de la Roumanie envers Moscou. La Roumanie serait-elle vulnérable aux pressions du Kremlin dans la région? Edward Lucas, éditorialiste à The Economist, nous en parle:
« Oui, la Roumanie est vulnérable puisqu’elle est entourée de pays signataires d’accords avec les Russes: la Bulgarie au sud et la Hongrie au nord-ouest. L’Ukraine a conclu également un accord avec la Russie, même si on ne sait pas très bien sur quoi porte exactement ce document signé en secret par Porochenko et Poutine. Il y a aussi la République de Moldova, placée dans la sphère d’influence russe, pas entièrement, mais en danger de l’être. Et puis, n’oublions pas la Serbie. Comme quoi vous êtes entourés de pays pro-russes. »
A son tour, John Herbst affirme à propos de la vulnérabilité: « Je pense que chacun des pays est-européens membres de l’OTAN, en particulier ceux où vivent des groupes d’ethniques russes, est vulnérable aux pressions du Kremlin. Vladimir Poutine mène une politique très agressive et l’Occident doit comprendre cette réalité. »
Aux dires d’Edward Lucas au fur et à mesure que l’Ukraine saffaiblit et que la vie des gens se dégrade, la population deviendra encore plus désespérée et réceptive à la propagande russe”.« Les Russes souhaitent miner la crédibilité occidentale en Ukraine où les responsables politiques font des promesses quils ne peuvent pas tenir. Or, si l’Ukraine ne peut pas rembourser ses dettes en hiver, le FMI se sentira humilié d’avoir prêté de l’argent à un pays qui, selon les règles du jeu, ne le méritait pas. Et puis si, Kiev prendra, par désespoir, le gaz destiné à l’Europe de l’Ouest, l’Occident se retrouvera de nouveau dans une situation embarrassante. »
De l’avis de John Herbst, on ne saurait ignorer le fait que depuis six semaines déjà, Moscou est passé à l’attaque contre les Pays Baltes: elle a enlevé un officier estonien de contre-espionnage du côté estonien de la frontière, elle a capturé des navires lituaniens et insiste que la Lituanie lui livre les citoyens ayant refusé de s’enrôler dans l’armée soviétique dans les années 1990. Autant de gestes censées démontrer aux Pays Baltes que l’OTAN n’a pas de force pour les protéger totalement. (trad. Ioana Stancescu, Alex Diaconescu)