Candidature de la Roumanie au Conseil de Sécurité de l’ONU
Depuis son adhésion à l’organisation, en 1955, la Roumanie a déjà détenu 4 tels mandats, à savoir : en 1962, en 1976-77, 1990-91 en et enfin en 2004-2005.
Corina Cristea, 04.01.2019, 14:04
La campagne actuelle de soutien de la candidature roumaine a lieu sous le slogan « La Roumanie : un engagement durable pour la Paix, la Justice et le Développement ». Invité à Radio Romanie, le représentant permanent de la Roumanie aux NU, l’ambassadeur Ion Jinga, a expliqué :
« Nous avons déjà fait partie 4 fois du Conseil de Sécurité et 8 fois du Conseil Economique et Social. Pour la période 2017 — 2018, nous sommes membres de ce dernier. De même, nous avons été membres du Conseil des Droits de l’Homme et nous avons dirigé plusieurs commissions et comités onusiens importants. La Roumanie y est un joueur. Certes, elle n’est pas un grand joueur, elle est plutôt un acteur de taille moyenne. Et j’ose dire que, par sa force, son habilité et son intelligence, par ses idées et par ses projets, la diplomatie roumaine a souvent réussi, ces dernières années, à dépasser le statut fourni par sa position géographique ou sa force économique et à s’imposer dans l’arène multinationale. Tout cela grâce à l’intervention humaine ».
Les élections pour un mandat au Conseil de Sécurité de l’ONU auront lieu dans le cadre de l’Assemblée Générale de l’organisation, en juin prochain. Conformément à la Charte de l’ONU, afin d’obtenir cette place, un pays doit avoir le soutien de 2 tiers des Etats membres des NU, un soutien exprimé par vote lors de l’Assemblée Générale. A présent, l’organisation compte 193 membres, alors que deux candidats sont en lice pour la place au Conseil de Sécurité du Groupe de l’Europe de l’Est : la Roumanie et l’Estonie. Sur qui Bucarest peut-il compter ? L’ambassadeur Ion Jinga répond :
« Il faut avoir le vote de deux tiers des Etats membres de l’ONU, soit d’au moins 129 pays. Eh bien, pour déterminer 129 pays à voter pour vous, il faut avoir des arguments et de la force de persuasion, car le vote est fondé entre autres sur des engagements réciproques, mais aussi sur ce qu’un candidat est capable de faire, ce qu’il se propose de faire et sur son image. Il faut avoir prouvé par le passé que l’on est capable de tenir ses promesses. Autre détail : le vote est secret. A citer un ambassadeur distingué d’un grand pays, membre permanent du Conseil de Sécurité, devant le bulletin de vote « seul Dieu et moi savons pour qui je vote ». Par conséquent il faut avoir de la force de persuasion, pour que les autres ambassadeurs votent pour vous, au-delà des engagements qui pourraient être conclus d’une manière ou d’une autre. »
A compter du 1e janvier 2019 la Roumanie détient, un semestre durant, la présidence tournante du Conseil de l’UE. Dans quelle mesure cela peut influencer la candidature de Bucarest pour une place de membre non permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU ? L’ambassadeur Ion Jinga explique :
« Je crois que la présidence roumaine du Conseil de l’UE peut avoir un rôle positif dans la campagne pour le Conseil de Sécurité des NU. Ce sera une présidence à succès, sans aucun doute. Le chef de l’Etat roumain, Klaus Iohannis, a mentionné en 2017 et en 2018 la candidature de la Roumanie dans son discours devant le plénum général de l’ONU. C’est un message de soutien politique adressé depuis le plus haut niveau et qui légitime tous nos efforts déposés en ce sens. De même, le ministre des AE, M Melescanu, a eu au mois de septembre une quarantaine de réunions bilatérales portant justement sur la promotion de cette candidature. Et puis, nous tentons de valoriser une certaine tradition, dans plusieurs domaines. Par exemple, la Roumanie est actuellement présidente de la Commission pour le renforcement de la paix. C’est pour la première fois que notre pays est membre et président de cette commission, en fait. En tant que chef de cette commission, je me suis déplacé deux fois en Afrique, aux côtés d’une équipe de l’ONU, et nous y avons visité 6 pays. Lors d’une réunion commune avec le Conseil Economique et Social, nous avons également réussi à introduire à l’agenda de la Commission pour le renforcement de la paix un débat sur les implications des sphères climatiques dans les risques sécuritaires. C’est un sujet qui n’a jamais été débattu jusqu’ici, mais qui relève d’une importance majeure, vitale même, pour certains pays ».
A la fin de son interview, l’ambassadeur de la Roumanie à l’ONU, Ion Jinga, a encore précisé : « Je ne voudrais pas être plus optimiste que de mise, parce qu’une candidature peut être gagnée ou perdue. L’important, c’est de bien faire son travail, de croire en ce que l’on fait et d’être persuadé que ses démarches sont au bénéfice de son pays. Si l’on gagne, ce sera au bénéfice de la Roumanie, car sa présence une nouvelle fois au sein du Conseil de Sécurité de l’ONU portera ses fruits sur le long terme et ses échos se feront entendre d’ici 10 ans », a conclu Ion Jinga.
(Trad. VB)