Anniversaires et défis
Pour les Roumains, le 9 mai a une triple signification. Il marque le Jour de la victoire contre l’Allemagne nazie, la fête de l’Indépendance et la Journée de l’Europe — célébrée aux côtés des 27 autres Etats de l’Union européenne, que la Roumanie a intégrée en 2007.
Corina Cristea, 16.05.2014, 13:48
Pour les Roumains, le 9 mai a une triple signification. Il marque le Jour de la victoire contre l’Allemagne nazie, la fête de l’Indépendance et la Journée de l’Europe — célébrée aux côtés des 27 autres Etats de l’Union européenne, que la Roumanie a intégrée en 2007.
De l’avis du président roumain, Traian Băsescu, l’UE doit transmettre, avant tout, un message d’unité, dans le contexte où l’équilibre entre la défense des intérêts nationaux et la conservation de la légitimité internationale de l’Union est menacée.
Traian Băsescu : « Nous avons besoin d’unité et de solidarité, dans l’intérêt de l’UE, aussi bien pour contrecarrer l’offensive des partis populistes et extrémistes, que pour défendre nos intérêts face aux agressions extérieures, non moins importantes, venant de l’Est. »
Dans son allocution prononcée à l’occasion de la Journée de l’Europe, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, rappelait que la dernière décennie d’intégration européenne avait été marquée non seulement par des réalisations historiques, à commencer par l’élargissement de l’UE entamé en 2004, pour inclure les pays centre et est-européens, ainsi que d’autres pays du bassin méditerranéen, mais aussi par des crises sans précédent. Il a mentionné, tout d’abord, celle liée à l’impossibilité de ratifier le nouveau traité européen. Déclenchée en 2005, cette crise allait être dépassée en 2009, avec l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne. En 2008, la crise financière frappait l’Union de plein fouet, doublée d’une crise des dettes souveraines et d’une crise sociale qui ont amplifié son effet — a ajouté José Manuel Barroso.
Se rapportant à l’avenir communautaire, le président de la Commission européenne a souligné le caractère actuel des principes énoncés en 1950, quand furent jetés les fondements de l’Union Européenne. « Il faut dresser des ponts entre le présent et l’avenir, tout en préservant nos valeurs communes. Une communauté qui est née du désir des gens de construire une Europe pacifique, libre et unie. Le processus d’intégration européenne est dynamique ; il a surmonté beaucoup de crises ces dernières dizaines d’années, suivant le principe des progrès réalisés pas à pas, car, comme disait Robert Schuman, lEurope ne se fait pas dun seul coup, ni dans une construction densemble: elle se fait par des réalisations concrètes créant dabord une solidarité de fait. On est arrivé à un point où l’UE ne peut plus progresser par un consensus implicite, par des méthodes technocrates, bureaucratiques ou même diplomatiques. On a besoin de méthodes démocratiques afin de construire un espace européen pour les citoyens».
Par ailleurs, José Manuel Barroso s’est prononcé pour un débat réel sur l’avenir de l’Union, car, selon lui, on assiste à une friction entre nord et sud, entre riches et pauvres, entre pays débiteurs et pays créanciers, entre centre et périphérie. L’officiel européen a aussi évoqué les nouveaux défis, suite aux événements en Ukraine. Selon lui, « il s’agit là probablement du plus grand défi posé à la sécurité et à la paix de l’Europe depuis la chute du rideau de fer et du Mur de Berlin. »
L’annexion de la Crimée par la Russie et la situation de plus en plus tendue dans l’Est de l’Ukraine dominent l’agenda de politique étrangère. Les développements dans la région, de plus en plus inquiétants, font état d’une rupture de plus en plus profonde entre Moscou et l’Occident, les sanctions contre la Russie n’ayant pas l’effet escompté.
Catalin Harnagea, ex-directeur du Service roumain de renseignements extérieurs : « Les visites officielles sont de plus de plus nombreuses dans les pays du flanc disons « oriental » de l’OTAN, dans des pays tels la Pologne et la Roumanie. Il s’agit de personnes, de responsables, d’organisations qui ont un certain contrôle et un certain pouvoir militaire. Il y a un va-et-vient pas exclusivement diplomatique, mais un va-et-vient qui témoigne de l’intérêt et notamment de la décision que Washington a prise face à cette menace. Il s’agit certainement d’une menace de la part de la Russie, d’une situation à laquelle Washington ne s’attendait pas après 1990. Les Etats-Unis étaient de toute façon occupés avec d’autres conflits, d’autres guerres, d’autres intérêts. Face à ce fait accompli, Washington réagira et on voit tous que les Américains l’ont déjà fait. En dans ce cas et en ce moment, la Roumanie bénéficie d’une position privilégiée, qu’elle doit exploiter puisqu’aux côtés de la Pologne elle peut former, dessiner un alignement militaire face à un potentiel conflit ou face à tout danger provenant de l’Est. »
La République de Moldova, un acteur clé dans cette partie du continent, signera un accord d’association à l’Union européenne le 27 juin. C’est ce qu’a annoncé à Chisinau le président de l’UE, Herman van Rompuy, alors que les événements en Ukraine semblent avoir également joué un rôle important dans le rapprochement accéléré entre Chisinau et Bruxelles…( trad. : Dominique, Alexandra Pop, Alex Diaconescu)