Défis de l’an 2017
Pour une analyse des défis qui se posent devant cette année 2017, nous avons invité au micro Iulian Chifu, directeur du centre de prévention des conflits. Par ordre chronologique, le premier événement notable est le début du mandat de l’administration Donald Trump, à Washington. Le nouveau chef de la Maison Blanche a fait savoir entre autres son intention de retirer les Etats-Unis du Partenariat transpacifique. Il a également promis de réviser et remplacer le système de santé Obamacare et d’annuler les politiques en matière d’énergie propre mises en place par l’Administration Barack Obama. Compte tenu de son comportement, le 45e président des Etats-Unis ne tardera pas à se faire remarquer par des actions spécifiques, note le journal Financial Times. Selon cette publication, la première rencontre de Donald Trump avec le président russe, Vladimir Poutine sera suivie attentivement, d’autant que les services secrets américains soupçonnent ce dernier d’avoir contribué à la victoire d’ailleurs inattendue du candidat républicain.
Corina Cristea, 20.01.2017, 13:47
Quant au mandat de Donald Trump, Iulian Chifu estime que : C’est un fait très important, car il s’agit de l’administration américaine. D’autre part, il faut préciser clairement que les administrations ne modifient pas de manière substantielle la politique extérieure de sécurité et de défense d’un pays. Elle ne fait que changer l’ordre des priorités et peut-être nuancer l’approche de certaines choses, puisque la base de données du système administratif dans son ensemble reste la même. Nous allons voir quelle sera la part de continuité ou au contraire de nouveauté dans les démarches de l’administration Trump .
Les intentions de Trump de restaurer les relations avec la Russie vont mettre au jour les faiblesses des alliés européens des Etats-Unis. Ces alliés se retrouveraient dans l’impossibilité de se défendre tout seuls si Washington manquait à ses engagements en matière de sécurité ». C’et ce qu’écrivait dans un éditorial du « Washington Post » Judy Dempsey, chercheur au sein de l’organisation Carnegie Europe de Bruxelles et journaliste spécialiste de politique étrangère. Même si plus d’une administration américaine avait recommandé à l’Europe de majorer ses budgets de la Défense, écrit Judy Dempsey, les leaders de l’UE ont pris peu de mesures en ce sens. Les attentats terroristes de ces derniers temps en témoignent largement. L’activation par la première ministre britannique Theresa May de l’article 50 du Traité de l’UE, qui devrait avoir lieu en mars prochain au plus tard, est un autre événement majeur. Suite au Brexit décidé par les Britanniques, l’UE se verra privée d’un de ses membres dont l’expérience est très vaste dans les domaines de la défense et de la sécurité.
En plus, c’est une situation qui du fait de son caractère inédit soulève des points d’interrogation, précise l’analyste Iulian Chifu : Le Brexit représente un gros problème pour l’UE, d’autant que l’on n’a pas vraiment une idée claire de ce qu’il supposera. C’est pour la première fois qu’un Etat membre sort de l’Union et il paraît que cette expérience ne sera pas forcément la plus favorable. Il suffit de penser aux prémisses du Brexit et à la délocalisation de nombre d’industries, qui vont quitter l’espace européen. Par ailleurs, la négociation envisagée par les eurosceptiques et par ceux qui ont généré le Brexit semble être une utopie. En clair, ils pensent qu’il leur serait possible de rester sur le marché unique et de bénéficier de tous les avantages qui en découlent, dont la libre circulation des biens et des services, tout en entravant l’accès des travailleurs étrangers au marché britannique de l’emploi. A mon avis, le Brexit est un point d’interrogation, car il représente une expérience nouvelle. Reste à voir comment elle sera vécue par le Royaume – Uni pas dans l’immédiat mais durant les négociations et surtout au moment de la séparation effective de l’UE.
2017 est pour la France une année électorale, les Français devant élire un nouveau président. Alors que le président en exercice, François Hollande, a fait savoir qu’il ne briguerait pas de second nouveau mandat, les enquêtes d’opinion donnent largement favorite Marine Le Pen, la chef de file de l’extrême droite française. Iulian Chifu : La situation est inédite. Le parti socialiste, avec son candidat Emmanuel Valls, ancien premier ministre, occupe la quatrième place dans les préférences des électeurs, tandis que le mouvement politique nouveau de centre-droit, lancé par Emmanuel Macron semble avoir de grandes chances de qualification au second tour, devançant même le parti de Marine Le Pen. Enfin, le candidat de la droite, François Fillon, est crédité du plus grand nombre d’intentions de vote dans les conditions où il partage nombre de points communs avec Marine Le Pen. Il s’agit d’éléments relevant plutôt de l’extrême droite. Ils ne vont pas jusqu’ à prôner la sortie de l’UE, ce dont Le Pen se fait un titre de gloire, mais concernent ont trait par exemple à la libre circulation et aux relations avec la Fédération de Russie.
Sur la liste des événements importants qui auront lieu en 2017 figurent aussi les élections en Allemagne, la situation en Syrie et l’implication de Moscou dans ce conflit ou encore le prochain sommet de l’OTAN qui se tiendra à Bruxelles, au lendemain d’une réunion des ministres de la Défense. (Corina Cristea)