De nouveaux défis pour l’Alliance de l’Atlantique nord
Nominalisée
comme « défi » par l’OTAN à l’occasion de son dernier sommet de Madrid,
la Chine demeure, avec la guerre en Ukraine, en tête de la liste des
préoccupations de l’Alliancede l’Atlantique nord. Les alliés sont en effet préoccupés par le renforcement
des capacités militaires chinoises, et par la possible coopération de cette
dernière avec la Russie, a déclaré le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, à l’issue d’une réunion ministérielle de l’OTAN,
accueillie en Roumanie. Antony Blinken avait à cette occasion accusé la Chine d’« utiliser
la désinformation, de procéder à un accroissement accéléré et opaque de ses
capacités militaires et de coopérer avec la Russie ». Les défis à long
terme que la Chine semble poser à l’Alliance occidentale ont occupé une place
particulière dans les discussions. Ecoutons à cet égard Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN :
Corina Cristea, 15.12.2022, 19:09
Nominalisée
comme « défi » par l’OTAN à l’occasion de son dernier sommet de Madrid,
la Chine demeure, avec la guerre en Ukraine, en tête de la liste des
préoccupations de l’Alliancede l’Atlantique nord. Les alliés sont en effet préoccupés par le renforcement
des capacités militaires chinoises, et par la possible coopération de cette
dernière avec la Russie, a déclaré le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, à l’issue d’une réunion ministérielle de l’OTAN,
accueillie en Roumanie. Antony Blinken avait à cette occasion accusé la Chine d’« utiliser
la désinformation, de procéder à un accroissement accéléré et opaque de ses
capacités militaires et de coopérer avec la Russie ». Les défis à long
terme que la Chine semble poser à l’Alliance occidentale ont occupé une place
particulière dans les discussions. Ecoutons à cet égard Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN :
« L’OTAN est une alliance de
l’Europe et de l’Amérique du Nord. Mais les défis que nous abordons sont des
défis globaux, et c’est à cette échelle que nous agirons. La Chine n’est pas un
adversaire, nous continuons d’avoir des relations avec la Chine lorsque les
intérêts de l’Alliance l’appellent, par exemple pour faire connaitre notre
position à l’égard de la guerre illégale déclenchée par la Russie contre l’Ukraine.
Les ministres ont pris acte de l’ambition militaire de la Chine, de ses progrès
en matière technologique, de ses activités cyber et hybrides. La guerre en
Ukraine a mis en évidence la dépendance dangereuse que nous avons entretenue par
rapport au gaz russe. Il nous faut évaluer ce genre de choses, notre dépendance
à l’égard des régimes autoritaires, à l’égard de la Chine, mais pas seulement,
dans le domaine de la production des technologies, des chaînes d’approvisionnement,
de l’infrastructure. Si nos relations avec la Chine sont vouées à s’étoffer, il
nous faut prendre conscience de notre degré de dépendance, pour mieux gérer les
risques qui en découlent ».
Au
sommet de l’Alliance de Bucarest avaient par ailleurs été abordés d’autres
sujets d’actualité, tel le prochain élargissement de l’OTAN à la Suède et à la
Finlande, les risques terroristes, ou encore le soutien de l’Alliance pour la
stabilité et le renforcement des capacités de la Bosnie, de la Géorgie et de la
République de Moldova, trois Etats partenaires de l’OTAN. Mais le sommet n’a
pas pu faire fi de l’actualité, dominée par la guerre en Ukraine et par ses
conséquences néfastes. « L’Ukraine a fait des progrès
significatifs face à l’invasion russe, mais cela ne doit pas nous faire sous-estimer
la Russie, dont les missiles poursuivent leur œuvre destructrice à l’encontre
des villes, des civiles et de l’infrastructure critique ukrainienne »,
avait été noté dans les conclusions de la réunion de l’OTAN du mois de
novembre. L’OTAN doit faire en
sorte pour que l’Ukraine sorte victorieuse de sa guerre contre l’envahisseur,
et notre « mission ardue est de s’assurer que l’Ukraine triomphera de
cette guerre en tant que nation européenne souveraine, démocrate et
indépendante », avait assuré le secrétaire-général de l’Alliance, Jens
Stoltenberg. Et le même de souligner « qu’il faut mobiliser pour cela une
aide militaire, économique, financière et humanitaire constante et consistante,
et c’est bien ce que nous faisons ». A Bucarest, les alliés ont en effet
annoncé des contributions significatives au Paquet d’Assistance compréhensive
de l’OTAN, censées offrir à l’Ukraine l’aide matérielle dont elle a cruellement
besoin, y compris en termes d’approvisionnement en combustible et en
générateurs électriques. D’autant plus que la fin de la guerre semble encore
éloignée. Mais quel pourrait donc être l’objectif à long terme de la Russie ?
Dan Dungaciu, directeur de l’Institut des Sciences politiques et des relations internationales
de l’Académie roumaine, essaye d’apporter sur nos ondes une réponse :
« Dans la mesure où des
négociations démarrent alors que les troupes russes se trouvent toujours en
territoire ukrainien (et aujourd’hui elles occupent encore près de 15% du territoire
ukrainien), alors la Russie part avec un avantage certain. De fait, elle
bénéficie de deux atouts : Tout d’abord, elle est fort habile en matière
de négociations, car elle parvient à faire comme si elle n’était pas l’agresseur,
s’érigeant en médiateur. La Russie avait déjà endossé ce genre d’attitude lors
de la guerre en Géorgie, lors du conflit en Transnistrie, se mettant en habits
de faiseuse de paix, alors que c’était elle l’agresseur. Mais il y a encore un
autre élément qui pèse aujourd’hui en faveur de la position russe. Il s’agit de
l’énorme capacité de manipulation du régime, qui explique la popularité dont
Vladimir Poutine et sa politique jouissent au sein de la population russe. Les Russes
pensent alors que leur pays mène une sainte guerre contre l’Ouest, contre l’OTAN
et les Etats-Unis. Monter la mise de la sorte, c’est pour changer le statut de
la victoire ou de la défaite. L’objectif initial de la soi-disant « opération spéciale » ne
compte plus. Plus personne ne parleen
Russie à l’heure actuelle de la guerre russo-ukrainienne ni même de l’opération
spéciale. La propagande russe parle tout simplement de la guerre contre l’Occident ».
Si l’Ukraine n’arrive pas à
vaincre la Russie, le Kremlin, le président Poutine et les autorités russes
pourraient en profiter pour dire dans leurs messages transmis à la population :
vous voyez, ni même tout l’Occident allié n’arrive pas à nous vaincre ! »
a encore précisé le professeur Dan Dungaciu. (Trad. Ionut Jugureanu)