Bilan de la COP 27
La Conférence des Nations-Unies sur le climat, accueillie cette année à
Charm El-Cheikh, en Égypte, n’a vraiment pas eu de chance. Eclipsée par une
actualité brûlante, marquée par une multitude de crises, dont les plus
pressantes s’avèrent être la crise de l’énergie et celle de l’alimentation, la
lutte contre le réchauffement climatique semble avoir été jetée aux oubliettes.
Il aurait pourtant fallu s’assurer à l’occasion de la mise en application
entière et sans tarder de l’Accord de Paris sur le climat, celui-là même qui
avait semblé un moment pouvoir garantir la limitation de la hausse des
températures à 1,5°.
Corina Cristea, 02.12.2022, 12:55
La Conférence des Nations-Unies sur le climat, accueillie cette année à
Charm El-Cheikh, en Égypte, n’a vraiment pas eu de chance. Eclipsée par une
actualité brûlante, marquée par une multitude de crises, dont les plus
pressantes s’avèrent être la crise de l’énergie et celle de l’alimentation, la
lutte contre le réchauffement climatique semble avoir été jetée aux oubliettes.
Il aurait pourtant fallu s’assurer à l’occasion de la mise en application
entière et sans tarder de l’Accord de Paris sur le climat, celui-là même qui
avait semblé un moment pouvoir garantir la limitation de la hausse des
températures à 1,5°.
Objectif essentiel à en croire les spécialistes, qui n’arrêtent
pas d’avertir qu’aller au-delà de ce seuil équivaudrait à laisser le changement
climatique échapper à tout contrôle. Pourtant, pas moins de 200 pays se sont
fait représenter dans la belle ville balnéaire située au bord de la mer Rouge,
après une année marquée par des inondations dévastatrices, des vagues de
chaleur sans précédent, des incendies de forêts, et des tempêtes d’une violence
inhabituelle. Une année marquée aussi par le retour en force du charbon, guerre
en Ukraine oblige, alors que le Groupe intergouvernemental d’experts sur
l’évolution du climat (GIEC) plaidait pour une réduction de 45% des gaz à effet
de serre avant 2030, et cela juste pour pouvoir se ranger sur les objectifs assumés
dans le cadre de l’Accord de Paris. Quoi qu’il en soit, une chose
est sûre : L’été 2022 a été l’été le plus chaud jamais enregistré en Europe. Plus de 15.000 décès
imputés à la canicule ont ainsi été enregistrés sur le continent européen. « Les
changements climatiques tuent déjà, mais agir aujourd’hui c’est prévenir les
hécatombes de demain », préviennent les experts de l’OMS, qui imputent aux
effets de la canicule pas moins de 148.000 décès survenus ces 50 dernières années
en Europe.
Selon un rapport de l’ONU, le continent
européen serait le plus touché par la hausse des températures, soit deux fois
plus que la moyenne globale durant ces 30 dernières années. Roxana Bojariu, expert
climatologue, explique sur nos ondes les raisons de cette situation : « En effet, les gaz à
effet de serre se déplacent dans l’atmosphère. Et l’Europe en est touchée
davantage à cause de toute une série de facteurs de nature locale. L’agriculture
européenne sera dès lors gravement impactée, surtout dans le sud de l’Europe, à
cause d’une réduction significative des quantités d’eau disponibles. Les pays
du bassin méditerranéen en souffriront davantage. On a pu déjà le constater
cette année. La hausse des températures accélère le phénomène d’évaporation de
l’eau du sol. A cela s’ajoute la baisse des précipitations durant l’été. Ces
deux phénomènes réunis feront qu’à l’horizon 2050 des terrains agricoles situés
dans certaines régions d’Espagne, d’Italie, voire de France, deviendront
inutilisables. La Roumanie n’est pas épargnée, loin s’en faut, même si les
effets à atteindre ne semblent pas avoir la même ampleur ».
Le
nord de l’Europe n’est pas non plus épargné, la fonte des neiges et de la glace
des régions arctiques générant un effet boule de neige. Roxana Bojariu constate même
que ce sont ces régions, qui chauffent trois fois plus rapidement que le reste du
monde, qui tirent la moyenne européenne vers le haut. A l’occasion de la COP27, António
Guterres, secrétaire-général de l’ONU, n’avait d’ailleurs pas hésité à affirmer :
« L’humanité a le choix : coopérer ou périr. Il s’agit soit d’un
pacte de solidarité climatique, soit d’un pacte de suicide collectif ». Et ce n’est
pas le leader de la Maison Blanche qui l’aurait contredit. Joe Biden avait en
effet appelé « tous les pays à faire plus » pour réduire leurs
émissions de gaz à effet de serre. « La crise climatique concerne la
sécurité des êtres humains, la sécurité économique, la sécurité nationale et la
vie même de la planète », avait ensuite poursuivi le leader américain,
avant de mettre en avant les efforts que les Etats-Unis avaient par ailleurs
consenti.
A l’occasion de
son discours, le président roumain Klaus Iohannis avait
tiré la sonnette d’alarme sur les effets globaux que la guerre en Ukraine ne
manque pas de produire. Et de plaider pour que l’insécurité énergétique, la
crise alimentaire, ou encore l’instabilité économique ne nous fassent pas
oublier les dangers engendrés par le changement climatique. Klaus Iohannis : « La Roumanie appuie
pleinement le leadership que l’Europe avait endossé pour tenter de limiter les
changements climatiques, tout comme notre engagement commun de réduire les
émissions nettes des gaz à effet de serre. Il nous faut assurer une transition
climatique réfléchie, bénéfique, basée sur un investissement conséquent en
matière de recherche et développement, d’innovation, basée sur le développement
des énergies vertes, et sur la création de nouveaux emplois ».
Le
président roumain n’avait pas manqué de souligner par ailleurs l’engagement
résolu des jeunes roumains
dans cette bataille du climat, ce qui représente une source d’inspiration pour
nous tous, selon ses mots.
(Trad. Ionut Jugureanu)