Défis de la migration
Confrontée à la plus grave crise des réfugiés d’après la Seconde Guerre mondiale, l’UE a réussi à opérer un changement radical en matière de gestion de la migration et de protection de ses frontières. Malgré cela, des efforts complémentaires sont nécessaires pour que la politique de l’Union en matière de migration puisse réellement faire face aux défis futurs. Récemment, la Commission européenne a repris son appel pour élaborer une stratégie commune de l’UE au sujet de la migration, la question épineuse de l’accueil des migrants dès lors qu’ils ont déjà débarqué dans l’espace communautaire comprise.
Corina Cristea, 22.03.2019, 13:29
Par un communiqué, la Commission européenne a précisé que « la migration reste un sujet sensible dans le contexte des élections européennes, qui engendre des craintes au sujet de la popularité croissante des partis eurosceptiques. Les Etats membres continuent de camper sur des positions divergentes au sujet de la réforme du règlement Dublin et de l’établissement d’une politique conjointe d’asile. Et ce notamment en raison des points de vue différents sur la répartition obligatoire des quotas de migrants entre les Etats membres, initiative rejetée par certains pays d’Europe de l’Est, notamment ceux du groupe de Visegrád ». « L’Europe ne se confronte plus, aujourd’hui, avec une crise de la migration semblable à celle que nous avons vécue en 2015, mais des problèmes structurels persistent », a mis en garde le premier vice-président de la Commission, Frans Timmermans, rappelant que, ces quatre dernières années, l’UE a connu des progrès importants, ayant obtenu des résultats concrets en ce qui concerne l’approche du défi que la migration constitue.
De l’avis de Frans Timmermans, l’UE n’a qu’une seule solution pour faire face à ce défi ; elle doit continuer à collaborer, à travers une approche plus extensive, reposant sur la solidarité et le partage équitable de la responsabilité. Dans son dernier rapport en date, la Commission européenne fait savoir que le nombre des personnes à avoir tenté de traverser la Méditerranée pour se rendre en Europe a baissé de près de 90% en 2018. Les données enregistrées indiquent une diminution de la vague migratoire en Grèce et en Italie et une augmentation en Espagne.
Le commissaire européen en charge de la migration, Dimitris Avramopoulos, explique : « Dans l’ouest de la Méditerranée, l’Espagne est affectée par une pression migratoire très forte. Nous continuerons à soutenir l’Espagne, comme nous l’avons aussi fait par le passé et comme nous le faisons habituellement avec tous les Etats membres qui subissent ce type de pression. L’année dernière nous avons déjà fourni de l’assistance d’urgence à l’Espagne pour 36 millions d’euros et nous sommes prêts à lui offrir encore tout type de soutien nécessaire : technique, financier ou politique. Dans le même temps, il est évident que nous devrions consolider notre relation de coopération avec le Maroc. Nous attendons avec intérêt de développer avec eux ce partenariat plus rapproché, plus approfondi et plus ambitieux. Cela débutera par une aide de 140 millions au Maroc, ciblée principalement sur le renforcement de leur capacité de gestion des frontières. »
Le nombre des arrivées est décroissant depuis trois ans et se situe actuellement à environ 10% du pic atteint en 2015. Rien ne garantit, cependant, que cette tendance se maintienne, dans les conditions de la pression migratoire aux frontières. Il faut, donc, appliquer des mesures appuyées, concernant chacun des quatre piliers de l’Agenda européen pour la migration, à savoir la lutte contre les facteurs favorisant la migration irrégulière, une gestion plus rigoureuse des frontières, des mesures de protection et d’asile, ainsi que des mesures concernant la migration légale et l’intégration.
Le commissaire européen Dimitris Avramopoulos précise : « Nos frontières extérieures sont mieux gérées et plus protégées que jamais. L’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes a introduit une modification radicale dans notre culture de gestion commune des frontières. Néanmoins, nous voulons aider les Etats membres, les soutenir même davantage pour garantir la sécurité de nos frontières extérieures. Mais, nonobstant de combien même seront sécurisées et protégées nos frontières extérieures, l’Europe devra remplir son devoir d’assurer aide et assistance à tous ceux qui fuient les conflits, les guerres, les persécutions. L’Europe doit mieux gérer aussi la migration à l’intérieur de ses frontières pour ceux qui ont le droit de séjour et pour ceux qui s’y trouvent illégalement. Par exemple, nous devons mettre fin aux déplacements secondaires et à la recherche des meilleures conditions d’asile. Dans ce but nous devons finaliser la réforme du Régime d’asile européen commun. Je salue le fait que la présidence roumaine du Conseil de l’Union européenne a déjà commencé à s’occuper de ces dispositions et je compte sur une réponse sur mesure de la part des pays membres. »
La Commission européenne demande aussi aux Etats membres d’encourager la migration légale et l’intégration, facteurs de découragement de la migration irrégulière. (Trad. Elena Diaconu, Ileana Taroi, Ligia Mihaiescu )