Attaques cybernétiques en Roumanie
Corina Cristea, 24.07.2015, 13:33
Si bien que leur nombre a augmenté de 80% par rapport à 2013. Une guerre invisible, qui est pourtant très dangereuse, mettent en garde les spécialistes. Institutions publiques roumaines, compagnies publiques ou privées, banques, même le site du Patriarcat roumain – tous sont devenus cibles des attaques des pirates informatiques, affirme Augustin Jianu, directeur du Centre National de Réponse aux Incidents de Sécurité Cybernétique.
Cest une structure indépendante dexpertise, recherche et développement dans le domaine de la protection des infrastructures cybernétiques. Malgré les mesures prises pour contrecarrer ces attaques, le pays reste très vulnérable. Un simple email envoyé ou un message posté sur un réseau social offre des informations personnelles que les hackers peuvent utiliser. Augustin Jianu explique :«Au moment où un ordinateur ou plusieurs dispositifs dun réseau sont infectés, sont compromis, ils deviennent partie de réseaux du type hot net (et autres) et sont utilisés par les pirates informatiques pour lancer des attaques sur dautres structures, sans que les possesseurs de ces dispositifs ou ordinateurs le sachent. Voici un exemple très amusant : il est possible quun frigo intelligent branché au réseau du foyer envoie des centaines de milliers de spams par jour, et que son propriétaire ignore complètement cet aspect.»
Selon un rapport officiel du Centre National de Réponse aux Incidents de Sécurité Cybernétique, en 2014, plus de la moitié des alertes reçues ont visé des systèmes informatiques configurés de manière inadéquate, sans logiciels de sécurité ou vulnérables. De même, environ un quart des adresses IP uniques accordées en Roumanie ont été visées par au moins une alerte de sécurité cybernétique, un taux de 16% plus élevé quen 2013.
Presque tous les domaines de la vie économique et sociale, ainsi que le domaine de ladministration, ont subi des attaques, souligne le président du Centre dEtudes pour la Sécurité, la Gestion des Crises et la Prévention des Conflits de Bucarest, Alexandru Groşeanu: « En 2013, on a enregistré environ 44 millions dattaques, alors quen 2014 il y en a eu plus de 78 millions. Une sécurité régionale en déséquilibre et la confrontation avec notre grand voisin de lEst – voici deux causes qui, à notre avis, on engendré cette croissance des risques et des attaques cybernétiques. La plupart des attaques sont rejetées, elles sont gérées très correctement. Certes, elles visent le domaine de ladministration, mais aussi les opérateurs économiques, notamment leurs bases de données. Néanmoins, les institutions responsables de la sécurité cybernétique font très bien leur travail, de sorte quil ny a pas eu dincidents majeurs. »
Alexandru Groşeanu rappelle que la Roumanie a assumé la cyber -protection de lUkraine et estime que Bucarest est à même de devenir fournisseur de sécurité cybernétique dans la région. Chose dautant plus importante que le contexte géopolitique actuel indique une hausse des cyber-attaques. Alexandru Groşeanu : « Si lon considère le nombre dadresses IP, cest à dire de sites actifs, termes par lesquels on définit lespace cybernétique, on peut affirmer quil va croissant. Cest vrai que dans les années 2013 et 2014, ce nombre a baissé, mais le contenu de lespace cybernétique, cest-à-dire les bases de données, elles, ne cessent daugmenter. De ce point de vue, donc, on assiste à lélargissement de cet espace, dun jour à lautre, mais les cyber-attaques sintensifient elles aussi. Dans le contexte géopolitique et géostratégique actuel, je nentrevois pas la possibilité de trouver un équilibre de sécurité, à très court terme, disons dans les six ou douze mois à venir. »
Les chiffres sont inquiétants, car on dénombre actuellement plus de 390 mille attaques informatiques par jour, contre 30 mille cyber-attaques quotidiennes ces dernières années. De lavis des spécialistes, la protection devrait commencer par lordinateur personnel ou dautres équipements qui utilisent Internet et quil faut protéger à laide de programmes antivirus, anti-hameçonnage et contre les logiciels espions. Les téléphones intelligents, comme dailleurs tous les dispositifs branchés à Internet dont dispose une famille, doivent être protégés dans lespace cybernétique.
Le nombre des terminaux connectés à Internet varie de 10 à 55 par foyer et plus de la moitié sont faiblement ou pas du tout protégés – explique Florin Talpeş, fondateur et directeur général de BitDefender, société roumaine à 100%, mondialement reconnue dans le domaine des logiciels antivirus. Cest pour pallier ce manque que BitDefender a lancé BitDefender Box, un produit destiné aux familles. Lentreprise roumaine sattend à un nombre de demandes significatif provenant surtout des Etats-Unis, dAllemagne et du Japon, soit les marchés les plus développés du secteur.
Florin Talpeş : « Tout dispositif connecté à Internet – soit-il un ordinateur, un téléphone intelligent ou une console de jeux vidéo – risque de subir des attaques cybernétiques, qui peuvent savérer fort nuisibles. Quelquun qui sest emparé virtuellement de votre téléviseur peut surveiller votre activité. Il est également possible que des informations de comptes bancaires stockées sur votre ordinateur soient volées. »
De nouveaux types dattaques informatiques apparaissent chaque jour dans le monde, précise encore Florin Talpeş.
(trad. Valentina Beleavschi, Mariana Tudose)